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Né dans la foulée des événements de Yirgou, le collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a animé une conférence de presse le 08 janvier 2019 pour appeler l’Etat à faire la lumière et à rendre justice sur les événements de Yirgou. Des marches de protestation sont prévues à cet effet le 12 janvier dans les villes de Ouagadougou et de Dori.
Même revu à la hausse, le bilan officiel qui fait état de 46 morts, ne tiendrait pas compte de la réalité des faits. « Certaines sources font état de plus d’une centaine morts » annonce Daouda Diallo, le porte-parole du CISC. Il décrit des massacres indiscriminés perpétrés par des Koglwéogo sur la communauté peulh au prétexte que celle-ci abriterait des terroristes en son sein. Égorgés ou tués à bout portant, certains corps seraient jetés dans des trous creusés par des orpailleurs artisanaux. Le CISC déplore par ailleurs le laxisme du gouvernement : « Comment expliquer que personne ne soit mis aux arrêts, pire que des individus soient armés même en présence du chef de l’Etat ? » s’exclame Ambroise Farama, avocat des victimes. « Avec la fermeture d’écoles, les assassinats à répétions, la région du Sahel dont une partie est sous la coupe réglée des terroristes et dont l’économie en est littéralement sinistrée forçant les populations à l’exil, paie le plus lourd tribut. A cela, il faut ajouter les stigmatisations dont les Peuls font l’objet. Les Peulh sont triplement victimes » regrette Daouda Diallo, le porte-parole du CISC qui observe que la radicalisation s’observe pourtant dans toutes les communautés nationales.
Mauvaise gestion
L’association dénonce par ailleurs une gestion approximative de la crise par les autorités. « Comment expliquer que pendant ces événements tragiques, le ministre de la Défense était à une réunion politique. De plus, ni ce dernier ni le ministre de la Sécurité n’ont fait le déplacement sur les lieux. Quant aux forces de Défense et de sécurité, elles sont arrivées de façon tardive sur les lieux » déplore le CISC.
« Plus jamais ça »
Regroupant une trentaine d’associations, le CISC estime à 200, le nombre de personnes tuées du fait de leur appartenance ethnique de 2004 à 2015 sur l’étendue du territoire. Ces crimes, analysent-ils, sont nourris par l’impunité dont bénéficient les auteurs puisqu’aucune action n’a jamais été menée à son terme. « Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, tous les régimes ont échoué dans leur gestion des questions communautaires sauf celui de Lamizana » relate Hassane Barry de l’association Fina Tawa, membre du CISC. Pour cela, le CISC exhorte le gouvernement à combattre la stigmatisation et travailler à mettre fin à ces crimes pour éviter tout embrasement, à la prise en charge des survivants de Yirgou ainsi que des 1300 déplacés.
Soumana LOURA