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MAXIME LOMBOZA KONE, député MPP : « 2020, sauf séisme, sera le mandat de la consécration »

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Maxime Lomboza Koné est né le 3 janvier 1975 à Bobo- Dioulasso. Juriste de formation, « l’homme au chapeau » comme l’appellent les intimes, après son DEUG II en droit de l’Université de Ouagadougou, obtient à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, une maîtrise en droit public option Relations internationales. Puis un DEA en droit de l’Intégration, à l’Ecole doctorale régionale africaine (EDRA) de Dakar. Il est également détenteur d’un diplôme d’études diplomatiques supérieures du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris. Maxime Koné est rentré au pays où il a enseigné à l’ENAM à la section diplomatie. Il sera nommé directeur de la formation professionnelle au ministère de la Fonction publique, ensuite, chargé de la gouvernance locale au Secrétariat permanent de la politique nationale de bonne gouvernance. Président- fondateur de l’Union nationale des étudiants du Faso (UNEF) en 1997 au campus de Zogona, conseiller municipal de son village natal de Keména puis du secteur 5 de Nouna, Maxime Koné va au Conseil régional comme président de la commission environnement et développement local. Et, au décès du président Tibiri Ouétien, il prend la tête de ladite collectivité régionale. De là, ses pairs le désignent président de l’Association des régions du Burkina (ARBF). Du poste de directeur régional du Centre des œuvres universitaires de Dédougou, il est élu député pour le compte du MPP dans la province de la Kossi. C’est cet homme que nous avons rencontré, qui a bien voulu répondre à nos questions.

 

« Le Pays » : Le 21 janvier dernier, le MPP était à Nouna pour, notamment rendre compte du bilan à mi-parcours de la gestion du pouvoir d’Etat. A l’occasion, les militants ont déploré la non-tenue de plusieurs promesses et engagements. Croyez-vous que les militants ont raison de formuler de telles critiques ?

 

Maxime Lomboza Koné : Disons que notre rencontre à Nouna a fait office de rentrée politique et d’entretien avec une mission de la Direction politique nationale. La santé idéologique de nos militants a été vérifiée et des réflexions ont été menées autour des préoccupations de l’heure comme la restauration de l’autorité de l’Etat, l’incivisme grandissant et le terrorisme. Cet exercice auquel notre parti a sacrifié pour rendre compte au peuple burkinabè et particulièrement à nos militants des villes et campagnes, participe au renforcement dialectique des rapports entre le sommet et la base. C’est également un espace de dialogue que nous ouvrons avec nos militants, pour leur donner l’information juste et fiable sur nos actions et en retour recueillir leurs préoccupations légitimes. Notre parti contrôle toutes les 10 mairies que compte notre province. La maîtrise et la distillation de l’information sont stratégiques en politique. Nous avons pu dérouler les acquis que notre parti a pu engranger durant les deux dernières années d’exercice du président Roch Marc Christian Kaboré. Vous convenez avec nous que beaucoup de choses ont été réalisées au cours de ces deux dernières années dans les domaines sanitaire, éducatif, des infrastructures routières, malgré le contexte difficile d’exercice du pouvoir d’Etat depuis l’avènement du MPP au pouvoir ! Nous ne perdons pas de vue que les attentes sont nombreuses et que les années à venir seront décisives. Il nous reste pratiquement trois (3) ans et le meilleur reste à venir pour un jugement définitif de cinq ans.

 

La population burkinabè, de façon générale, constate que la situation économique du pays ne s’améliore pas. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

 

Il faut dire que le contexte dans lequel le MPP a accédé au pouvoir était très difficile et marqué par deux évènements, notamment les multiples attaques terroristes et l’ébullition constante du front social. Ce sale temps ne permet pas de dérouler à une vitesse élevée, un programme présidentiel qui prend en compte tous les aspects du développement. Malgré ces facteurs limitant, les fondamentaux de l’économie burkinabè sont aujourd’hui au vert, étant donné que nous avons réalisé un taux de croissance de 6.8. Le taux d’inflation est maîtrisé à 0.4 et l’encours de la dette se situe à environ 36%. On peut affirmer, de manière globale, de 2014 où nous étions au creux de la vague après le départ de l’ancien régime, que l’économie de notre pays sort la tête de l’eau. Ce qui reste problématique est que cette embellie économique relative puisse être perceptible dans le panier de la ménagère. C’est le principal combat aujourd’hui. L’économie burkinabè ne doit pas être analysée de façon isolée. Il faut regarder ce qui se passe dans la sous-région et en Afrique en comparaison avec les grandes tendances de l’économie mondiale d’une manière générale. Pour le moment, les signaux d’espoir se dessinent et nous avons bonne foi que le défi sera relevé au grand bonheur de notre peuple. Cependant, il faut des stratégies aussi innovantes que structurelles. Il est illusoire de compter sur un secteur secondaire très limité en potentialités au détriment d’un secteur primaire aux énormes possibilités. L’aide publique au développement, très orientée et à forte charge idéologique, loin de nos besoins endogènes, n’aura aucun impact positif sur notre sous-développement ambiant.

 

En tant que député de la majorité, quel sentiment vous anime quand vous voyez les conditions de vie des populations ?

 

En tant qu’élite politique, notre objectif majeur, c’est de travailler à améliorer, de façon sensible, les conditions de vie de nos populations. Cela passe par la nécessaire création d’une masse critique de richesses, qui doit être redistribuée de manière juste et équitable. Du reste, notre vision politique qui est la social-démocratie, allie l’économie de marché et la prise en compte des secteurs sociaux dans la gouvernance. Au-delà du Burkina, la pauvreté endémique des populations africaines sur des décennies, en dépit de l’existence de ressources naturelles abondantes, est une faillite de la classe dirigeante.

« Aujourd’hui, on n’a pas le droit de tergiverser face aux exigences d’une nouvelle société Burkina post- insurrectionnelle »

 

Il y a un sentiment d’injustice dans le traitement salarial au niveau des agents de la Fonction publique. Quel commentaire faites-vous ?

 

C’est une réalité de nos pays, mais il faut savoir que la réflexion globale a été lancée par le chef de l’Etat lors de son adresse à la Nation en fin d’année 2017, où il a clairement exprimé sa volonté d’ouvrir un débat national sur ce traitement salarial. Un cadre qui permettra aux acteurs de se retrouver .

 

Selon vous, que faut-il faire pour changer cette maldonne ?

 

Dans la concertation permanente et franche, toute divergence peut s’aplanir. Il urge de réunir les différentes composantes autour d’une même table, dans un climat de confiance mutuelle. Aujourd’hui, on n’a pas le droit de tergiverser face aux exigences d’une nouvelle société Burkina post- insurrectionnelle. L’adhésion à tout projet se fait désormais par volonté et non par contrainte ; ce qui induit l’exemplarité et la légitimité des cadres dirigeants. De toute façon, une jeunesse largement consciente, doublée d’une société civile forte et structurée, indiquera la voie à suivre à toute élite politique en déviance. Il est évident que pour réussir la gestion d’un Etat comme le Burkina Faso, il faudra mettre l’accent sur la transparence et la bonne gouvernance. Cela va donner un sentiment d’assurance aux populations qui vont en retour faire confiance aux gouvernants.

On vous dit très proche du défunt Salifou Diallo qui était considéré comme votre père spirituel, voire votre mentor. Vous sentez-vous orphelin depuis son décès?

 

Salifou Diallo fut effectivement notre maître politique. Pendant 17 ans, nous avons côtoyé l’homme. Il demeure une boussole pour notre combat politique de par son charisme et sa bonne expérience politique. Au-delà, c’est un grand-frère à qui nous devons une fière chandelle tout comme les centaines de jeunes qu’il a formés et soutenus. Salifou Diallo n’est pas le tout bon ni le tout mauvais. Très habile et fin stratège politique, son réseau était dense et insaisissable et chacun jouait un rôle précis autour de lui. Nous avons toujours milité sur la base de principes et de valeurs. Le parti est assez organisé pour que le combat que Salifou Diallo a entamé, puisse continuer pour le développement du Burkina Faso. Nous ne pouvons donc pas dire que nous sommes orphelins, d’autant plus que le parti continue à véhiculer les mêmes principes et valeurs. Il a joué le rôle de leader, de meneur. Vous savez que la politique est ainsi faite. Il faut que quelque chose finisse pour que quelque chose de nouveau commence. L’esprit d’équipe, la consolidation des liens internes au niveau du parti et surtout l’esprit rassembleur de Son Excellence le président du Faso, nous font espérer. Le camarade Salifou Diallo n’a jamais aimé les pleurnichards. Son départ doit être un ferment pour continuer son combat. Il sera content, fier de nous là où il est, parce qu’on a pu relever le défi que lui-même n’a pas terminé. Dans l’arène politique, le disciple doit toujours travailler à dépasser le maître.

 

« Nous n’allons pas faire le jeu de nos adversaires politiques dont le vœu est de voir notre implosion »

 

Certains considèrent qu’il y a plusieurs clans au sein du MPP (clan Roch, clan Simon Compaoré et clan Salifou Diallo). Qu’en pensez-vous ?

 

Pour nous, c’est une simple vue de l’esprit. C’est une analyse extra-parti, mais en réalité, nous formons une famille unique et indivisible. La preuve est que le parti continue à survivre malgré la disparition de Salifou Diallo. Le président Roch s’est toujours démarqué de ces guerres ou soi-disant clans. Il a toujours appelé à l’unité du parti. Il n’y a qu’un seul MPP dans lequel des contradictions internes peuvent exister, mais elles ne doivent pas prendre le pas sur la cohésion du parti. C’est ça la camaraderie.

 

Peut-on dire aujourd’hui qu’il y a un parfait amour au sein du MPP ?

 

Nous avons eu l’occasion de sillonner les 45 provinces. Nous nous sommes rendu compte que les militants, malgré tout ce qui a été dit, restent convaincus et gardent leur confiance à notre parti. C’est le plus important, puisque nous avons eu un engagement renouvelé de la part de nos militants. Il n’y a pas de raison qu’on parle de dispersion de forces aujourd’hui. Contrairement, la disparition de Salifou Diallo doit être une occasion pour nous de nous resserrer parce que c’est dans l’union sacrée que nous pouvons ensemble relever les défis futurs. Quand vous avez vécu un évènement de ce genre, l’erreur politique, c’est la division. Nous croyons que nous n’allons pas faire le jeu de nos adversaires politiques dont le vœu est de voir notre implosion. Sur ce registre, depuis la création du parti, on a toujours parié sur notre implosion. Malgré tous ces oiseaux de mauvais augure, les prémonitions des adeptes du catastrophisme, nous avons conquis le pouvoir d’Etat et nous ne pensons pas que c’est dans la gestion du pouvoir que nous allons nous diviser ; bien au contraire, nous devrons nous unir derrière le président Roch pour l’objectif sur lequel le peuple a placé sa confiance en lui.

 

Pensez-vous que votre parti a de fortes chances, au regard du contexte difficile du pays, de garder le pouvoir en 2020 ?

 

Si nous regardons les résultats des élections précédentes, nous voyons nettement que notre parti est largement majoritaire à tous les niveaux. Nous avons la majorité des députés à l’Assemblée nationale ; nous avons aussi la majorité au niveau des collectivités territoriales ; nous avons un contact permanent avec notre base pour qu’elle reste mobilisée pour toutes sortes de combats. Au-delà de tout cela, nous gardons toujours la confiance du peuple, malgré les difficultés qui sont inhérentes aux questions de gouvernance. Sur ce, 2020, sauf séisme, sera le mandat de la consécration pour le parti et le président Roch.

Selon vous, comment se dressent les forces politiques en présence pour ces élections ?

 

Il serait prématuré de se jeter dans les analyses ou dans les conjectures avant 2020. Toujours est-il que notre parti continue à bien s’organiser et à mieux s’implanter dans les campagnes et dans les hameaux de culture de notre pays. Notre parti continuera d’animer la scène politique tout en déroulant le programme politique sur lequel il a accédé au pouvoir. Ce programme politique reste notre boussole. Il n’y a pas, selon nous, d’inquiétudes par rapport aux échéances électorales. Du reste, ce qui est important pour notre parti, c’est de pouvoir, d’une manière fondamentale, améliorer les conditions de vie des populations. Dans l’arène politique, les agitations ne manquent pas comme dans le cyclisme où il y a des échappées, mais le maillot jaune restera toujours la propriété du meilleur.

 

Entre être député et être ministre, lequel préférez-vous ?

 

Quand on est militant convaincu d’un parti, il n’y a pas de préférence. A tous les postes, un militant, un combattant qui aspire à l’intérêt général, doit pouvoir servir. Nous ne faisons pas de fixation pour tel ou tel poste. Le parti regorge d’assez de militants et de cadres compétents capables d’assumer de hautes fonctions. Tout le monde ne peut pas être député, ministre ou directeur général. Il faut avoir le triomphe modeste et servir honnêtement et loyalement là où le parti vous fait appel.

Il se dit que vous guettez un poste ministériel depuis belle lurette ?

 

(Rires) Ah bon ? Qui vous a dit ça ? Ecoutez, mon cher ! Je suis pour la théorie théocratique du pouvoir, c’est-à-dire que le pouvoir vient de Dieu. Nous nous soumettons entièrement à Sa volonté. Il est aussi important de souligner que le chef de l’Etat connaît parfaitement tous les cadres du parti et sait où chacun est utile. En attendant, nous voulons donner le meilleur de nous-mêmes là où nous sommes.

 

Vous assumez actuellement, en remplacement de Jacob Ouédraogo, la présidence de la Commission des affaires générales et institutionnelles des droits humains au sein de l’Assemblée nationale, version Alassane Bala Sakandé. Comment vous sentez-vous ?

 

Nous avons accueilli cette responsabilité avec humilité et reconnaissance. C’est une marque de confiance et également une invite au travail et à l’abnégation. C’est une commission stratégique. Cette commission reçoit 40% des lois, lors des sessions. Elle est une compétence de droit commun. Ce qui ne relève pas des autres commissions, relève de notre commission. C’est avec esprit de collégialité et par la contribution positive de tous que nous allons relever le défi. Par ailleurs, nous sommes déterminés à accompagner l’actuel président, Alassane Bala Sakandé dont nous saluons ici l’ouverture et le dynamisme, pour construire une Assemblée nationale crédible et ouverte aux populations.

 

La Kossi est en proie à de multiples attaques terroristes comme certaines autres parties du pays. Comment analysez-vous le phénomène dans la région ?

 

Il faut dire que nous avons déjà enregistré cinq (5) attaques dans la région (Djibasso, Barani, Doumbala, Toéni…). Cela nous inspire qu’aucun espace de notre territoire n’est à l’abri de la furie des forces obscurantistes. A partir du moment où ils sont coincées au Sahel avec le redéploiement de troupes militaires et des stratégies de lutte amorcées, ces semeurs de troubles sont contraints de venir là où la frontière reste fragile. Nous avons maintes fois eu l’occasion de donner notre vision par rapport à ces questions de terrorisme au Burkina Faso, dans un document intitulé « Montée du terrorisme au Burkina : rétrospective pour une guerre d’usure en perspective ». C’est un phénomène avec lequel nous devons apprendre à vivre parce que quand il s’installe, il faut s’attendre à une lutte ingrate de longue haleine dont les résultats ne sont jamais spectaculaires. Particulièrement, ce qui relève de notre zone, nous devons avoir le sens de l’anticipation parce que ces attaques me semblent être des tests. Si notre réactivité n’est pas conséquente, nous risquons de nous installer dans une situation difficile comme au Nord. Mais si déjà nous déroulons un certain nombre de stratégies, nous sommes sûrs de contenir le phénomène avant qu’il ne s’installe de manière durable.

 

On dit que vous êtes spécialiste des questions terroristes. Pouvez-vous nous situer dans quelles circonstances vous avez acquis cette expertise ?

 

Nous nous sommes très tôt intéressé aux questions sécuritaires à travers nos études. D’abord, mon mémoire de maîtrise a porté sur l’intervention de l’ECOMOG dans les conflits armés ouest-africains et mon DEA a porté sur les organisations régionales et règlement des conflits : le cas de la CEDEAO. Notre passage au Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris et au Koffi International Peacekeeping Training Center (KAIPTC) nous a permis d’avoir les outils et rudiments nécessaires pour pouvoir porter une réflexion approfondie sur les phénomènes de terrorisme, de polémologie et irenologie, et de manière globale sur ces phénomènes asymétriques. Nous rappelons que nous sommes en même temps le délégué officiel du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris au Burkina Faso. A ce titre, nous organisons des réflexions de haut niveau sur ces sujets.

En tant que député de la région, qu’est-ce que vous et vos camarades pouvez apporter comme solutions dans la lutte contre le terrorisme ?

 

La lutte contre le terrorisme doit engager la Nation tout entière dans ses différents compartiments. Toutes les couches sociopolitiques et professionnelles doivent y participer. Il n’est un secret pour personne qu’un élément essentiel de la lutte contre ce phénomène, est la participation des populations en termes de renseignements. Il s’agira, pour nous, de voir dans quelle mesure nous pouvons travailler à ce que les populations puissent adhérer d’une manière sincère et complète aux initiatives de l’Etat, pour donner des informations nécessaires de sorte que des luttes efficaces puissent être montées. En ce sens, nous réfléchissons à l’organisation, dans la zone, d’un atelier sur l’apport des populations dans la lutte contre le terrorisme. Ça va être un espace de débats fructueux où nous allons impliquer fortement les collectivités locales de part et d’autre de la frontière pour voir dans quelle mesure on peut faire une meilleure collaboration, notamment dans le domaine du renseignement pour aider nos Forces de défense et de sécurité.

 

Selon vous, qu’est-ce qui peut expliquer cette déflagration sous-régionale, voire mondiale du terrorisme ?

 

Juste quelques repères. Au plan régional, la mort de Kadhafi a été un terreau fertile pour l’expansion du terrorisme qui a conditionné le fractionnement des communautés qui se sont armées pour protéger leurs intérêts. C’est ainsi que plusieurs groupuscules qui s’apparentent plutôt à des réseaux mafieux et criminels, écument la sous-région. La fragilité de nos Etats, la marginalisation, le chômage des jeunes, la pauvreté, l’ignorance, le déficit de gouvernance, la recherche de zones d’influence géostratégiques des grandes puissances, sont les ferments favorables au terrorisme. Les expéditions militaires en Irak et en Syrie et le jeu trouble de certaines grandes puissances, peuvent constituer des facteurs négatifs. Le manque criard de développement accentue le phénomène car le développement est l’autre nom de la paix.

 

« On ne peut pas, de manière péremptoire, affirmer que la gouvernance s’est détériorée sous l’ère du MPP »

 

Que pensez-vous du remaniement gouvernemental opéré par Paul Kaba Thiéba ?

 

Un gouvernement est toujours diversement apprécié. Toutes mes félicitations et vœux de succès à Son Excellence Paul Kaba Thiéba et aux camarades appelés à ce niveau de l’Etat. Ce gouvernement est le nôtre, même si des axes d’améliorations restent toujours possibles. Par conséquent, il bénéficiera de notre soutien total.

 

Peut-il répondre aux aspirations légitimes du peuple burkinabè ?

 

Il faut reconnaître que le contexte politique est particulièrement difficile dans notre pays. De ce point de vue, la tâche s’avère ardue mais elle est à la portée de ce gouvernement.

 

Certains militants du MPP s’attendaient à un gouvernement plus politique. Quelle lecture faites-vous ?

 

Un gouvernement est un dosage de politiques et de technocrates. Selon que l’on est en période de diastole ou de systole politique, l’aiguille bascule en faveur des technocrates ou des politiques.

Tahirou Barry ironisait en disant que le PNDES avait au départ les mensurations d’un éléphant alors qu’il n’a présenté que celles d’une tortue. Etes-vous de cet avis ?

 

Le PNDES demeure le meilleur référentiel de développement pour nous. Il baigne ses racines pivotantes dans le programme présidentiel autour duquel nous nous sommes battus pour accéder au pouvoir d’Etat. Aujourd’hui, nous sommes à sa mise en œuvre. La mobilisation des fonds se poursuit. Il y a eu des annonces à Paris, mais la réalité est tout autre. Pour le moment, 30% du montant nécessaire a été mobilisé. Il serait prématuré de juger le PNDES en deux ans. Des signes de progrès et de stagnation peuvent être décelés, mais il sera plus judicieux de donner une appréciation à la fin du plan. Le PNDES reste un référentiel qui peut faire l’objet d’une adaptation en fonction des réalités. C’est un schéma théoriquement bien monté, avec des axes stratégiques tangibles. Son problème demeure le financement. Les points d’appui du PNDES sont la sécurité et la stabilité politiques.

 

Il y a beaucoup de dénonciations de cas de mauvaise gouvernance dans la presse. Est-ce à dire que le mode de gouvernance n’a pas changé avec le pouvoir du MPP ?

 

C’est une posture de nos adversaires politiques sinon, d’une manière fondamentale, nous savons qu’il y a des transformations structurelles qui sont en train de s’opérer dans ce pays. Une nette amélioration de la gouvernance. Le changement tant prôné par tous doit venir de tout un chacun. C’est une aberration que d’exiger le changement de l’autre en ignorant sa propre responsabilité. Ça doit être une dynamique d’ensemble. Chacun doit voir dans quelle mesure il peut revoir sa manière d’agir. Du reste, il y a ces questions de mal gouvernance dans nos Etats, mais le plus important c’est de pouvoir les dénoncer, les sanctionner et traduire les auteurs en Justice. On ne peut pas, de manière péremptoire, affirmer que la gouvernance s’est détériorée sous l’ère du MPP. Le gouvernement est en train de travailler pour une transparence et une gouvernance vertueuse afin que les populations puissent adhérer aux nombreux projets déjà en branle.

 

Après 4 mois de bras de fer, les syndicats de l’éducation et le gouvernement sont parvenus à un accord dans la nuit du 27 au 28 janvier 2018. Quelle lecture faites-vous de cette sortie de crise ?

 

C’est un ouf de soulagement qui fait éloigner de nous le spectre d’une année blanche dont les conséquences seraient incalculables pour notre système éducatif. Fort heureusement, les différents protagonistes ont mis au-devant le sens de l’intérêt général. Ils l’ont montré en acceptant de s’asseoir autour d’une même table pour aplanir leurs divergences. Cet accord est historique et salutaire. Il revient au monde éducatif de se mettre ardemment au travail pour rattraper le temps perdu et projeter une éducation de qualité pour les enfants du pays. Au gouvernement de tenir ses promesses par l’application effective des engagements pris.

 

Votre parti est-il prêt à accueillir les frondeurs de l’UPC qui ont créé le groupe parlementaire UPC-RD ?

 

Tout d’abord, j’ai déploré l’enlisement de cette crise. Notre intention n’est pas d’affaiblir l’opposition pour être fort. L’histoire pourrait le retenir et nous juger. C’est dans la contradiction que nous pouvons construire une démocratie prospère. Beaucoup de partis rencontrent des problèmes internes, mais la bonne manière serait de les étouffer par une communication interne. Nous nous gardons d’enfler la polémique.

 

Propos recueillis par Madi KEBRE (Correspondant)

 

 

 

 

 

 

 

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