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La proposition lancée par des pays sud-américains à la Fifa de faire passer de 32 à 48 le nombre d’équipes en compétition dès 2022 –et non à partir de 2026– pourrait constituer une menace sur la première Coupe du monde à être organisée dans un pays arabe.
Le choix du Qatar, qui remonte à 2010, a déjà été entaché de soupçons de corruption. Il fait toujours l’objet d’enquêtes et continue de susciter des critiques de la part de défenseurs des droits de l’Homme.
« Je pense que la proposition (d’élargir à 48 équipes) représente la plus grande menace simplement parce que le Qatar pourrait être contraint de partager le tournoi avec d’autres pays », explique à l’AFP le professeur Simon Chadwick.
Cela représenterait « une sorte de défaite pour Doha », ajoute ce spécialiste du sport et de la géopolitique à l’Université britannique de Salford.
– Enormes chantiers –
Depuis que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu il y a tout juste un an leurs relations avec le Qatar en l’accusant de « financer le terrorisme », les organisateurs de la Coupe du monde à Doha ont fait preuve de résilience.
Le blocus a interrompu l’arrivée de matériaux de construction en provenance d’Arabie saoudite et des Emirats, mais des produits malaisiens et chinois ont vite pris leur place.
D’ici fin 2018, trois des huit stades prévus pour 2022 seront achevés et la maquette du stade de la finale, celui de Lusail, sera dévoilée avant cette date.
La transformation de la capitale Doha se poursuit à un rythme soutenu. Le réseau de métro, d’un coût de 36 milliards de dollars, devrait être mis en service en 2019.
Le demi-milliard de dollars dépensé chaque semaine par le Qatar pour l’infrastructure a donné naissance à des routes, des hôtels, des quartiers et même des villes.
« Nos projets avancent comme prévu », a assuré Hassan Al-Thawadi, patron du Comité d’organisation, après le début de la crise, excluant « le moindre risque pour la Coupe du monde ».
Riche en gaz, le Qatar a montré qu’il était capable de résister à la pression économique, mais qu’en est-il d’autres pressions?
– Pressions politiques –
Les responsables saoudiens et émiratis cherchent ouvertement à saper la légitimité du Qatar à organiser la Coupe du monde, lui qui « soutient des groupes extrémistes », arguent-ils.
Des études d’organisations relativement obscures, dont la dernière a été produite par une « Foundation for Sports Integrity » jusqu’ici inconnue, ont suggéré de retirer au Qatar la compétition pour cause de « corruption ».
La justice suisse continue d’enquêter sur les condition d’attribution du Mondial-2022.
Sur un autre front, le puissant groupe audiovisuel qatari beIN Media est victime depuis plusieurs mois d’une vaste opération de piratage au Moyen-Orient et le phénomène, connu sous le nom de « beoutQ », semble avoir pris de l’ampleur à l’approche du Mondial-2018 en Russie.
En mai, une Fédération de football de l’Asie du Sud-Ouest a été lancée à Djeddah. Elle compte parmi ses membres l’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, mais pas le Qatar.
« La crise ne concerne pas le football, mais la Coupe du monde semble être devenue un outil dans l’impasse actuelle », affirme Kristian Ulrichsen, chercheur associé à l’Institut Baker de l’Université Rice (Etats-Unis).
« Ce serait un coup énorme pour les Saoudiens et les Emiratis s’ils arrivent à faire quoi que ce soit pour remettre en question le droits du Qatar » comme hôte du Mondial-2022, ajoute-t-il.
– Congrès de la Fifa –
Le Qatar a quelque peu apaisé les critiques sur les abus contre les travailleurs migrants en réformant sa législation du travail.
Sur le nombre de participants en 2022, Doha attend une décision de la Fifa qui examinera « une étude de faisabilité » de la proposition sud-américaine lors de son congrès du 13 juin à Moscou.
Le Qatar insiste sur « l’importance » de pourparlers avant toute décision finale.
Une augmentation de 50% du nombre d’équipes mettrait à rude épreuve la capacité du Qatar à accueillir le tournoi.
Son offre initiale portait sur 12 nouveaux stades mais, aujourd’hui, Doha en construit quatre de moins.
Des questions ont été soulevées sur la façon dont le pays pourrait accueillir jusqu’à 1,5 million de fans en 2022, et ce avant l’ajout éventuel de 16 équipes.
Une solution serait de partager le Mondial avec d’autres pays la région, ce qui pourrait être pour Doha un moyen de sauver la face dans sa dispute avec ses voisins.
Mais lorsque la crise du Golfe a éclaté, les adversaires arabes du Qatar lui ont aussi reproché de se rapprocher de l’Iran. A ce jour, Téhéran est le seul à avoir proposé d’aider le Qatar en 2022.
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