Le 7 mai 2017, les Français ont élu leur Président en la personne de Emmanuel Macron. Si le nouveau président français se déplace de Paris à Ouaga pour faire une communication à l’endroit de la jeunesse africaine, ce n’est certainement pas un voyage de tourisme. Cette visite est le signe d’une bonne santé démocratique du Burkina et un exploit diplomatique dans un contexte de morosité.
A vingt-quatre heures de l’échéance, tous les regards sont braqués sur le petit poucet d’Afrique occidentale qui accueille le président Macron. La visite de Macron fait des vagues, chose normale dans un pays qui à l’âme à gauche. Bienvenue au pays de Thomas Sankara. Le Faso de l’insurrection qui refuse de se remettre au travail faisant du pays, le premier producteur de grèves au monde.
Le jeune ‘’toubabou’’ arpentera les rues de la capitale la plus incivique du monde où les jeunes pilotent des engins à 2 roues sans casques sur une étroite chaussée dans une ville où plusieurs cas d’accidents sont enregistrés au quotidien. A Ouaga la rebelle, les manifestations sociales s’enchainent, depuis l’annonce de la venue de Macron, grèves, sit-in, et marches ont repris du poil de la bête. Tenez, les travailleurs de l’action sociale étaient en sit in du 21 au 24 novembre, les étudiants des universités ont pris le relais le 24 novembre. Le jour même de l’arrivée de Macron, il est prévu une fronde de la société civile. Les Syndicats de l’éducation (CNSE) entrent dans la danse du 27 au 30 novembre et partagent le virus de la ‘’gréviste’’ avec les travailleurs de l’administration territoriale qui débraient du 28 au 30 novembre. Cerise sur le gâteau, la plus veille association d’étudiants appelle à un meeting le 28 novembre, date calée pour le passage de Macron au campus de Ouaga.
N’empêche, une fois à Ouaga la brumeuse, Macron passera un coup de fil à douce moitié Brigitte sur le réseau Orange, sa reluisante Peugeot présidentielle sortie de la CFAO s’approvisionnera en carburant dans une station-service Total, il constatera la perturbation du trafic routier urbain par le chantier de l’échangeur du nord en construction par Satom. Le voyage présidentiel nécessite une logistique qui est assurée par Bolloré. Pour ses achats à Rood wooko, il émettra un chèque BICIA-B, filiale du groupe BNP Paris bas. Bref, « La France sans l’Afrique c’est une mobylette sans essence ».
A l’université de Ouaga, Macron ira la rencontre des étudiants qui pour la plupart sont allés à l’école sans parler le français ; des étudiants qui squattent pour survivre, des étudiants qui manquent cruellement d’amphis, des étudiants qui connaissent l’histoire, la géographie, la culture, l’économie, la politique et le Foot de la France mieux que beaucoup de petits français. Il sera alors embarassé le président Macron par les questions de notre jeunesse bien alerte !
La France n’est pas la seule à avoir un regain d’intérêt pour notre pays, toutes les puissances occidentales, considèrent le Burkina Faso comme un allié stratégique au plan militaire, dans leur programme de lutte contre le terrorisme dans la bande sahelo-sahelienne. Sur le volet économique, la concurrence est rude, les compétiteurs émergents sont canadiens, sud-africains, américains, taiwanais, pays du golfe…
Nous n’en saurions jamais toutes les vraies raisons de la venue de Macron à Ouaga. Macron est plus un homme de Réseaux qu’un garçon des chapelles politiques. La politique française est plus dense en mouta-mouta que la nôtre.