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Il ne paraît certes pas évident à prendre en main, mais c’est un défi de les maîtriser en masse dans de très nombreux territoires africains au regard des gros enjeux liés à la société de l’information actuelle. Tout ne dépend que de notre bonne volonté, de notre décision de passer à l’action et de notre investissement politique là dessus, à mon sens. Quoi de plus frustrant que d’être contraints dans chaque pays d’Afrique d’assister à l’insupportable agenouillement de la main d’oeuvre africaine devant ces hommes, ces femmes, ces ingénieurs hautement qualifiés venus d’autres continents notamment du Nord. Dotés de compétences qui couvrent l’ensemble du cycle de vie des projets dans l’industrie des matières premières, eux qui rivalisent d’ingéniosité afin de mobiliser différents flux de ressources naturelles africaines.
Quatre tonnes de matières brutes rien que pour la construction par exemple d’une voiture flambant neuve de 1300 kilos en transformant en Europe, Asie ou en Amérique le coton issu du Burkina Faso en tissus de sièges de voiture de marque et en ceintures de sécurité. Mais aussi le caoutchouc de la Côte d’Ivoire en pneus, ainsi que la bauxite de la Guinée Conakry pour fabriquer l’aluminium de la carrosserie. Le bois précieux du Gabon et du Cameroun servant entre autres pour la planche de bord des voitures de luxe. Le cuir issu de nos troupeaux d’animaux pour l’accoudoir de la banquette arrière ou parfois pour les sièges des passagers. Le minerai de cuivre en provenance du Congo, du Mali, de la Mauritanie et de l’Afrique du Sud pour les circuits électriques, pour l’allumage. L’étain du Congo, du Rwanda, du Burundi intervenant dans la fabrication des miroirs des rétroviseurs et peut-être aussi des pare-brises. Les minerais de fer du Liberia, de la Sierra Leone, et de la Guinée, mélangés à du carbone pour la fabrication de l’acier des boîtes de vitesses ou des pièces mécaniques des véhicules. Les dérivés du pétrole du Nigeria comme les matières plastiques servant pour la moquette, les moulages intérieurs ou les pare-chocs. Le lithium du Mali, du Congo, du Burundi, du Mozambique et du Zimbabwe pour la fabrication des batteries électriques des prochaines voitures sans gaz d’échappement, sans odeur de carburant. Enfin bref, l’uranium du Niger pour le fonctionnement énergétique 24h sur 24, 7 jours sur 7 des usines de fabrication de véhicules…
Il faut changer le visage de nos pays
Changer le visage de notre pays, enrichir ses populations, ses enfants, passe aussi par la maîtrise à grande échelle des techniques et des étapes fondamentales du processus d’exploitation de gisements de matières premières. En partant par la planification du projet, des études d’avant-projet et en passant par la composition des équipes, par l’élaboration avec autant de soin du budget, des collectes d’informations stratégiques, de la préparation logistique, de caractérisation, d’estimation des ressources, de valorisation, d’exploration, d’extraction, d’exportation, de transformation, et de distribution, etc, etc. jusqu’à la fameuse « diplomatie des matières premières » dans les relations internationales et financières…
En raison probablement de la pression démographique, du progrès technologique et des besoins, d’ici un peu plus de 40 ans, selon l’OCDE notre « monde utilisera probablement deux fois plus de matières premières qu’aujourd’hui. Du sable, des métaux, du charbon, du calcaire, du bois, etc. Au total, notre consommation dévorante de matériaux pourrait monter à 167 milliards de tonnes par an, contre 90 milliards actuellement, soit 45 kilogrammes par jour et par personne« .
Une manne financière à laquelle les acteurs de l’industrie minière ne voudront pour rien au monde renoncer avec son lot de compétitions sans merci, de conflits socio-politiques et de désastres pour l’accaparement des ressources. Cependant tout laisse à croire aujourd’hui que le rapport de force est en faveur de la jeunesse africaine. Cette dernière par ces multiples connaissances acquises en cette ère de l’information, a pris conscience des erreurs commises par nos politiques et hommes d’affaires par le passé et l’on peut espérer que d’autres types d’hommes soucieux de la prospérité, du bien-être et de la sécurité du peuple puissent prendre le relais et faire de notre pays, un lieu où il fait si bon vivre.
Dian Diallo
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