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Après avoir pris l’engagement de restituer le patrimoine africain présents dans les collections nationales françaises, Emmanuel Macron a confié une mission à l’historienne d’art Bénédicte Savoy et à l’universitaire sénégalais Felwine Sarr. L’intellectuel camerounais Achille Mbembe livre ici les pistes de ce qu’il considère comme un devoir de vérité et de justice, y compris matérielle.
Tribune. Le 4 février 1874, Garnet Wolseley, chef du corps expéditionnaire anglais, fit son entrée dans la capitale du royaume ashanti. Prévenu par ses espions, le roi des Ashantis, l’asantehene Kofi Karikari, avait quitté la ville. Wolseley incendia le palais royal après s’être emparé d’un gigantesque butin. Tard dans la nuit et malgré la pluie, l’on pouvait encore, d’après des témoignages, voir de loin une lumière rougeoyante éclairer la ville. Tout le trésor royal fut pillé. Le butin incluait d’énormes masques en or pur, le fameux Golden Stool (le trône en or des rois ashantis) et bien d’autres objets sacrés, dont la plupart se retrouvèrent plus tard au British Museum et dans d’autres collections publiques et privées.
Extermination et effacement symbolique
Le 17 novembre 1892, c’était au tour du général Dodds de saccager le palais royal d’Abomey. Trônes et sceptres royaux, bracelets d’argent et d’étain, tentures en soie brodée, chapelets de cauris, innombrables pièces d’or, armes, portes sacrées, statues anthropomorphes furent emportés. Le travail du métal avait été, des siècles durant, l’une des caractéristiques de la culture fon d’Abomey. Là encore, la plupart de ces œuvres se retrouvèrent dans des collections privées et d’autres institutions muséales d’Occident.
Il n’existe aucun musée occidental digne de ce nom qui ne repose sur un vaste champ d’ossements africains
Ce n’est pas tout. À ce décompte sommaire il faudrait ajouter des milliers de têtes tranchées à coups de hache et exportées d’Afrique, résultat d’innombrables décapitations après d’innombrables expéditions punitives. Rien que pour l’actuelle Namibie, plus de 300 têtes récoltées après l’extermination des Hereros, en 1904, furent envoyées en Allemagne. Des masques mortuaires, dont ceux de grands chefs africains, furent exhibés lors de l’Exposition universelle de 1889.
http://www.jeuneafrique.com/mag/540940/culture/oeuvres-dart-africain%E2%80%89-restitution-et-reparation-sont-indissociables/
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