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Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques parfois revendiquées par divers groupes armés sur une grande partie du territoire. En 04 ans, ces groupes ont pu étendre leurs activités au Nord, à l’Est, au Centre-nord et dans une certaine mesure à l’Ouest et au Sud du pays. Le basculement de l’Etat islamique vers l’Afrique de l’Ouest après sa défaite en Irak et en Syrie dans le but de créer un califat dans cette partie du continent vient compliquer la situation au Burkina Faso. L’engagement des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour contrer le phénomène terroriste connaît aujourd’hui des limites objectives. En dépit des énormes ressources investies, les succès engrangés restent insuffisants pour mettre fin aux attaques. Du reste, ces attaques ciblent de plus en plus les communautés ethniques et religieuses. Conséquences, à ce jour le pays compte plus de 300 000 déplacés internes. C’est énorme et inadmissible ! Cette situation s’explique entre autre par le fait que les FDS rencontrent des difficultés à se déployer en permanence sur l’ensemble du territoire. Aussi, la collaboration entre FDS et populations dans certaines localités ne permet pas de mener des actions efficaces sur le terrain. De jour en jour, le phénomène terroriste gagne du terrain menaçant ainsi l’intégrité du territoire national.
Certaines zones sont sur le point d’être administrées par des groupes armés qui imposent des taxes aux populations. Face à la persistance de la menace et conscientes des difficultés que les FDS rencontrent pour assurer leur sécurité, les populations manifestent de plus en plus leur volonté de disposer d’armes à feu pour défendre leur terroir. Il ne faut guère se leurrer. L’armée à elle seule ne peut vaincre cet ennemi invisible aux funestes desseins. Nul besoin de revenir sur l’inadaptation de la stratégie et des tactiques des FDS face au phénomène terroriste, de l’absence d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme ou encore sur le non respect des textes relatifs aux zones de compétence des forces (armée, gendarmerie et police) sur le territoire. Ces faiblesses sont constatées pendant que les menaces elles, s’amplifient. Il en est ainsi de la forte capacité de recrutement des groupes terroristes dans des environnements présentant des similitudes ethnique, sociale et religieuse au sein des populations locales, de la capacité de dissimulation des terroristes au sein des populations facilitant leur mobilité, des remous politiques et sociaux,…
Le pays ne sombrera pas
Face à une situation qui dégénère de jour en jour et devant l’envahissement progressif du pays, que faudrait-il faire ? La résistance populaire organisée s’avère une impérieuse nécessité. Pour venir à bout du phénomène et stopper toute velléité d’occupation d’une partie du territoire, il faut rapidement travailler à la mobilisation des forces traditionnelles par le volontariat. Cette participation doit comprendre non seulement la recherche du renseignement mais aussi la défense armée des localités que les FDS ne peuvent couvrir en permanence. Chaque volontaire recruté devrait agir en qualité d’auxiliaire pour la défense de son village/secteur. Ces volontaires doivent être régis par un règlement de discipline spécifique émanant de l’état-major de l’armée de terre. Au regard du rôle qu’ils doivent jouer, ces volontaires doivent être sous la tutelle technique du ministère de la Défense. Le chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) ainsi que le commandant de chaque région militaire pourront assurer le commandement opérationnel et tactique.
Les anciens CDR, les pionniers, les FDS retraités, les membres d’associations ou d’initiatives locales de sécurité et tout citoyen burkinabè de bonne moralité désireux de défendre la patrie, peuvent être mobilisés à cet effet. Mais toute initiative devrait obtenir l’approbation des populations et personnes ressources des villages ou secteurs concernés. Il faut éviter qu’il y ait des infiltrations ou des dérives qui vont ternir rapidement l’image de ces auxiliaires des forces de défense. Tout en oeuvrant à la montée en puissance des FDS, le gouvernement devra réfléchir à l’ensemble des mesures à prendre (primes, dotation en matériels, formation, déploiement, prise en charge sanitaire,…) pour que la contribution des volontaires puisse être efficace dans la lutte contre le terrorisme.
Ce travail doit impliquer de nombreuses entités comme l’Agence nationale de renseignement (ANR), les structures spécialisées de renseignement, le ministère de la défense, le ministère de l’administration territoriale,… Toutes les précautions doivent également être prises pour que ces auxiliaires des forces de défense et de sécurité, à recruter sur la base du volontariat et sans tenir compte de l’appartenance politique, ethnique, religieuse, ne deviennent pas des milices s’adonnant à des exactions sur les populations. Il faut donc prévoir un programme de démobilisation en amont. Le Burkina Faso est dans l’œil du cyclone. Mais le pays ne sombrera pas. Ses fils et filles sauront répondre « présents » à l’appel de la patrie.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou
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