Suite à la grève annoncée par l’Union des chauffeurs routiers du Burkina concernant la gestion du fret par l’Etat qu’elle qualifie d’ingérence de la politique, les Ouagalais sont victimes d’une pénurie de carburant depuis le 17 octobre 2020. FasoPiC.net a fait le tour de quelques stations-services afin de constater la réalité.
Il était 7 heures 15 minutes, lorsque nous sommes arrivés à la station OTAM de Zagtouli, du côté Ouest de la capitale. Généralement bondée de clients, c’est totalement le contraire aujourd’hui. En effet, nous avons trouvé une station vide et silencieuse. Le seul pompiste présent ce matin, à travers des gestes infinis de mains demande aux clients de faire demi-tour, car il n’y a même pas une seule goute de fioul dans les pompes. Une situation qui n’est pas sans conséquences selon Richard Batiana , sous gérant de la station OTAM Zagtouli.
« Nous avons épuisé notre stock depuis le mercredi et jusque-là plus rien. Tous les clients qui viennent sont obligés de repartir sans carburant alors que nos vrais clients sont les consommateurs de l’essence, surtout les motocyclistes. La situation est vraiment catastrophique parce que nous n’avons même pas une goutte d’essence dans les pompes. Même ceux qui veulent aller à l’hôpital sont dans des difficultés. Toute à l’heure il y a une ambulance qui s’est éteinte sous nos yeux par manque de carburant », a déploré Richard Batiana.
Après OTAM, notre seconde visite a concerné la station SHELL du même quartier. Là aussi, la situation n’est pas reluisante car les pompes sont vides. Nous avons trouvé seulement deux pompistes en train de causer. Alban Yaméogo, l’un des responsables de ladite station ne cache pas son amertume.
« Depuis le samedi 17 octobre nos pompes sont vides. C’est difficile de voir des clients venir et repartir bredouille. C’est une situation inquiétante à prendre au sérieux parce qu’elle pénalise tout le monde. Nous espérons que d’ici là, la situation va s’améliorer pour le bonheur de tous », a laissé entendre Alban Yaméogo.
Nous avons terminé notre visite à la station SOGEL –B de Zagtouli. Le constat ne nous dira pas le contraire car c’était un vide total. Tous les clients qui viennent repartent désespérés. « Depuis le samedi nous n’avons même plus une seule goute d’essence. Ça nous fait vraiment mal de voir nos clients dans cette situation. C’est une grosse perte pour l’économie du Burkina Faso », a déclaré Bounkongou Kadidjatou, gérante de la station.
La population, la première victime
Emile Ilboudo, habitant de Zagtouli a du mal à se rendre à son service situé au quartier Ouaga2000 .
« Je suis à ma troisième station et je n’ai pas encore eu du carburant. Pourtant mon service se trouve à Ouaga2000 et ce n’est pas sûr que ce que j’ai comme carburant dans le réservoir de ma moto puisse garantir mon déplacement de la journée. La situation est vraiment préoccupante », a-t-il déploré
Tout en déplorant la situation, nos interlocuteurs ont appelé le gouvernement et les grévistes à aller à la table du dialogue afin de trouver une issue heureuse à la crise.
MICHEL CABORE