La campagne électorale du double scrutin législatif et présidentiel a pris en envol le 31 octobre dernier. Depuis lors les candidats multiplient les actions ( grands meetings, porte à porte, conférences publiques) pour convaincre les électeurs. Le Parti pour la Renaissance Nationale (PAREN), se présente comme le seul parti qui a des idées claires et qui a un projet de société original. Dans cet entretien, Abdoul Karim Sango revient sur l’invalidation de la liste nationale du PAREN aux élections législatives, les propositions de lois du PAREN une fois à l’Assemblée Nationale et le soutien de la candidature de Roch Kaboré par le PAREN.
FasoPiC : Nous avons suivi le processus électoral et à la dernière minute la liste nationale du PAREN concernant les législatives a été invalidée. Que s’est-il réellement passé ?
Abdoul Karim Sango : Je pense qu’il n’y a pas de grosse surprise. Lorsqu’un parti est dans une compétition électorale, il y a des règles du jeu à respecter. Soit vous les respecter et la compétition se poursuive, soit que l’on estime qu’elles n’ont pas été respectées et on tire la conséquence. C’est aussi ça l’esprit de la règle de droit, et il faut s’y conformer.
Dans le dossier du PAREN concernant la liste nationale, certaines pièces constitutives de l’ensemble du dossier ont paru ne pas être conformes aux exigences légales du point de vue de la CENI et la structure chargée de la validation des listes. Il s’agit du casier judiciaire du deuxième titulaire de liste qui par erreur a dû laisser glisser dans son dossier, un casier judiciaire en date de 2019, alors que la loi dit que le cassier ne doit pas être vieux de plus de 3 mois, à la date du dépôt du dossier. Donc ce sont des erreurs qui arrivent et je comprends la réaction des gens parce que le PAREN est un vieux parti qui a participé à 4 à 5 processus électoraux. Ce n’est pas la fin du monde. Si on n’est pas candidat aujourd’hui on sera candidat dans 5 ans.
FasoPiC : Est-ce que le PAREN survivra au retrait de son fondateur Laurent Bado ?
Abdoul Karim Sango : Dès qu’on parle d’idées, on ne parle plus d’un individu. Les partis d’idées survivent après leurs fondateurs. Je pense qu’il y a aucun souci à ce niveau. Moi je suis capable de bien porter les idées du PAREN parce que je suis l’héritier valable.
FasoPiC : Malgré l’invalidation de la liste nationale, le PAREN est toujours dans la course. Quelles sont les chances du parti pour ces élections ?
Abdoul Karim Sango : le PAREN a les mêmes chances que tout le monde. Le clientélisme politique fait qu’au Burkina, on pense qu’il y a des grands et des petits partis. La notion de grand parti ici, c’est ceux qui ont beaucoup d’argent. Sinon quand on parle de grand parti au Burkina je suis tenté de dire que c’est le PAREN parce que, c’est le seul parti qui a des idées claires et qui a un projet de société original. Les autres copient ce qui se fait à l’occident. C’est pourquoi on ne se développe pas en Afrique puisque les gens n’ont pas d’idées. Les 80 partis en compétition dans le kadiogo ont quoi comme proposition ? En fait on est dans un système démocratique bancal. Pour qu’il ait de la démocratie, il faut des populations assez éduquées parce que pour choisir, il faut savoir pourquoi on choisit et pour savoir pourquoi on choisit, il faut être informé. Lorsque vous n’avez pas accès à l’information vous ne pouvez rien faire. C’est pourquoi le PAREN propose un autre système démocratique qui tient compte de nos réalités culturelles.
FasoPiC : Pour la présidentielle les candidats proposent leurs projets de société et pour les législatives on parle de propositions de lois en vue, au PAREN est-ce que vous avez des propositions de lois ?
Abdoul Karim Sango : Il n’y a rien de nouveau. Quand on arrivait à l’Assemblée nationale en 2002 nous avions eu 33 lois pendant que les autres avaient 4 lois. Si vous n’avez pas la majorité à l’Assemblée nationale vous pouvez proposer des lois mais la réalité est toute autre. Sinon nous avions proposé 9 lois à l’époque. Il y a des propositions de lois sur la chefferie traditionnelle, le délit d’apparence, le renforcement de la crédibilité de l’Etat, la criminalisation des atteintes portées aux morts, la fréquentation des débits de boissons, le droit de grève, le statut de la fonction publique, le code électoral. En fait, il y a des propositions de lois dans tous les domaines de l’Etat. Nous avons les vraies compétences pour les écrire.
FasoPiC : Concernant la culture, que ferez-vous pour contrer l’envahissement de notre espace public par la culture étrangère ?
Abdoul Karim Sango : Cette question est fondamentale et c’est pour ça que le PAREN dit la culture doit être le socle des politiques. Pour contrer l’envahissement de la culture étrangère, il faut d’abord commencer par enseigner la culture. Il y a des gens qui n’ont même pas la chance de connaitre ce qu’on appelle les valeurs positives africaines, ils ne connaissent que ce qu’ils voient à la télévision puisqu’il n’y a pas un système de transmission véritable.
Il faut consacrer le volume important à la connaissance de notre histoire, dès les six premières années de l’enfant. Il faut aussi intégrer dans l’enseignement un volet qui parle des cultures de notre milieu et un autre volet qui parle de celles des autres pays. L’idée est de constituer au final une nation. Deuxième élément, c’est de consolider la cellule familiale. C’est pourquoi le PAREN est contre le divorce. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas content ou que le mari a ou la femme a trahi l’autre qu’il faut divorcer.
Nous devons penser à l’avenir des enfants. La famille est la cellule qui véhicule les premières valeurs à l’enfant donc, les conjoints ne doivent pas être séparés. Il faut revenir au modèle africain qui dit que le mariage n’est pas l’union de l’homme et la femme, mais l’union de la famille, d’une communauté. Par contre, la société occidentale est individualisée. Il est clair que le PAREN au pouvoir, il y a pleins de programmes de télévisions qui vont disparaitre. Ce que nous voyons dans les télés novelas n’existent même pas dans une société.
Il faut les remplacer par des programmes nationaux, des séries africaines qui parlent de notre histoire. Dans ce monde, personne ne s’est développée dans la pensée d’autrui, ça n’existe pas. Le drame africain, c’est parce que les Africains sont dans la copie, se sont servis des modèles des autres et ce sont des modèles en crise. Aujourd’hui les Européens eux-mêmes se cherchent parce qu’ils sont arrivés à un niveau de déshumanisation qu’ils se demandent où ils vont avec ça. Le COVID-19 par exemple est la conséquence du modèle libéral occidental, alors qu’en Afrique, nous avons un respect sacré pour la nature. Le PAREN ne peut jamais disparaitre parce que ce sont les idées que nous avons qui vont sauver le Burkina.
FasoPiC : Après 5 ans de gestion du pays par Roch Mark Christian Kaboré, certains estiment que la situation sécuritaire du pays est délétère avec son corolaire des déplacés internes, des écoles fermées mais le PAREN soutient le MPP, est-ce un choix éclairé ?
Abdoul Karim Sango : Le PAREN est un parti où il y a des hommes assez intelligents. Concernant l’insécurité, les gens accusent Roch Marc Christian Kaboré, mais personnes ne démontre en quoi Roch est responsable de l’insécurité au Burkina Faso, pour peu qu’on soit honnête. Ce que je peux reprocher à notre gouvernement, c’est de n’avoir pas interpellé et mettre hors d’état de nuire, les individus tapis dans l’ombre et qui manipulent des groupes. Avez-vous déjà vu des djiadhistes assassinés des femmes comme ce qui s’est passé à Arbinda ? Le djiadhisme est une idéologie qui est contre la civilisation occidentale. Ma profonde conviction c’est qu’il y a une bonne partie des gens ici qui ont instrumentalisé cette question, pour susciter une révolte du peuple. Donc c’est un procès malhonnête que l’on fait au président Roch.
Blaise Compaoré n’a jamais voulu qu’il y ait une armée au Burkina parce qu’il avait son Régiment de sécurité présidentielle pour protéger lui, sa famille et tous ceux qui mangeaient avec lui. Il ne faut pas se moquer de l’intelligence des autres. Une armée qui n’a pas été construite en 27 ans, comment voulez-vous qu’elle soit construite en 5 ans ? Si les équipements militaires qui ont été achetés actuellement avaient été le cas sous le règne de Blaise Compaoré, on serait peut-être la première puissance militaire. En 5 ans, ce n’est pas moins de 600 milliards de francs CFA qui ont été utilisés pour acheter des armes. Un homme qui n’a pas d’éthique ni de valeur morale, vous ne pouvez rien sortir de lui.
Les gens disent que quand on parle du régime de Blaise Compaoré, Roch Kaboré, feu Salif Diallo et Simon Compaoré sont comptables. Oui ! C’est vrai. Moi j’étais opposé au régime de Blaise et tant qu’eux aussi étaient toujours là-bas, je les combattrai. Mais dès qu’ils sortent et disent ce que je dis est vrai, ils ne sont plus un problème parce que moi je cherche le changement. Moi par exemple dans mon ministère si j’apprends avec preuve à l’appui qu’un de mes directeurs a pris de l’argent, demain il quitte son poste. Même concernant la campagne, je suis allé garer mon véhicule de service. J’ai dit à tous les fonctionnaires à mon niveau de ne pas me suivre dans les activités de campagne parce que les biens de l’Etat appartiennent à tout le monde et nous devons bien les protéger. C’est ce qu’on appelle la conscience morale.
Parmi les candidats, Roch incarne mieux l’esprit de l’insurrection. Le seul argument que les gens ont c’est la question de l’insécurité. Mais personne ne dit qu’on a construit des écoles, des centres de santé, des lycées scientifiques pour la première fois au Burkina, des routes bitumées, que l’énergie électrique s’est considérablement améliorée. Cela ne veut pas dire que tout est parfait. Seulement, je dis qu’il faut améliorer la gouvernance.
FasoPiC : Quel est la position du PAREN par rapport à la question de la sécurité et de la réconciliation nationale ?
Abdoul Karim Sango : Un vrai Africain bien éduqué ne tue pas son frère. Il y a un problème d’éducation dans la culture. Et en amont, il faut revoir ce volet. En aval, il faut créer un rapport de force qui fait que dès que les terroristes attaquent, qu’ils sachent qu’ils seront neutralisés dans la seconde prêt. Mais pour arriver à ce niveau, il faut du temps. Le manque d’emplois dans le pays est une cause aussi de l’insécurité. En effet, quelqu’un qui a une femme, un enfant et un emploi, n’ira pas à l’aventure. Si nous ne donnons pas de l’emploi aux jeunes, il y aura toujours de l’insécurité, de la révolte.
Sur la réconciliation, il n’y a pas de débat. Il faut d’abord la vérité et la justice avant de parler de réconciliation nationale. Même Dieu qui est gentil pardonne après la confession.
FasoPiC : Quel message avez-vous à l’endroit des électeurs qui iront voter le 22 novembre prochain ?
Abdoul Karim Sango : Il faut faire le choix de la paix, de la stabilité qui passe par le renforcement des institutions démocratiques de la justice, du parlement. Selon mes prévisions et mes analyses, Roch Marc Christian Kaboré gagnera les élections autour de 60 ou 65%. Donc j’invite les électeurs à voter utile.
Propos recueillis par M’pempé Bernard HIEN, Nicolas BAZIE, R. Juliette TOUGRI
Simon Compaoré, président du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), a procédé ce vendredi…
N’étant pas allée loin dans ses études, Mme Kambou/Kambou Sophie a opté pour l’entrepreneuriat. C’est…
Le Maire de la commune urbaine de Diébougou, Alphonse SOMDA s'est rendu le mercredi 22…
La jeunesse du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), réunie au siège national…
Le Collectif ‘’L’appel de Kaya’’ a interpellé le gouvernement sur la situation humanitaire et sécuritaire…
(Ouagadougou, 23 septembre 2021). Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a livré ce…