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Parodie d’élection, instrumentalisation de la justice, la première réaction de Jean-Pierre Bemba en République démocratique du Congo, après son exclusion de la course à la présidentielle n’a pas tardé. La Cour constitutionnelle a confirmé l’inéligibilité de l’ancien vice-président à cause de sa condamnation pour subornation de témoins par la Cour pénale internationale.
Sur France 24, Jean-Pierre Bemba dénonce les obstacles mis en travers de la route des opposants en RDC : « Il est évident que tout juriste sait que cette affaire n’est pas encore terminée. Evidemment qu’on a utilisé et instrumentalisé la justice pour m’écarter une fois de plus. Je ne suis pas le seul candidat à avoir été écarté, de poids d’ailleurs, dans cette élection à venir. Je pense que tout acteur se rend très bien compte que tout cela n’est qu’une mise en place qui veut simplement que le choix du candidat au pouvoir puisse ne pas avoir de candidat sérieux devant lui ».
Après cette décision de la Cour constitutionnelle, le Mouvement de libération du Congo (MLC) et plus globalement toute l’opposition cherchent une stratégie. Le parti de Jean-Pierre Bemba se réunit ce mardi pour décider de la marche à suivre. Les conclusions de cette réunion doivent ensuite être soumises à Jean-Pierre Bemba, toujours à l’étranger, pour approbation.
A Kinshasa, l’arrêt de la Cour n’a pas été une surprise, mais on ne semble pas baisser les bras. On a appris ce matin que lundi la secrétaire générale du parti, Eve Bazaiba, a adressé une lettre à Fabienne Chassagneux, représentante de la CPI en RDC, pour lui demander de mettre un terme « à la confusion autour de la condamnation de Jean-Pierre Bemba pour subornation de témoins ». Pour le MLC, la Cour constitutionnelle a fait une mauvaise interprétation des décisions de la CPI pour l’écarter. Le MLC, va-t-il appeler ses partisans à se mobiliser dans les rues pour sa candidature ou plutôt se concentrer maintenant sur les conditions d’organisation de l’élection à venir, et attendre par exemple le retour de Jean-Pierre Bemba annoncé au pays pour la rentrée parlementaire le 15 septembre ?
Autre question, le MLC fera-t-il cavalier seul ou bien l’opposition se mettra-t-elle d’accord sur une stratégie commune ? D’autres candidats de poids sont écartés de la course, notamment Moïse Katumbi qui n’a pas pu se présenter. Et le 24 août, on se souvient, avant même la publication par la Céni de la liste des candidats recalés, plusieurs leaders de l’opposition s’étaient unis pour mettre en garde la Commission électorale nationale indépendante contre la tentation de céder à des injonctions politiques et menaçaient à l’époque d’appeler à la mobilisation générale du peuple congolais. Ces leaders vont-ils joindre les actes à la parole ensemble ou accepter de se rallier derrière les candidats toujours en lice ? C’est l’une des questions qui se posent aujourd’hui.