Les négociations gouvernement/Syndicats en 2016, ont abouties à la signature d’un protocole d’accord en vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants-chercheurs. Cinq ans après, le protocole d’accord n’est pas respecté et d’autres textes sont adoptés pour remettre en cause tous les acquis. C’est le constat fait par le comité de la Fédération des Syndicats Nationaux des Travailleurs de l’Éducation et de la Recherche (F-SYNTER) de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) et de l’Ecole Normale Supérieure de Koudougou (ENSK), qui s’est entretenu avec la presse, le mercredi 26 mai 2021.
Ce qui fait des mécontents, c’est l’application de l’arrêté conjoint n°2012-108/MESS/MEF du 23 avril 2012, fixant les taux de prise en charge des actes de la vie universitaire. Un arrêté qui impose à chaque enseignant-chercheur la correction de 250 copies statutaires par an. Le comité F-SYNTER de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) et de l’École Normale Supérieure de Koudougou (ENSK), dit constater une double interprétation dans l’application de ce texte.
Le même arrêté connait une double interprétation
Le secrétaire général du comité F-SYNTER de l’ENSK et de l’UNZ Dr Issa Sory, a dénoncé l’adoption de l’arrêté n°2020-189/MESRSI/SG/DGESup/DAQES du 04 juin 2020, intimant qu’au lieu de la correction de 250 copies par an, cela devrait être plus tôt 250 par module. « Un enseignant qui a quatre (04) modules se retrouvera avec 1 000 copies statutaires à corriger pour la seule session normale, sinon 2 000 copies si on tient compte de la session de rattrapage », a expliqué Dr Sory pour qui, l’arrêté qui a été adopté « clandestinement » par le MESRSI contredit d’une manière flagrante celui du 23 avril 2012. Plus loin, il étaye que le même arrêté a encore connu une autre interprétation à l’université Norbert Zongo : « Lorsque le problème a été posé dans notre université, le vice-président chargé des enseignements et des innovations pédagogiques a vite interprété que c’est 250 copies à corriger par semestre, ce qui veut dire 500 copies par an ».
Des pourparlers avec leur ministre de tutelle…
A en croire les conférenciers, ces multiples interprétations démontrent que les auteurs de l’arrêté du 04 juin 2020 ne comprennent pas leur propre texte. A la question de savoir si des pourparlers ont été menés avec les premiers responsables de l’enseignement supérieur, le secrétaire général du comité F-SYNTER de l’ENSK et de l’UNZ, a fait savoir qu’une rencontre a été organisée, le 15 Avril 2021, entre leur ministre de tutelle et la Coordination nationale des enseignants-chercheurs et des chercheurs (CNEC). « Le ministre nous a fait comprendre que les enseignants qui refusent de corriger les copies doivent les déposer. Et conformément à ce qu’il a dit, nous avons déposé les copies afin que les correcteurs du ministère puissent venir les corriger », confie-t-il.
L’application d’un autre texte pointé du doigt
L’autre point abordé lors de ce point de presse a été la question des enseignants à temps plein (ETP). Le comité F-SYNTER de l’ENSK et de l’UNZ, a soutenu qu’il ressort du protocole d’accord du 15 juin 2016 issu des négociations gouvernement/Syndicats, que les ETP inscrits en thèse devraient bénéficier de mesures d’accompagnement pendant trois ans. Ces mesures d’accompagnement prenant en compte les voyages d’études, les frais de laboratoire, la prime de participation à la recherche, et après soutenance de la thèse, ces derniers devaient être nommés à la fonction d’assistant. Ce qui fut fait en fin 2019.
Aux conférenciers de regretter que contrairement à cet esprit du protocole d’accord, leur ministère de tutelle par décret 0435 du 9 mai 2019, interdit la nomination des enseignants à temps plein (ETP) ayant soutenu leur thèse à la fonction d’assistant. Et pire, ajoute le secrétaire général du comité F-SYNTER, la note n°2021/007/MESRSI/SG du 12 janvier 2021 leur interdit de se présenter au CAMES. « Alors qu’aucun critère du CAMES ne les empêche de postuler pour le grade de maitre-assistant », selon Dr Sory.
Une grève de 48h à l’horizon
Pour le comité F-SYNTER de l’ENSK et de l’UNZ, malgré les conditions de travail indécentes, le manque de bureaux, le retard dans le paiement des actes académiques, les enseignants font d’énormes sacrifices pour que nos universités tiennent toujours débout. Des efforts dont le gouvernement ne semble pas conscient, estiment-ils. Ils ont donc entrepris d’aller en grève de quarante-huit heures (48h) les 02 et 03 juin 2021, afin d’exiger la satisfaction de leur plate-forme minimale d’action.
Abdoul Aziz KABORE (Correspondant)