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Les auditions des témoins se poursuivent au tribunal militaire. Le témoin invité à la barre ce 06 septembre est Monseigneur Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo Dioulasso. Il est l’une des personnalités qui ont constitué le collège des sages pour le dialogue avec les chefs du régiment de sécurité présidentiel au moment de la crise.
Selon le résumé de son récit de l’archevêque voici ce dont il se souvient. « Ce jour-là, je devais quitter Bobo Dioulasso pour Ouagadougou pour une réunion avec la conférence épiscopale du Niger. Aux environs de la quatorzième heure, j’ai reçu un appel téléphonique, de la part du directeur de cabinet de la présidence du Faso, m’informant de l’état de la situation. Quelques temps après, le général Zagré m’a appelé pour me dire que la situation était dans une ambiance électrique du côté de la présidence et donc il sollicitait ma présence à Ouagadougou pour constituer une commission de dialogue pour une sortie heureuse de la crise avec le RSP ».
Selon l’archevêque c’est autour de dix-neuf heures qu’il est arrivé à Ouagadougou. Conformément à la demande du général Zagré, Monseigneur devait se rendre au ministère de la défense où les discussions avaient déjà commencé avec la hiérarchie militaire. Mais comme le climat sécuritaire était électrique, le général Zagré lui conseille de se rendre à la base aérienne où une escorte viendrait le conduire au lieu de la réunion. Une fois dans la salle de la réunion, le général Diendéré qui présidait la rencontre a demandé le soutien de la hiérarchie militaire. Chose qui n’a pas été approuvée. Les chefs militaires et les sages ont plutôt exigé la libération des otages afin d’apaiser la situation. A cette idée, le général Diendéré répondra qu’il est impossible pour les éléments du RSP de faire marche arrière. Très vite, une commission de quatre (4) personnalités est formée pour aller négocier avec les hommes forts du camp Naaba Koom.
En vue de préparer le terrain à la commission de dialogue, le général Diendéré et le colonel-major Kéré, ont devancé la commission au camp. C’est par la suite qu’une escorte du RSP viendra conduire les personnalités désignées au lieu de la rencontre. Mais cette négociation n’aura pas de chance selon monseigneur. « Lorsque nous sommes arrivés au camp, le général Zagré a fait l’introduction disant que nous étions là pour la recherche de solutions. A mon tour, j’ai émis le souhait que les otages soient libérés. Là, des éléments dont j’ignore les noms m’ont menacé en disant que si nous ne faisons pas attention, deux (2) grenades suffiraient pour nous élimer. Ils continuent leurs menaces disant que même si 700 jeunes patriotes se présentaient par hasard aux portes de Kossyam, ils les auraient tous couchés à terre » relate monseigneur.
Après l’échec de cette négociation, la commission est repartie rendre compte à la hiérarchie militaire. De retour au ministère de la défense, Jean Baptiste Ouédraogo demandera au général, après la lecture de sa déclaration, si le coup d’Etat était consommé. A cette question il répond par l’affirmative et dit vouloir assumer, tout en demandant toujours l’aide de la hiérarchie militaire qui refuse. L’archeveque confie avoir compris aussitôt que le chaos était déjà installé et seul Dieu pouvait nous sauver. « Quand le général Diendéré, a dit que le coup d’Etat était consommé, avant de sortir de la salle j’ai dit :’’ Il ne reste qu’à prier’’ » a laissé entendre Monseigneur Paul Ouédraogo.
Michel Caboré (Stagiaire)
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