Procès du putsch : la langue de bois du parquet

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Le colonel-major Boureima Kéré est à son deuxième d’audition. Alors que dans ses questions le parquet omettait de citer les correspondants ivoiriens de l’ancien chef d’Etat-major particulier de la présidence, les avocats de la partie civile ont déploré « une langue de bois susceptible d’entraver la bonne marche du procès ».

« La justice ne doit pas se préoccuper de considérations politiques et diplomatiques… du reste l’amitié implique le respect mutuel » telle est en substance la réplique de maitre Farama, avocat de la partie civile au parquet qui pour des « raisons diplomatiques » se gardait bien de citer nommément les identités des responsables politiques et militaires ivoiriens qui envoyaient des messages au colonel-major Kéré pendant les événements de septembre. Au nombre de ces messages, on peut citer un message dans lequel l’expéditeur-une personnalité ivoirienne- intime au colonel-major de « demander au grand frère (le général Diendiéré) de rentrer en contact lui… ». Plus loin un autre message se fait plus explicite : « Faites des détonations, faites croire que le RSP a enregistré des ralliements de centaines de soldats venant des autres corps, etc. Coupez l’électricité… ». Pour l’accusé, qui avoue entretenir de fortes relations avec des responsables politiques dans beaucoup de pays, ces messages qu’il n’a souvent pas lus, sont au plus des messages de…courtoisie. Le parquet qui seul interroge l’accusé depuis la veille au matin a voulu savoir le sens desdits messages : l’accusé recevait-il des ordres de l’extérieur ?

Avisé sur l’opportunité de la révélation des identités des personnalités ivoiriennes, les membres tribunal après s’être consultés ont estimé qu’ils ne pouvaient enjoindre au parquet de révéler ces identités mais que lorsqu’ une situation particulière l’exigera, le tribunal se donnerait le droit de requérir que l’identité du destinateur du message soit communiquée. Le colonel-major qui clame son innocence a aussi reçu d’autres messages de lui assurant que certaines Organisations de la Société Civile (OSC) « étaient acquises ».
« Tous les messages reçus après le 21 septembre ne sont plus dans la logique du coup d’Etat » considère-t-il. Parce que dès le 21 septembre, le général a annoncé qu’il quitterait le pouvoir et que, contrairement à ce que pense le parquet, il n’y avait pas de résistance au désarmement du RSP. D’où sa conviction : le bombardement du camp intervenu le 29 septembre était inopportun.

Soumana LOURA

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