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Les interrogatoires du procès du putsch manqué de 2015 ont repris ce mardi 24 juillet 2018 à Ouagadougou. A la barre, les accusés ont tous nié les faits.
« Pendant le conseil des ministres ont nous à désarmé et envoyé dans une salle », tels sont les propos du caporal TIMBOUE Tuandaba qui a été le premier à comparaitre ce mardi 24 juillet 2018. Le caporal est poursuivi de : complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires. Après avoir nié les faits qui lui sont reprochés, le caporal médaillé commémorative avec agrafe Mali s’est expliqué. « On se reposait dans une salle pendant le conseil, et on est venu nous désarmer. Nous nous sommes couchés et on nous a enfermé dans une salle. Après Rambo a ouvert la porte et a crié, les conducteurs dehors ! Comme je suis un conducteur je suis sorti. Dehors, le sergent-chef DOUKOURE est rentré dans une voiture avec le président KAFANDO et Rambo m’a dit de rentrer dans ma voiture avec lui et de suivre la voiture du président ». Pour lui, il a exécuté un ordre. Sur la question du parquet militaire « Pourquoi vous vous êtes retrouvé par la suite dans l’escorte du général ?» le caporal s’est défendu comme quoi il a reçu l’ordre le 18 septembre 2015 d’aller remplacer un des conducteurs de l’escorte, le caporal KAFANDO Hamado qui avait fait une mauvaise conduite en allant au conseil. « C’est un militaire, ce que l’on lui dit il le fait, on lui a donné un ordre. Il a fait son travail» a expliqué son avocat, Me KIEMTARENBOUMBOU Sylvère. La partie civile quant à elle remet en cause la bonne foi de l’accusé parce qu’il a trouvé que cette situation était normal et qu’il paraissait s’énerver quand on lui posait les mêmes questions «Il a son propre tempérament à lui, la partie civile est là avec des préjugés. Quand on est de bonne foi ont dit la vérité. Le caporal a été très explicite et ces propos sont simples et claires» a déclaré l’avocat de l’accusé. Mais pour le parquet militaire ainsi que la partie civile l’accusé ne dit pas toute la vérité.
A la suite du caporal, c’est le tour du soldat de première classe COULIBALY Samuel. « Le 16 septembre j’étais en permission à NOUNA car mon enfant était malade. J’ai déposé une permission de 96h. J’ai demandé à ce que l’on prolonge ma permission mais ça été refusé. Je devais rentrer le 16 à minuit mais c’est finalement le 17 matin que je suis arrivé à Ouagadougou à 14 heures». Pour ce médaillé commémoratif avec agrafe Mali, c’est le 19 qu’il a su qu’il y a eu un coup d’Etat. Aussi, ajout -il, « Le 18, le chef SANOU Ali m’a demandé si je connaissais GOUDRI, j’ai répondu non. Il m’a ensuite demandé si je connaissais FADA il m’a dit de le conduire. Arrivé devant une cour dans un village, le chef est descendu et est rentré avec la dame qui nous suivait avec la Mercedes. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait là-bas. C’est devant le juge d’instruction que j’ai su que nous étions allés à ZORGO ». Malgré les explications de l’accusé, le parquet militaire ainsi que la partie civile sont restés perplexes quant à ses aveux sur certains éléments qu’il ignorait notamment : le coup d’Etat, le couvre-feu qui était en vigueur, et l’incendie de la radio « laafi » de ZORGO. «Il ne faut pas lui imposer une direction, un point de vue qui ne lui appartient pas » a déclaré son avocate Me KANYILI Maria.
Un passage à la barre interrompu
Le sergent-chef BOUE Siénimi Médard quant à lui, est poursuivi pour: complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradations volontaires et aggravées de biens. Appelé à la barre avec son avocat, Me BAZYOMO Bali, ils ont été contraints de repartir pour conflit d’intérêt. En effet, la partie civile, le parquet militaire et le président du tribunal était d’avis que Me BAZYOMO qui est également l’avocat du major BADIEL Eloi, s’il poursuivait l’interrogatoire du sergent-chef, il y aurait des contradictions. « il y a un risque de conflit d’intérêt car il y a des contradictions entre les propos des deux accusés. Le conflit se situe au-dessus de l’avocat » à soutenue la partie civile.
« Le 16 septembre j’étais dans un maquis à la patte d’oie »
Le dernier accusé du jour a été le soldat de première classe ZONGO Hamadou. Selon ce médaillé commémorative avec agrafe Mali et CEDEAO il a reçu l’information d’un coup d’Etat par un ami civil qui l’aurait appelé le 16 septembre quand il était dans un maquis au quartier «la patte d’oie». « C’est le lendemain 17 septembre que je suis allé au camp. Le jour où je suis sorti c’est quand nous sommes allés à ZORGO avec le sergent-chef SANOU Ali. Après cela je ne suis plus ressorti du camp. J’ai quitté le camp le 29 septembre ». Même son de cloche que son précèdent COULIBALY Samuel. En effet, ce dernier dit ignorer que la sortie au niveau de ZORGO était pour incendier la radio «laafi».
L’audience se poursuivra le mercredi 25 juillet.
Anaïs KERE (Stagiaire)