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Appelé à la barre, Rasmané Ouédraogo le cinéaste devait confirmer l’authenticité d’une vidéo qu’il a réalisé pendant les troubles du 16 septembre 2015. Cette vidéo avait été postée sur le site de France24 ainsi que sur le réseau social Facebook, montrant des éléments du RSP torturant des civils.
A la question du président du tribunal de ce qu’il sait des évènements du putsch, il commence sa narration. « J’étais chez moi à la cité AN III et j’ai vu un groupe de militaires venu encercler des civils qui prenaient paisiblement le café. Subitement, ils ont commencé à les bastonner avec leur dernière énergie. Quelque temps après, un autre groupe venu à bord d’un pik-up s’est mis dans la scène. Même un enfant qui était dans une poubelle à côté à subi le même sort. C’est de là que j’ai commencé à filmer, j’étais révolté devant cette scène de violence » a-t-il laissé entendre.
Le parquet militaire va plus loin en interrogeant le témoin en ces termes : Connaissez-vous ces militaires qui ont été filmés ? Avez-vous eu une suite concernant le sort des victimes ? « Je ne connais ni les militaires, ni les victimes. C’est l’extrême violence qui m’a amené à filmer. Battre des innocents avec du matériel acheté par l’argent du contribuable, ça m’a vraiment choqué » a-t-il répondu. Selon une observation du parquet, tout est désormais clair car il y a des chefs du RSP qui ont tenté de nier à leur passage à la barre.
A la suite du parquet c’est le tour des avocats de la partie civile par la voix maitre Kam de chercher à mieux comprendre les faits relatés par le témoin d’où les questions, « Avez-vous vu un véhicule civil sur les lieux ? Avez-vous vu d’autres soldats excepté ceux du RSP ? « Je n’ai ni vu un véhicule civil, ni d’autres forces » répond le témoin.
Mais pour maitre Olivier Yelkouni de la défense, d’autres dépositions évoquent bien la présence de d’autres forces qui étaient en patrouille sur le terrain.
« J’étais plutôt occupé par autre chose en ce moment »
A la barre, Achille Tapsoba l’un des premiers responsables du CDP au moment des faits a juré de dire la vérité. « Le 16 septembre, nous étions au siège du CDP pour le réglage de la liste des candidats, car certains étaient touchés par la mesure d’exclusion, donc il fallait les remplacer. Comme nous étions à l’orée des campagnes, 15 millions de francs cfa ont été mis à la disposition des structures pour la mobilisation des militants. La province du Kadiogo a pris 10 millions et le reste pour les autres provinces. La réunion a pris fin entre 13h et 14h, c’était la seule réunion du jour. Quand je quittais le siège, il était environ 19h, car je devais disperser certains de nos militants qui tentaient de barricader la voie au niveau du siège. » a expliqué Achille Tabsoba à la demande du tribunal.
Que savez-vous de la présence des militants du CDP au rond-point des martyrs ? D’où vient l’argent qui a été distribué aux militants ? Telles sont les questions du parquet. « Je pense que le rassemblement a été spontané et ne relève pas de ma responsabilité. Le 17 septembre, j’étais plutôt occupé par autre chose. Quant à l’argent, je pense que ce sont des initiatives personnelles prises par les structures pour la sécurité des domiciles, en ce sens où la campagne même était déjà hypothéquée. C’est sans doute l’argent destiné à la campagne qui a été distribué » a-t-il répondu
Michel Caboré (Stagiaire)