Projets en faveur des droits des enfants : Immersion dans le Sahel

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Le gouvernement japonais et la coopération autrichienne pour le développement, à travers l’UNICEF, travaillent depuis belle lurette à promouvoir la réalisation des droits des enfants, des jeunes, des filles et des femmes, entre autres, dans la région du Sahel. Plusieurs secteurs sont concernés par cet appui des partenaires au développement notamment la santé, l’éducation, le développement personnel, l’eau et l’assainissement. Du 7 au 9 décembre 2017, des journalistes se sont essayés à sonder l’impact de ces interventions dans le Sahel.

Vendredi 8 décembre 2017. Première escale : Direction régionale de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle de Dori. Nous sommes à la rencontre de la première responsable, Angéline Neya/Donbwa. « Nous avons plusieurs activités UNICEF notamment la construction et l’équipement des écoles, la construction de forages, la sensibilisation sur l’hygiène et l’assainissement, sur le respect des droits des enfants, la promotion du genre, le maintien des filles à l’école, etc. », confie-t-elle.

En termes d’impact de l’intervention de l’UNICEF et de ses partenaires, Angéline Neya avoue avoir constaté une augmentation considérable du taux de scolarisation, d’admission et de maintien des élèves à l’école. « Au cours des cinq dernières années, le nombre d’élèves est passé de 92.526 à 133.466 soit un accroissement de 40.940 entre 2012-2013 et 2016-2017. Au niveau provincial, le Soum, avec 54.672 élèves, compte près du tiers des effectifs de la région.

Cette évolution des effectifs est à mettre à l’actif de la campagne de mobilisation qui est mise en œuvre chaque année depuis 2013 pour appuyer l’enrôlement des élèves au CP1 », informe la Directrice régionale de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle du Sahel.

L’école EQAME du village de Tila.

Connaissiez-vous une école EQAME ?

Elle est convaincue que le meilleur reste à venir. En effet, la mise en œuvre d’une nouvelle approche éducationnelle fait florès à Dori et environnants. Il s’agit de l’approche EQAME (Ecole de Qualité Amie des Enfants). Elle a été d’abord mise en œuvre dans le Plateau-Central en 2012.

Cette approche inédite a fait son apparition en 2015 dans le Sahel. L’on dénombre à ce jour 370 écoles EQAME dans la région. Ces dernières se particularisent généralement par l’absence de classes sous paillotes, par l’hygiène, le jardinage, la présence de forage, la pratique du sport, la qualité de l’enseignement, etc. Pour connaître davantage ce qu’est une école EQAME, nous parcourons une trentaine de kilomètres pour nous rendre dans le village de Tila qui en possède une.

Nous sommes accueillis par des responsables locaux et le corps enseignant de l’établissement, en présence du Directeur de l’école EQAME de Tila, David Kologo. Celui-ci est à sa première année professionnelle dans la localité. 78 élèves sont inscrits à l’école de Tila. Nous découvrons au premier abord que l’effectif des filles surpasse celui des garçons dans chacune des trois classes que compte cet établissement qui a des caractéristiques innovatrices.

« C’est une école équipée d’un bureau, d’un magasin, de toilettes en deux blocs (filles et garçons). Nous avons eu des lampes solaires, un forage, des kits pour l’éducation sexuelle, grâce à l’appui de l’UNICEF. Cette école EQAME nous a permis d’agrandir nos effectifs et les parents ont vite adhéré en inscrivant les enfants. L’école est attrayante car la cour est propre, les toilettes sont bien entretenues, nous avons un forage et des équipements solaires qui permettent aux enfants de continuer à étudier pendant la nuit », se réjouit le Directeur de l’école.

Maintien des filles à l’école, lutte contre l’excision…

Derrière cette impression de satisfaction générale recouvrée grâce aux interventions de l’UNICEF, le gouvernement japonais et la coopération autrichienne pour le développement, se dessine une autre à l’horizon. Dans le souci de pérenniser le maintien des enfants notamment des jeunes filles à l’école, une autre lutte est conjointement menée par ces partenaires au développement et le gouvernement burkinabè : celle contre les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants.

De retour à Dori, pour mieux appréhender l’évolution de la lutte contre ces « phénomènes à la peau dure », les caravaniers mettent le cap sur le village de Taala, situé à une vingtaine de kilomètres de la Capitale du Sahel. Nous sommes accueillis dans une école sous paillote située à un jet de pierres de la route Dori- Frontière du Niger. « Sacrilège ! », chagrine l’un d’entre nous qui ajoutera que cette situation explique pourquoi les interventions citées plus haut devraient se poursuivre et s’étendre davantage.

Des jeunes filles apprennent la couture.

Nous sommes donc à l’école primaire de Taala pour parler d’un projet de lutte contre l’excision et le mariage des enfants, projet soutenu par l’UNICEF Burkina. Kadidjatou Salmana est technicienne d’appui aux communautés pour le compte de l’ONG Mwangaza Action conduisant le projet qui prend fin en décembre 2017. « Nous intervenons dans la localité depuis avril 2017. Le processus de changement de comportement entamé se poursuit bien. Nous sensibilisons avec souvent des images qui choquent.

En tout cas, nous constatons l’implication des populations, des enfants eux-mêmes et un engagement soutenu des leaders religieux. L’impact du projet est considérable, parce que les cas de mariage d’enfant, de mariage forcé, et d’excision sont de plus en plus rares dans la localité », soutient-elle.

L’emploi après les bancs…

Il faut reconnaître qu’après avoir fait les bancs dans les règles de l’art et être sauvé du mariage précoce, les portes de l’épanouissement personnel s’ouvrent au jeune apprenant. Ce n’est pas le Directeur régional de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE Dori), Emmanuel K. Kaboré, qui dira le contraire.

Grâce à l’appui notamment du Fonds autrichien, son service met l’accent sur la formation professionnelle et l’emploi, à travers le Conseil danois pour les réfugiés communément appelé DRC. A en croire Emmanuel Kaboré, l’impact de cette intervention intégrée est considérable : « Plus d’une centaine de jeunes ont été déjà formés dans le Sahel en tissage, couture, teinture, mécanique moto, en entreprenariat et en technique de recherche d’emploi ».

Pour corroborer son affirmation, nous décidons d’échanger avec des jeunes formés. Sow Boubacar est originaire de la commune de Sebba. Le BEPC en poche, il vient de s’inscrire en menuiserie-bois le 1er octobre 2017 à l’ANPE. « J’ai trouvé que le travail est intéressant. J’ai appris ici à faire le tabouret. On a aussi appris à faire des gazinières. Au terme de ma formation, j’irai lancer ma propre entreprise pour apprendre le métier à d’autres personnes », prévoit le jeune homme de 24 ans.

Les réfugiés pas en reste…

A la fin de leur formation, chaque jeune bénéficiera d’une allocation financière d’environ 100.000 FCFA pour démarrer ses activités professionnelles. Grâce au fonds autrichien, à la formation professionnelle au Sahel, cette assistance a été élargie aux réfugiés ainsi qu’à de jeunes orpailleurs. La dizaine de caravaniers a pu visiter le Camp des réfugiés maliens de Goudebo.

L’école de Goudebo, qui compte 26 classes et 1.225 élèves majoritairement des réfugiés, a été construite en 2012 grâce à un financement du Japon en partenariat avec le HCR, l’UNICEF et d’autres collaborateurs. Selon les responsables du camp, le taux de succès scolaire est de 90% et le taux de passage se chiffre à 92%. La visite aux femmes réfugiées formées en tissage à l’ANPE a mis fin à l’étape de Goudebo.

Il faut noter que c’est dans le cadre de son partenariat avec l’UNICEF que le réseau Initiatives des journalistes africains pour la coopération et le développement (IJACOD) a initié des caravanes de presse dans la région du Sahel du 7 au 9 décembre 2017. L’objectif principal de cette sortie était de faire le point de l’intervention du gouvernement et de ses partenaires en matière de développement.

En rappel, le 24 avril dernier, 636.000 Dollars ont été octroyés à l’UNICEF Burkina par le gouvernement japonais pour aider à la réalisation des droits des enfants et des femmes dans le Sahel. Ce fonds vise à contribuer à sauver la vie des enfants et d’assurer un développement optimal d’un plus grand nombre.

Noufou KINDO

Burkina 24

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