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L’affaire du charbon est devenue un filon pour la presse et les réseaux sociaux qui s’en délectent. Pendant que la justice mène son enquête, la direction de la mine a fait savoir à la presse qu’elle ne peut s’amuser à un certain coup tordu. Essakane qui a produit 14 tonnes en 2018, va-t-elle prendre des risques pour sa réputation sur des poussières d’onces de son charbon fin ? L’investigation est menée par la justice burkinabè et nous n’avons pas eu plus de développement depuis les ‘’fuites’’ des rapports d’experts révélés par la presse en mai dernier. Dans l’affaire d’exportation du charbon fin, dans laquelle, il est mis en accusation, le baron du secteur minier burkinabè est touché dans sa fierté. L’image de la mine Essakane est aujourd’hui écornée. L’opinion publique comme la mine Essakane gardent espoir que cette affaire dite de charbon fin sera complètement élucidée.
Essakane est depuis 2010, le gisement le plus prometteur du pays et c’est avec la part d’Essakane dans la production nationale que le Burkina Faso compte dans le Top 5 des producteurs d’or du continent africain. Essakane est un acteur économique solide qui a fait ses preuves et les parties prenantes qui interagissent avec la mine sont surprises des allégations de fraudes avancées contre la mine.
Essakane a construit un incinérateur en 2016 pour traiter son charbon fin, et cet outil a été présenté comme une innovation majeure pour le secteur minier au Burkina Faso. Mais pourquoi diable, la mine a voulu une autre exportation de charbon fin en 2018 ? La direction de la mine a souligné au cours d’une visite de presse de son site que l’incinérateur de la mine a nécessité ‘’des modifications et des efforts d’optimisation car il n’était pas en mesure de traiter l’ensemble du charbon fin produit par Essakane. C’est cela qui a entrainé une accumulation des stocks et a justifié la demande d’exportation. Après des années d’ajustements et d’investissements dans un procédé complexe ; l’incinérateur de la mine a atteint en 2019, la cadence prévue dans les plans de conception’’.
Les différentes mines industrielles de notre pays perdent de l’or contenu dans le charbon fin faute de pouvoir le récupérer. Cette affaire du charbon fin d’Essakane doit interpeller l’Etat et les minières pour une solution locale afin de traiter et d’extraire de façon économique les quantités de résidus de charbon générées par les mines. Ceci permettra une extraction optimale de l’or plutôt que d’en faire un déchet. La Chambre des mines du Burkina peut y penser à la création d’une unité de traitement de charbon fin. En attendant, Essakane doit davantage optimiser son incinérateur et offrir une opportunité de fonderie aux autres mines du Burkina afin qu’elles puissent converger leurs stocks de charbon fin vers Essakane pour traitement.
Savez-vous que l’or provenant des sites miniers industriels du Burkina sous forme de lingots bruts est affiné jusqu’à 99,99% de pureté à l’extérieur de notre pays par des pays (Suisse, Canada, Afrique du Sud…) qui ont un quasi-monopole sur cette activité ? Avec une production annuelle de plus de 50 tonnes d’or, le Burkina a intérêt à se doter de sa propre raffinerie pour capter la production nationale. Après le Ghana, le Mali, l’Ouganda, le Rwanda vient de mettre en place sa première usine de transformation d’or, ce petit poucet d’Afrique de l’Est, se met à l’affût de l’immense production aurifère de la région des grands lacs. Tirons les leçons pour le Burkina Faso, pays minier émergent !
Somé Firmin