Son leader, le Touareg malien Iyad Ag Ghali, a prêté allégeance à Al-Qaeda.Un an jour pour jour après sa création, le mouvement jihadiste le plus dangereux du Sahel, affilié à Al-Qaeda, a revendiqué le double attentat qui a ensanglanté Ouagadougou vendredi. Le Jnim, Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (ou, en français, le GSIM pour «Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans») a fait parvenir son message à l’agence de presse mauritanienne Al Akhbar, l’un de ses canaux habituels de diffusion. Le groupe terroriste indique que les attaques de l’ambassade de France et de l’état-major de l’armée burkinabé, qui ont fait 8 morts parmi les forces de sécurité, ont été menées «en réponse à la mort de plusieurs de ses dirigeants dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali il y a deux semaines».Le raid en question (des frappes aériennes suivies d’un assaut au sol), conduit le 14 février par les soldats de «Barkhane» et des forces spéciales de l’opération «Sabre», s’est déroulé dans l’extrême nord du Mali, à quelques centaines de mètres de la frontière algérienne. Il visait précisément des membres du GSIM, dont plusieurs cadres ont été tués. Au total, une vingtaine de jihadistes ont été «neutralisés» ce jour-là, selon l’armée française. Quelques jours plus tard, dix personnes ont été tuées au cours d’une autre opération antiterroriste. Puis, le 22 février, «Barkhane» a mené une «opération d’opportunité contre un groupe terroriste dans la région de Ménaka [est du Mali]», en soutien à des mouvements armés locaux, sans qu’un bilan n’ait été diffusé.
Le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin est une alliance de plusieurs mouvements islamistes armés du Sahel. Il est dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghali, chef du groupe Ansar Dine, qui a prêté allégeance à l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden. Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), la plus ancienne organisation jihadiste de la région, a rejoint cette coalition, tout comme Al-Mourabitoune, la brigade d’un des terroristes les plus redoutés du Sahara, Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier n’était pas présent dans la vidéo spectaculaire de l’annonce de création du GSIM, il y a un an, alimentant les rumeurs sur sa mort. Il était représenté par Hassan al-Ansari. Ce lieutenant de Belmokthar aurait été tué dans le raid français du 14 février, selon le communiqué du GSIM.
L’attentat le plus meurtrier ayant frappé Ouagadougou, en janvier 2016, avait déjà été revendiqué par Aqmi et attribué à la katiba Al-Mourabitoune. Des hommes armés avaient ouvert le feu à la terrasse du restaurant le Cappuccino, en plein centre-ville, avant de pénétrer dans l’hôtel le Splendid. Vingt-huit personnes avaient trouvé la mort. Vendredi, à l’état-major des armées, les assaillants ont utilisé pour la première fois dans une capitale du Sahel un véhicule «rempli d’explosifs», selon le ministre de la Sécurité Burkinabè.
Le GSIM, sous pression après cette rapide succession d’opérations françaises en février, entend prouver que tous les sites de la région sont encore à sa portée.