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Qui cherche le bonnet du Maire de Ouaga?

L’affaire de l’acquisition sous la formule de crédit-bail ou leasing (acquérir un équipement à la suite d’une location) pour 5 ans avec la société Fidelis Finances Burkina, de 77 véhicules d’appui à hauteur de 4,6 milliards de FCFA au profit de la mairie de Ouaga, n’en finit pas d’agiter le landernau politique burkinabè. L’un des avantages de cette formule est de garantir une meilleure utilisation du matériel roulant dont la maintenance n’incombe plus à la commune. 

La liste des véhicules, les types de véhicules commandés et leur destination pourront mieux nous éclairer la lanterne ! La commune de Ouagadougou fonctionnait avec un parc auto assez vétuste. « Les véhicules étaient entre 8 ans et 37 ans d’âge. On n’avait qu’un seul camion qui fonctionnait en 2016 », a expliqué le maire Armand Beouindé sur les ondes de Radio Omega.

La justice s’est saisie du dossier. Le bourgmestre de Ouaga a été entendu par les enquêteurs. Le tribunal travaille à situer les responsabilités dans cette affaire. Alors que l’affaire du Maire suit son cours, un renversement de vapeur se produit. Le procureur du Faso, Harouna Yoda près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, lors de sa conférence de presse tenue le 18 juin dernier a révélé qu’une enquête a permis d’établir les faits en ce qui concerne le magistrat SAWADOGO Narcisse et BAGAGNAN Allassane qui ont sollicité 70 millions FCFA au maire de Ouaga pour étouffer l’affaire des véhicules. Le maire Armand Beouindé qui a fait carrière dans le privé, loin d’être naïf, a réussi par son flair à couler ceux qui voulaient le rouler ! Affaire dans affaire, les deux ‘’ facilitateurs’’ méditent sur leur sort à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).

Le procureur du Faso fait remarquer que « Le dossier est toujours en cours d’enquête au parquet ». Pour la suite des évènements, le maire Armand Beouindé convaincu que ses déboires sont d’abord politiques, espère pouvoir prouver son innocence devant la justice. Le maire clame que la procédure a été respectée. Son conseil municipal a pris la décision d’acquérir 77 véhicules pour le compte de la Mairie de Ouaga. La délibération a ensuite été transmise à la commission technique interministérielle (CTI) qui l’a approuvée.

L’affaire peut paraître simple mais elle ne l’est pas. Le maire risque gros dans cette affaire. Ce coup est-il monté? Le mode d’acquisition des véhicules est-il légal ? Cette opération de leasing est-elle une malversation dans la gestion du maire de Ouaga ? Y a-t-il eu surfacturation dans cette affaire ? Y a-t-il conflit d’intérêt lorsqu’on sait que l’épouse du maire et ses trois enfants sont actionnaires avec une participation de 1% au capital de l’entreprise Raynal qui s’occupe de l’assurance des dits véhicules ? Est-ce une manœuvre politique pour noyer le maire ? L’affaire qui défraie la chronique n’est-elle pas que la partie visible de l’iceberg? Autant de questions que l’on est en droit de se poser !

Pour le moment, le maire mis en cause n’est pas inculpé et il bénéficie de la présomption d’innocence. En attendant de connaitre la suite de ce dossier en instance devant la justice, l’opposition politique à la recherche de trophées s’en délecte et colle au maire un procès d’intention à quelques mois des échéances électorales de 2020. Allégations, intrigues et montages…aucun répit n’est accordé au maire Armand Béouindé qui commençait à sortir son nez de la tourmente judiciaire dans laquelle il est plongé.

Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a annoncé les couleurs lors du point de presse hebdomadaire du 16 juin dernier, en soulignant que « Le maire de Ouagadougou doit immédiatement démissionner et se mettre à la disposition de la Justice ».

Lundi, 22 juin, les manifestants repoussés par les forces de l’ordre ne sont pas parvenus à empêcher la tenue de la première session du conseil municipal de l’année 2020 délocalisée pour raison du Covd-19 au Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre-Guingané. Les 134 conseillers présents sur 254 (un quorum suffisant) ont adopté le compte administratif gestion 2019 et le budget supplémentaire gestion 2020. Une session cruciale qui si elle n’avait pas pu se tenir, bloquerait les investissements communaux pour le reste de l’année 2020. Dans une démocratie normale, dans un Etat de droit, est-il élégant que des élus bandent les muscles quand ils ont la possibilité d’introduire une motion pour déchoir du maire?

Le mieux dans cette affaire est de laisser la justice faire son travail. Seule une décision d’un tribunal pour éviter tout amalgame.

Ag Ibrahim

Bernard HIEN

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