Depuis son entrée au gouvernement, le 10 janvier 2021, comme ministre d’Etat en charge de la Réconciliation et la Cohésion nationale, l’ex Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré ne chôme pas et fait la Une de toutes les parutions avant même le forum national sur la réconciliation.
Le processus est enclenché, le conseil des ministres du 21 avril dernier a dessiné les contours du format de la réconciliation. Débordant d’énergie, au four et au moulin et soucieux de relever le challenge, Zéph a à cœur d’honorer un engagement cher au Chef de l’Etat. Le Premier ministre, Christophe Dabiré, de plus en plus effacé se concentre sur des dossiers de la mobilisation des fonds, de l’insécurité, du front social et de la lutte contre la maladie à coronavirus (Covid-19).
Reste que Zéph, en a vu des vertes et des pas mûres en politique. Son parti, l’Union pour le progrès et le changement, UPC est passé de 33 députés en 2015 à 13 députés en 2020. Epuisé par les coups tordus, et tirant des leçons de ses insuccès, le lion s’est réfugié dans
l’Alliance présidentielle où il retrouve ses transfuges hier. Une profonde crise au sein du principal parti d’opposition, l’UPC, avait entrainé par vagues successives, la démission des principaux cadres du parti.
Au moins cinq partis vont naitre de l’UPC. François Tambi Kaboré, fonctionnaire retraité du système des Nations Unies, et chef de cabinet du Chef de file de l’opposition politique burkinabè (CFOP), a créé en 2015, le parti du peuple républicain (PPR). En 2016, le
diplomate et éminence grise de l’UPC, Louis Armand OUALI entre à son tour en dissidence en affirmant que l’UPC devrait faire une coalition avec le MPP après les élections de 2015 et dans la logique du regroupement des insurgés.
En février 2020 ; le parti, Rassemblement pour le Burkina (RPB) de Louis Armand Ouali, était reconnu et dans le Poni, il est porté par le député UPC, frondeur et fonceur, Jacques Kodjo Palenfo blâmé par l’UPC pour avoir voté pour la loi PPP
(Partenariat Public Privé).
Dans la précédente législature, en octobre 2017, le député Elysée Kiemdé et 12 autres députés de l’UPC, avaient quitté le groupe parlementaire du parti pour former le groupe UPC/RD mais ils se verront plus tard, interdire par la justice, d’utiliser les insignes de l’UPC. Le député du Bazéga, Elysée Kiemdé, ami de Zéphirin Diabré sera alors exclu de l’UPC. Sur décision du Conseil constitutionnel, Elysée Kiemdé a été déchu de son mandat de député après avoir créé son parti, l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
Un autre groupe de frondeurs créent le Mouvement pour le Burkina du Futur, MBF et trois d’entre eux font leur retour au parlement : Daouda Simboro de la Kossi, Dissan Boureima Gnoumou, député du Tuy et Hervé Konaté dans le Kénédougou. Nathanaël Ouédraogo, troisième adjoint au maire de Ouagadougou, président UPC de la région du Centre et Secrétaire général de la province du Kadiogo, et le Poé Naaba, président du groupe parlementaire du parti démissionnent à la veille des élections de 2020 et lancent le Mouvement Démocratique (MODEM), le 29 octobre 2020.
Le député frondeur UPC des Balé, Kassoum Traoré a préféré lui, rejoindre le parti Organisation des Peuples Africains OPA-BF de Me Ambroise Farama. Il a manqué de se faire réélire tout comme son collègue député, Parimani Sabdano de la Kompienga , qui a échoué sous la bannière de l’Alliance pour la Paix et l’intégrité, API. Une autre tête et pas des
moindres n’a pas eu la pêche après avoir prêché le SENS. Me Séraphin Somé, Maire de la commune de Niego dans la province de Ioba, a quitté le navire UPC en aout 2020 pour rejoindre le nouveau parti de son confrère Guy Hervé Kam.
Dans son parcours, Zéph, l’ancien contempteur du pourvoir KABORE a eu maille à partir avec ses camarades politiques. Zéph a pour autant la réputation d’être républicain et grand bosseur. Ironie du sort, au moment où le réconciliateur en chef se prépare à négocier le retour de l’ancien président, Blaise Compaoré est mis en accusation par le tribunal militaire (mardi 13 avril 2021) dans le cadre de l’assassinat de Thomas Sankara. La réconciliation sera-t-elle une arlésienne ?
Ag Ibrahim