Régulation de la circulation : ces bénévoles quémandeurs

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Régulation –de- la –circulation- ces- bénévoles- quémandeurs

Depuis quelques années à Ouagadougou capitale burkinabè, des jeunes, souvent des enfants scolarisés s’adonnent à la régulation de la circulation. Même si leur cause est noble,  certains usagers se demandent pourquoi la régulation de la circulation est délaissée aux enfants ?  De l’université Joseph KI ZERBO, à la ZAD  en passant par l’hôpital pédiatrique Charles De Gaulle nous avons fait le constat de la présence de jeunes qui régulent la circulation.

 

Mardi 17 mars 2021, il est 8h lorsque nous sommes arrivé au feu qui mène à l’entrée Est de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Là,  un jeune homme Manchot la trentaine bien sonné, sifflet en bouche régule la circulation. Un premier coup de sifflet pour dire de passer un autre pour dire de s’arrêter. Les usagers en fonction de leurs trajectoires respectent ces coups de sifflet comme ceux des agents de sécurité ou ceux des Volontaires Adjoint de la Sécurité (VADS).

Un peu plus loin, au feu de la pédiatrie vers 13h ce sont des enfants, une dizaine environ, âgés d’entre 8 et 15 ans, qui assurent « le service » de la régulation de la circulation. Parmi eux, il y a des élèves. Positionnés au carrefour des voies, deux ou trois lèvent les bras pour demander aux usagers de passer  ou de s’arrêter, tout en demandant de « quoi boire de l’eau ».

Nous poursuivons notre randonnée à la ZAD, où nous constatons également un groupe d’enfants, qui régulent la circulation. Ils ont entre 8 et 17ans et sont au nombre de 4. Au moment où nous arrivions à ce lieu il est 14h45. Eux aussi utilisent le même mode que ceux postés au niveau de la pédiatrie Charles de Gaulle. Au moment où nous marquons un arrêt pour respecter le coup de sifflet de l’équipe, l’un d’eux  s’approche de nous. Il tend la main en disant  » on demande l’argent pour boire l’eau ». Nous lui donnons alors de quoi payer son eau. Au deuxième coup de sifflet nous l’appelons sur l’accotement pour comprendre la raison de sa présence sur ces lieux. A la question de savoir  si  Moussa est élève, il répond par l’affirmative avant de préciser que «  on a cours mais comme c’est à côté je ne serai pas en retard. Ma mère est une commerçante, elle ne rentre pas tôt alors que le soir il n’y a pas à manger. Avec ce que je gagne je peux payer le haricot « benga » et couscous manger le temps qu’elle ne rentre pour voir ce qu’elle va préparer nous donner ».

Un autre que nous avons interrogé n’a pas  voulu donner  son nom mais  nous l’appelons le « big » car c’est ainsi que l’un du groupe l’a appelé en notre présence. Lui son cas est exceptionnelle. Ses parents n’aiment pas le voir faire cette activité mais lui il aime car ses amis le font. Big ne va pas à l’école il préfère jouer au « babyfoot ». A la question de savoir combien la régulation peut lui rapporter? Le big laisse entendre que c’est très rentable car il peut avoir 3000fcfa et quelque fois il peut empocher 12000fcfa. Lorsqu’il est content il partage avec le groupe.

L’avis des usagers

 Si certains usagers apprécient positivement cette aide des enfants, d’autres par contre, ne la voient pas du bon œil.  Il s’agit, pour eux,  d’une démission de la société qui pourrait entraîner d’autres problèmes.

Biba une vendeuse d’atiéké non loin du lieu où les enfants régulent la circulation à la ZAD a fait savoir que la place de ces enfants n’est pas à la circulation mais à l’école. Les panneaux de signalisation, les policiers et les VADS suffisent à cet emploi, selon elle.

« Je vois ces enfants réglementer la circulation.  Tout le monde observe. Personne ne dit mot. Moi je pense que ce n’est pas normal (…). Je ne pense pas qu’on puisse laisser la règlementation de la circulation  dans la main de ces enfants. S’il y a un problème, qui est responsable ? » s’est elle exprimée.

Un autre usager sur sa moto indique que les parents ne doivent pas laisser les enfants faire de cela un gagne pain. « Je pense que ce sont des délinquants qu’on laisse se former. Moi en tout cas je ne leur donne pas un rond quand ils se pointent devant moi » a-t-il déclaré. A l’écouter, donner de l’argent à ces enfants c’est les soutenir dans cette action et il est contre cela.

A 17h lorsque nous quittions les lieux, les personnes qui ont reçu la formation pour réglementer la circulation, les VADS, sont arrivés et les enfants ont déserté les lieux.

Mireille Bailly

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