Dans le but de sauver l’année scolaire, le ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) avait annoncé la reprise des cours des élèves en classe d’examen pour la date du lundi 11 mai 2020. Cependant, dans un autre communiqué datant du vendredi 8 mai, le Pr Stanislas Ouaro, ministre de tutelle a indiqué que la reprise est reportée pour le 1er juin 2020. Ce report inquiète beaucoup ces milliers d’élèves qui souhaitent aller à la conquête du précieux sésame.
Fermés depuis la deuxième semaine du mois de mars, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du Coronavirus, les établissements scolaires étaient censés retrouver leurs ambiances d’antan à la date du 11 Mai dernier. Mais hélas, cette nouvelle date ne connaitra pas de succès car de nouveau reportée. Depuis lors, cette situation ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salive au sein du monde éducatif et autres.
A ce jour, enseignants et élèves sont nombreux à émettre des préoccupations quant à l’issue de cette année scolaire, quand on sait que la saison pluvieuse s’installe déjà peu à peu. C’est le cas de Kabré Angèle, élève de CM2 à l’école primaire publique de Poré, CEB de Guiaro, dans la province du Nahouri. Dans notre entretien, cette candidate n’a pas caché son désespoir.
« C’est avec un grand découragement que j’ai appris la nouvelle date concernant la reprise des cours pour les élèves en classe d’examen. Je ne crois même plus que la date du 1er juin sera effective au vu des nombreux reports observés. Tout mon souhait est que nous puissions regagner les salles de classes pour une meilleure préparation des examens scolaires », a-t-elle laissé entendre.
A l’en croire, le fait de reporter la reprise des cours ne garantit pas forcément un bon achèvement de l’année car, il faudra tenir compte de la réalité du terrain. « Dans mon école il y a des classes sous paillote. Certains élèves de ma classe traversent des points d’eau pour venir à l’école. Aussi, notre centre de composition se situe à plus de 10 km de Poré. Avec la saison des pluies on se demande que faire si les choses tardent encore », a-t-elle renchéri.
Sam Charlotte, est élève en classe de 3e à l’école Nahaliel de Zongo ne cache pas aussi ses inquiétudes. Selon elle, ces différents reports de la rentrée ne présagent pas bon signe alors qu’elle tient à décrocher son brevet d’étude du premier cycle (BEPC). « Je suis à ma première année en 3e et mon souhait le plus ardent c’est d’avoir mon BEPC, cette année. Mais je suis beaucoup inquiète par rapport à ce qui se passe actuellement. Nous n’avons pas encore fini le programme. On se demande même si les examens auront lieu. C’est vrai qu’il s’agit d’une question de santé, mais nous demandons aux autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que la date du 1er juin soit effective », a-t-elle souhaité.
Concernant l’enseignement à distance donné à travers les médias, Sam Charlotte salue l’initiative du MENAPLN, mais avoue qu’il y a des insuffisances. « L’enseignement à distance est une initiative louable. Cependant il faut noter que les élèves issus des couches sociales démunies n’en profitent pas. Il y a des familles qui n’ont pas de télévision ni de radio pour faute de moyens. La meilleure solution pour nous c’est la réouverture des salles de classe », a-t-elle conclu.
Ouédraogo B. Thierry, professeur d’anglais dans le Plateau Central, s’est également prononcé sur le même sujet. Selon lui, cette difficulté liée à la reprise des cours au primaire et au secondaire n’a pas pour seule cause le coronavirus. Il impute plutôt la responsabilité au gouvernement. A l’écouter, la nouvelle mesure sur l’IUTS et les coupures de salaire des enseignants pour fait de grève constitue aussi l’un des obstacles à la réouverture des classes. Cependant, il se dit optimiste quant à la possibilité de sauver l’année scolaire. A cet effet, il précise qu’une concertation avec l’ensemble des acteurs du domaine est plus que nécessaire.
« Avec la reprise des cours dans les universités, nous pouvons dire que le bout du tunnel n’est plus loin. Nous pouvons toujours travailler à éviter l’année blanche qui n’arrange personne. Le premier ministre a également intérêt à sauver l’année car l’histoire ne doit pas se répéter quand on sait qu’il a déjà vécu l’expérience entre 1999-2000. Je pense que le gouvernement doit travailler de concert avec l’ensemble de la chaine si nous voulons une issue favorable », a-t-il dit.
MICHEL CABORE