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Créé en 2005, le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix(RHDP) n’a finalement pas eu raison des railleries que son existence a toujours suscitées. Et pour cause, en annonçant le 08 Aout dernier qu’il renonçait au projet de parti unifié, le président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) a, de fait, signé l’arrêt de mort d’un projet dont les adversaires se sont toujours plu à qualifier au mieux de mariage contre nature.
Flashback ! Année 2005, Laurent Gbagbo est au pouvoir en Côte d’Ivoire depuis 5 ans et la guerre civile n’en finissait pas d’enliser le pays dans le chaos. Les élections présidentielles qui devraient avoir lieu en octobre de cette année, ne se tiendront finalement qu’en 2010.
Opposés (en sourdine) du vivant d’Houphouët, très ouvertement après le décès de celui-ci, on n’imaginait mal une idée de coalition entre le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) conduit par Henri Konan Bédié(HKB) et le Rassemblement Des Républicains(RDR) d’Alassane Dramane Ouattara(ADO).Tant le passif entre les deux hommes est lourd, marqué qu’il est par des haines et de frustrations encore vivaces. Ce d’autant que le dernier est le résultat d’une scission du premier. Succédant au « Père de la nation », Henri Konan Bédié avait conceptualisé un monstre politique et idéologique –l’ivoirité-pour barrer la route du Palais de Cocody à son challenger dont il mettait en doute la nationalité ivoirienne. C’est donc tout naturellement que le RDR et son leader vont applaudir au coup d’Etat qui en décembre 2000 mettra fin à 40 ans de règne du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI).Mais la politique comme le disait John Kenneth Galbraith est l’art de l’impossible.
Toujours est-il que contre toute attente, Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié vont mettre sur pied le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix(RDHP).Pour nombre d’observateurs, il s’agissait tout simplement d’un mariage contre nature. « Une union qui ne connaitra pas de nuit de noces » analysaient hilares les cadres du Front Populaire Ivoirien(FPI).Cette coalition va tout de même permettre à Alassane Ouattara de remporter les élections présidentielles de 2010 et 2015 en partie grâce au soutien du PDCI et aux quatre autres partis. Pour les militants du PDCI, 2020 devrait être le tour de l’un des leurs pour représenter la coalition à la présidentielle.
Choc des ambitions
Mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors. Au sein du RDR, on ne l’entend pas de cette oreille. « Nous n’avons jamais souscrit à une telle idée » répondent-ils volontiers. « Le candidat du RHDP devra être choisi parmi le meilleur des candidats de la coalition » considère Alassane Ouattara suscitant le courroux chez ses alliés. D’autant que dans une interview, le président n’a pas exclu plus de se présenter pour un troisième mandat. Ce que cette réserve(à passer la main à un dauphin) traduit surtout est le choc des ambitions qui secouent le parti présidentiel. Le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro considère dur comme fer être le plus légitime pour représenter le parti à la future échéance. Sauf que l’on imagine mal- c’est un euphémisme- certains barons du régime tels Amadou Gon Coulibaly ou Ahmed Bakayoko se mettre à son service. Selon toute vraisemblance, ceux-ci penseraient à jouer leurs propres cartes. L’ambiance serait glaciale entre les différents prétendants au trône. C’est dire qu’à l’aune de la présidentielle, le RDR est plus préoccupé de sauvegarder sa cohésion interne. De son côté, le PDCI est aussi en proie à des dissensions. Certains de ses cadres n’approuvant pas que Henri Konan Bédié pose de nombreux préalables à la création du parti unique.
Alors que la présidentielle de 2020 avance à grands pas, ce méli-mélo au sein des grands partis inquiète plus d’un observateur.
« La politique est une guerre sans effusion de sang » analysait Mao Zedong. Reste à espérer que les prétendants supposés où réels sauront raison garder de sorte à éviter à la locomotive économique de l’Union Economique et Monétaire Ouest –Africaine(UEMOA) ne sombre de nouveau dans des troubles sans fin.
Soumana LOURA