Il est difficile pour l’homme de préserver ou garantir sa santé, car parfois confronté à des difficultés financières. Cependant, des initiatives communautaires poussent çà et là, pour permettre aux citoyens de bénéficier de soins appropriés et à moindre coût. Afin de donner plus de visibilité à ces initiatives, le président par intérim de la mutuelle de santé Laafi Baoré Fidèl Zerbo a été reçu par FasoPiC.
FasoPiC : Pouvez-vous nous parler de la mutuelle de santé Laafi Baoré ?
Fidèl Zerbo : La mutuelle de santé urbaine Laafi Baoré est une initiative communautaire. C’est-à-dire que c’est une structure à but non lucratif qui a été mise en place, dans le but d’aider les populations de Ouagadougou à pouvoir se soigner à moindre coût.
FasoPiC : combien de membre compte la mutuelle à ce jour ?
Fidèl Zerbo : nous n’avons pas les chiffres exacts pour le moment, mais nous pouvons dire qu’au 31 décembre 2019, la mutuelle comptait 5001 membres bénéficiaires.
FasoPiC : quels sont les conditions d’adhésions à la mutuelle de santé ?
Fidèl Zerbo : Pour adhérer à la mutuelle de santé urbaine Laafi Baoré, il faut donc résider à Ouagadougou, faire connaitre son intention en fournissant une copie de la pièce d’identité pour les personnes majeures, plus une photo d’identité. Les frais d’adhésion sont fixés à 2500F. La particularité est que ces 2500F donne droit à une carte de membre et la possibilité de pouvoir adhérer 4 autres membres de sa famille notamment l’époux, l’épouse et 3 enfants de moins de 18 ans. Pour les gens de 18 ans, c’est une copie de l’extrait de naissance plus la photo d’identité qui sont demandées.
FasoPiC : parlez-nous des avantages de la mutuelle de santé
Fidel Zerbo : avant de parler des avantages il faut dire qu’à côté des frais d’adhésions il y a les frais de cotisations. Ils sont fixés à 12 000F CFA l’année, soit une somme de 1000F CFA par mois. Une fois qu’on est à jour, le bénéficiaire a la possibilité de pouvoir accéder aux centres de santés allant des soins primaires notamment des centres de santé de promotion sociale, jusqu’aux centre hospitaliers universitaires. C’est ce qui fait la particularité de la mutuelle de santé Laafi Baoré. Ses avantages sont que, lorsque vous vous présentez au centre de santé, vous avez accès à la consultation, aux examens médicaux et aux médicaments essentiels génériques, avec une prise en charge de 70%. Par exemple si vous vous présentez dans un centre de santé et la consultation qu’elle soit spécialisée ou générale, est de 10000F CFA sur place, vous payer 3000F CFA et vous rentrez pour bénéficier de la consultation. C’est la même chose pour ce qui est des examens médicaux.
FasoPiC : ces dernières années nous entendons parler de l’assurance maladie universelle. De quoi s’agit-il concrètement ?
Fidel Zerbo : l’assurance maladie universelle, c’est ce mécanisme de protection sociale vers lequel l’Etat s’est engagé et cela en la faveur d’une loi qui a été adoptée en 2015, la loi portant régime d’assurance maladie universelle. Dans le cas de sa mise en œuvre, la mutuelle de santé Laafi Baoré a été mise à contribution. L’idée de l’assurance maladie universelle est de faire en sorte que toute la population burkinabè puisse accéder à des soins de santé quel que soit sa situation. Aujourd’hui pour quelqu’un qui est malade, aller à l’hôpital et pouvoir bénéficier des soins est un véritable casse-tête. Donc l’idée de l’assurance maladie universelle est de pouvoir lever cette barrière.
FasoPiC : Laafi Baoré comme toute autre structure a déjà certainement rencontré des difficultés. Quelles sont celles que vous avez rencontrées ?
Fidel Zerbo : Laafi Baoré en tant qu’initiative communautaire en sens que l’une des véritables difficultés que nous rencontrons est en premier lieu la question de mobilisations des ressources financières. Quand vous voyez le taux de prise en charge qui est de 70% par rapport au montant de la cotisation qui est de 1000FCFA le mois soit 12000FCFA l’année, vous allez vous demander comment est-ce que cela est possible ?
A ce jour nous avons 29 centres de santé avec lesquelles la mutuelle a des conventions pour permettre à ses bénéficiaires d’être pris en charge. Pour ces 29 centres de santé ce sont des factures à payer chaque mois. Pour le moment nous n’avons pas un mécanisme efficace de recouvrer les cotisations et pouvoir faire en sorte que les cotisations puissent pleinement arriver à couvrir les charges, les dépenses au niveau de la mutuelle. Dieu merci nous sommes à jour et en termes de paiement des factures nous n’avons pas rencontré de problèmes à ce niveau mais nous disons que c’est une véritable difficulté et nous sommes en train de réfléchir pour voir quel mécanisme on peut trouver pour y faire face. Le taux de recouvrement nous nous situons auprès de 40 à 42%.
A côté de cela, il y a aussi la question des ressources humaines. C’est une mutuelle qui vit essentiellement des cotisations qui sont payées par les bénéficiaires. Naturellement chaque bénéficiaire qui paye sa cotisation doit bénéficier des soins de santés de ce pourquoi il a payé sa cotisation donc vous conviendrez avec nous qu’on ne peut pas se permettre ou se donner le lux d’utiliser les cotisations des bénéficiaires pour payer des salaires exorbitants ou des salaires qui soient à même de pouvoir satisfaire le personnel. Ce qui fait qu’à la mutuelle nous sommes en insuffisance de ressources humaines. C’est une véritable difficulté mais que pouvons-nous faire puisqu’il y a aussi des ratios à respecter. Au niveau de l’UEMOA il y a une norme qui encadre aussi le fonctionnement des mutuelles de santé avec des ratios et que vous êtes tenus de respecter. Donc, cela constitue également une difficulté.
FasoPiC : quels sont les perspectives pour étendre les services à toute la population du Burkina Faso ?
Fidel Zerbo : nous y pensons et à l’occasion des rencontres que nous avons tenus avec les bénéficiaires, nous en avons fait cas. Même au niveau du bureau exécutif nous y réfléchissons mais pour le moment il faut que nous allions vers la maitrise de la cible au niveau de Ouagadougou. C’est ce qui fait que nous sommes résolument orientés vers Ouagadougou en tant que mutuelle urbaine. Pour étendre les services, il faut avoir une maitrise aussi des enjeux que cela peut impliquer.
FasoPiC : nous sommes en fin d’émission quels messages vous avez à l’endroit de la population ?
Fidel Zerbo : à l’endroit de la population, c’est dire tout simplement de ne pas avoir peur d’adhérer aux initiatives notamment aux mutuelles de santé parce que quand on n’est pas dedans on ne sait pas ce qu’on gagne ou ce qu’on perd. En termes d’économie on y gagne. Je suis dans la mutuelle depuis 2010, quatre ans après sa création. J’invite la population à se renseigner davantage. C’est vrai que nous ne pouvons pas accéder à tous les canaux de diffusions par faute de moyens financiers. La mutuelle à 15ans cette année d’existence.
Transcrit par Mireille Bailly