Si l’on convient avec Gaston MIALARET que « l’individu tire de son milieu environnant les éléments essentiels à sa croissance, à sa vie…», il est permis de douter de l’éventualité même de la prise de conscience de cette évidence au Burkina Faso pré et post-insurrection. Ce ressentiment ainsi exprimé n’est ni une provocation, ni une critique futile, encore moins une méconnaissance ou une prétention quelconque. Il résulte d’une profonde inquiétude face au phénomène des sachets plastiques sur toute l’étendue du territoire national. Il résulte aussi et surtout de notre inertie collective, en tête celle des gouvernements successifs du Burkina Faso face à un fléau qui, depuis plus de deux décennies au moins, apparaît comme l’une des plus grosses menaces contre l’environnement, les populations et le bétail d’un pays constamment ballotté entre doute et espoir.
Nul besoin donc d’inviter des résultats de recherches ou d’études pour souligner l’impact de ces sachets sur notre environnement, les populations et le bétail. Chacun de nous en est une victime quotidienne et peut animer une conférence sur le sujet. Chaque rue de Ouagadougou et de tous les centres urbains et semi-urbains du pays, toutes les agglomérations humaines et les brousses, mêmes les plus reculées, sont infestées par les sachets plastiques de toutes sortes et de toutes les couleurs. Aux abords des marchés et des routes, sur les réserves, dans tous les espaces éducatifs et de formations sanitaires, dans les caniveaux et les familles, partout, le drame du plastique trahit et traduit à la fois notre indifférence, notre manque d’hygiène, notre perte du sens de l’honneur, notre démission collective, notre insouciance, notre volonté de léguer aux générations futures une terre souillée et invivable, notre incapacité collective à penser à nous-mêmes et surtout et malheureusement au-delà de nous-mêmes, en un mot, notre incivisme mortifère pour lequel l’histoire nous jugera sévèrement, très sévèrement, individuellement et collectivement.
Notre démission est globale, totale et il faut craindre qu’elle soit irréversible. Les populations se sont résignées (définitivement ?) faute de leaders aussi bien à l’échelle des collectivités territoriales qu’à celle des gouvernements successifs au Burkina Faso pour répondre au phénomène. Il n’y a rien de plus normal. Dans tous les domaines et sur tous les continents, tout peuple a besoin de leader pour écrire son histoire. Face au fléau des sachets plastiques qui sont des nouvelles parures de nos arbres en lieu et place des fleurs et des fruits, il est temps que les burkinabè se ressaisissent. Cependant, il n’est pas à priori utile de repartir aux années de la gouvernance qui a créé ce drame et de passer le temps à ergoter. Il n’y a plus de temps à perdre. Il est aussi probablement quelque peu tôt de juger les gouvernants actuels sur la gestion du fléau. Mais le mandat en cours du président Roch Marc Christian KABORE devra apporter la solution définitive qui nous débarrassera de ces souillures que sont les sachets plastiques. Dans tous les cas, c’est une grande chance que le président KABORE a d’être celui-là qui aura œuvré pour que nous soyons épargnés des méfaits du fléau et pour que tout visiteur de notre pays reparte chez lui avec la conviction que le Burkina Faso est véritablement redevenu le pays des hommes intègres. Des hommes propres de l’intérieur comme de l’extérieur, au propre comme au figuré, au plan moral comme au plan environnemental.
Il ne faudrait pas que les sachets plastiques couvrent et surtout ternissent l’image du 03 janvier 1966, celle des élections de 1978, l’esprit et les réalisations de la période révolutionnaire, l’insurrection de 2014, la résistance au putsch de 2015 et bien d’autres évènements ayant marqué l’histoire du pays, d’autres valeurs et qualités des burkinabè. Toute personne qui visitera le Burkina Faso post-insurrection pour ces raisons ou pour bien d’autres, ne devra pas repartir chez elle en retenant que pour l’essentiel, notre environnement est sale, notre milieu de vie est malsain, en ville comme en campagne. Ni le visiteur, ni nous-mêmes ne devrions donc nous résoudre à craindre que cette souillure ne se déteigne sur notre intégrité, sur notre vivre-ensemble, sur notre histoire, qu’elle les masque. A tort ou à raison, il arrive que l’on tire la conclusion que tout cadre de vie reflète la personnalité de celui qui y vit. Et ce ne serait pas une fierté pour nous aujourd’hui que des gens d’ici comme d’ailleurs en arrivent à cette conclusion s’agissant du sujet qui nous intéresse. L’histoire de notre pays enseigne que les burkinabè ont dans l’espace et le temps, fait preuve de courage, de témérité, d’initiatives, de détermination et d’honneur face à des moments et des situations chaotiques. Evitons que cette même histoire retienne que notre génération est celle qui a détruit le pays en faisant du Burkina Faso un vaste et immonde océan de sachets plastiques dont les conséquences sur la santé des populations, l’impact négatif sur les sols, l’environnement et les animaux sont troublantes.
Il nous revient que nous avons déjà légiféré pour interdire la fabrication et la commercialisation des sachets plastiques. La période actuelle de notre histoire est très favorable à l’application intégrale de cette courageuse et historique décision, pour opérer la rupture dans le traitement et la gestion de ce dossier. Le moment est venu pour le ministre en charge de l’environnement et pour tout le gouvernement, d’adopter une politique volontariste permettant de faire collecter sur toute l’étendue du territoire national, les sachets plastiques prédateurs de notre environnement, donc de notre vie, celle de nos enfants et de nos petits-enfants. Le moment est venu de vider le contentieux relatif aux sachets déjà collectés, de saisir dans les marchés des villes et des campagnes tous les stocks en les rachetant au besoin, de fermer toutes les ‘‘usines’’ de fabrication de ces sachets et d’accompagner leurs créateurs à se réorienter vers des activités leur permettant de poursuivre leur apport à l’économie nationale. Les collectivités territoriales, les forces de sécurité et les koglwéogos s’il le faut, peuvent être mis à profit pour cela. Avec la volonté, une véritable volonté politique, l’on n’a pas besoin de plus de six mois, tout au plus d’une année, pour mener cette opération. Il faut surtout éviter d’opter pour le remplacement progressif de ces sachets par ceux biodégradables.
Ce serait une perte de temps dont on peut se passer. En allant au marché, chacun de nous se débrouillera pour trouver un récipient qui lui permettra de ramener ses achats. Par la suite, ou en même temps, l’alternative des sachets biodégradables pourrait être étudiée. Nous insistons : l’opération zéro sachet plastique ne doit pas excéder six mois ou une année et ne devrait pas être assujettie à la mise en circulation des sachets biodégradables. Nous sommes bien au courant de l’existence de nos jours de sachets dits biodégradables. Chacun appréciera. Et que l’on ne nous oppose pas l’argument des moyens. L’environnement est comme l’éducation et la santé : on ne peut y réussir que par la mobilisation suffisante de ressources humaines, matérielles et financières. Et on les réussi et on vit bien, ou on échoue dans l’un de ces domaines et on survit tout au plus. Autant il n’y a pas d’éducation et de santé de qualités moins chères, autant vous ne trouverez nulle part au monde un environnement de qualité à moindre frais. Il y a un prix à payer. Si le budget de l’Etat 2017 n’a pas pris en compte cette nécessité, il faut l’envisager dans le budget de 2018. Pas après. C’est un impératif de survie.
En tout état de cause, l’éradication de ce fléau ne viendra que d’un gouvernement qui va s’assumer par l’application des textes y afférents, la prise d’autres textes jugés nécessaires et par la mobilisation d’importantes ressources. Cette éradication ne viendra aussi que d’une population consciente de ses responsabilités et de son rôle, s’interdisant comme les gouvernants, de politiser un sujet qui à lui seul résume la problématique de son destin. L’histoire a offert au gouvernement actuel du Burkina Faso sur un plateau d’or la chance de réussir cette mission salvatrice. En effet, les esprits y sont préparés. Il faut profiter du contexte. Hâtez-vous donc monsieur le ministre en charge de l’environnement. L’enlisement est presque total, les conséquences suffisamment dramatiques et humiliantes, l’avenir plus que porteur de la faillite de toute notre généation.
BOUBACAR Elhadji
Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré
en service à l’ENEP de Dori
mail : boubacar.elhadji@yahoo.fr
Tel : 70 10 05 50/78 64 08 70
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