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Le Burkina Faso est un pays importateur du riz. Pourtant, la recherche nationale accorde une place importante à la filière riz. Pour mieux découvrir le secteur rizicole du Burkina Faso, nous avons rencontré le Pr Moussa Sié, Directeur de recherche au CAMES et co auteur de la création du Programme national de recherche sur le riz au Burkina Faso.
FASOPIC : Présentez-vous à nos internautes ?
Je m’appelle Moussa Sié. Je suis un ancien chercheur de l’INERA, Directeur de recherche au CAMES. J’ai été l’un des co-auteurs de la création du Programme national de recherche sur le riz au Burkina Faso. J’ai été le premier chef de programme de cette institution et par la suite le ministère de la recherche m’a envoyé au Centre du riz pour l’Afrique d’abord au Sénégal, ensuite au Mali et au Bénin. J’ai fini mes activités à Madagascar comme représentant résident de l’institution. Depuis Octobre dernier, je suis revenu au pays pour faire valoir mes droits à la retraite.
FASOPIC : Vous avez consacré votre carrière professionnelle dans le domaine de la recherche, notamment la filière riz. Etant à la retraite es- ce que la relève est assurée ?
Moussa Sié : La relève est assurée. Quand j’ai quitté l’INERA, il y a des jeunes très dynamiques qui animent le programme. Dans le domaine de la génétique j’ai contribué à la formation de trois jeunes docteurs qui ont tous leur doctorat et qui sont admis au CAMES. Pour moi c’est une fierté. J’ai fait la même chose également pour la sous-région.
FASOPIC : Parlez-nous de quelques variétés de riz que vous avez développé en tant que chercheur ?
Moussa Sié : J’ai développé plus d’une centaine de variété de riz donc c’est difficile de les citer. Je les ai développés en fonction de l’état d’avancement de la recherche. Dans un premier temps, je me suis appuyé sur les résultats de recherche au plan international. Dans un second temps, j’ai parcouru tout le Burkina Faso pour rencontrer les paysans et voir quels sont les types de riz qu’ils produisent. Cela m’a permis de faire ressortir une variété qui était très prisée au Burkina qu’on appelait le « gambiaga » pour la réactualiser et l’homologuer et qui porte le nom de « FKR n°2 ». A l’issue de la rencontre avec les paysans sur l’ensemble du territoire, on s’est rendu compte qu’ils avaient leurs savoir-faire qu’il fallait valoriser. On s’est rendu compte que le riz africain (riz rouge appelé bouangamougn) qui était négligé par la recherche internationale était considéré comme le riz des paysans et le riz blanc était considéré comme la nourriture du fonctionnaire. Quand j’ai commencé à m’intéresser à ce riz, j’ai eu beaucoup d’obstacles. Mais à force de persévérer, j’ai réussi à montrer que le riz rouge avait beaucoup de chose de plus que les variétés que nous avons l’habitude de prendre. C’est ainsi que nous developpé les variétés qu’on a appelé le NIRCA (Nouveau Riz pour l’Afrique) qui est une combinaison entre le riz asiatique et le riz africain.
Ces variétés m’ont permis d’avoir plusieurs prix. J’ai eu le prix du président du Faso au plan national, et le Prix international pour la recherche sur les variétés de riz au japon.
FASOPIC : Les variétés de riz développées par les chercheurs burkinabè sont-elles utilisées par les producteurs ?
Moussa Sié : La recherche burkinabè est au service des producteurs burkinabè. Nous avons développé ce qu’on appelle la recherche participative. On se dit que le producteur a toujours quelque chose à apprendre, il a une expérience. Si je n’avais pas rencontré les paysans, je n’allais pas créer le NERICA. C’est pourquoi nous avons intégré un système appelé la sélection variétale participative. Cela nous a permis d’être en contact avec les paysans. On s’est basé sur une théorie qui soutient que « tout ce que vous faites pour nous sans nous est contre nous ». Donc en intégrant les producteurs dans la sélection, cela les permet de s’approprier les variétés. Toutes les variétés adaptées actuellement au changement climatique sont les variétés de la recherche.
FASOPIC : Malgré les efforts de la recherche, le Burkina Faso demeure un pays importateur du riz. Qu’est ce qui explique cela ?
Moussa Sié : C’est une question de volonté politique. Aujourd’hui, la recherche a montré que le Burkina peut produire le riz et exporter. La preuve c’est que les commerçants du Mali viennent acheter le riz au Burkina. Il y a eu des politiques qui ont accompagnées la production du riz comme la subvention des intrants, les semences, les engrais qui a beaucoup encouragé les producteurs mais il y a un goulot d’étranglement. Quand on prend le secteur rizicole nous avons le secteur de la recherche qui fait son travail et propose des variétés. Nous avons le secteur de la production et la transformation. Or après la transformation, il y a la commercialisation. Pourtant on nous dit que le riz local n’est pas de bonne qualité. Si on produit et qu’on ne peut pas vendre, on ne va plus produire. L’important c’est d’avoir une volonté politique et dire qu’on veut être auto suffisant. Par exemple le Mali est auto suffisant, le Sénégal le sera bientôt et ce sont les dirigeants qui ont décidé de mettre cela au cœur de leur débat.
FASOPIC : Quels Conseils avez-vous pour les jeunes chercheurs de la filière riz du Burkina Faso ?
Moussa Sié : Je parraine déjà 03 à 04 jeunes sur le riz pour les encourager à aller de l’avant et devenir des chercheurs émérites.
Interview réalisée par M’pempé Bernard HIEN
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