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A Dakar, depuis 2011, il est interdit de manifester dans le centre-ville, notamment autour de la présidence. A chaque demande de rassemblement, notamment de l’opposition, les autorités brandissent l’arrêté Ousmane Ngom, du nom de celui qui était ministre de l’Intérieur du président Wade il y a sept ans. Mais à six mois de l’élection présidentielle, les associations de défense des droits de l’homme ont décidé de s’attaquer à cet arrêté devant la Cour constitutionnelle.
L’arrêté Ousmane Ngom, c’est un peu l’arroseur arrosé. Car les opposants d’hier qui dénonçaient son existence sont aujourd’hui aux commandes du pays et l’utilisent dès que l’opposition demande un droit de manifester en ville. Les associations de défense des droits de l’homme veulent donc sa suspension.
Seydi Gassama dirige Amnesty International au Sénégal. « C’est un décret qui viole la Constitution du pays et c’est surtout un décret qui viole le code électoral, souligne-t-il. Les candidats ont le droit d’organiser des manifestations partout sur le territoire national. »
Quatre mois après sa promulgation, un arrêté n’est normalement plus attaquable. Sept ans après, les défenseurs des droits de l’homme ont écrit au ministre de l’Intérieur pour demander sa suspension. Et c’est visiblement en leur répondant par courrier qu’Aly Ngouille Ndiaye a rouvert une fenêtre de quatre mois où la contestation est possible. Joint au téléphone, le ministre indique n’avoir « rien à dire là-dessus ».
Pour le préfet de Dakar, l’arrêté Ousmane Ngom est essentiel pour assurer la sécurité. Un argument qui ne tient pas, estime Seydi Gassama. « Il n’y a jamais eu de violences au Sénégal quand les manifestations sont autorisées et encadrées. C’est lorsque les gens interdisent les manifestations que les citoyens défendent leurs droits en défiant l’autorité », soutient-il.
En attendant la décision de la Cour constitutionnelle, l’arrêté Ousmane Ngom va en tout cas continuer de provoquer frictions, affrontements, tensions entre le pourvoir et l’opposition.
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