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Le président sénégalais, Macky Sall, a révoqué de ses fonctions le maire de Dakar, Khalifa Sall, au lendemain de sa condamnation, en appel, à cinq ans de prison pour escroquerie sur les deniers publics, selon un décret publié vendredi. Depuis, les réactions se multiplient.
Joint par RFI, Alioune Tine, défenseur des droits de l’homme, cette décision augure une campagne présidentielle tendue entre le pouvoir et l’opposition.
« La précipitation avec laquelle cela a été fait a sidéré tout le monde. C’est carrément une liquidation politique de la carrière de quelqu’un qui a consacré toute sa vie. Il s’agit donc d’une décision grave qui ne peut pas être prise d’une manière aussi rapide, aussi facile et aussi froide », a-t-il souligné avant d’ajouter que le Sénégal traverse aujourd’hui « les moments les plus sombres » de son histoire politique.
« C’est la première fois, pratiquement depuis que nous sommes engagés dans une transition démocratique, qu’il y a eu la possibilité, pour le président de la République, de révoquer des adversaires politiques, de les éliminer. Ce n’est pas une affaire facile. Je pense que cela ne peut pas ne pas avoir d’impact sur le processus électoral de 2019. L’image d’un Sénégal indépendant, d’un Sénégal, pays de référence en matière de droits de l’homme, eh bien cette image est aujourd’hui écornée sur le plan international et sur le plan africain », a ajouté Alioune Tine, expert indépendant pour les Nations unies.
Du côté des voix de la majorité présidentielle, celles-ci persistent et signent. La révocation du maire de Dakar n’a rien de politique.
Joint par RFI, Papa Biram Touré, vice-président du groupe Benno Bokk Yakaar, à l’Assemblée nationale, indique qu’il s’agit d’une décision purement administrative.
« Le Sénégal a des institutions qui fonctionnent très bien et cela ne date pas de maintenant. La séparation des pouvoirs est une réalité ici au Sénégal. Maintenant, il faut reconnaître que parmi ces gens cités, il y a des hommes politiques et il y a d’autres personnes peut-être qui seraient dans des lieux de détention pour des fautes similaires ou, en tout cas, pour d’autres fautes qui ne seraient pas politiques et c’est pour cela que vous ne les avez pas entendues. Or, les politiques aujourd’hui au Sénégal se donnent une immunité politique qui ne dit pas son nom. Cela veut dire que le politicien voudrait quand même sortir du lot des Sénégalais – qui sont des justiciables- et, chaque fois que le politique a des problèmes avec la justice, il s’arrange pour dire qu’on l’a condamné pour des raisons politiques, alors que cela n’existe pas et que cela n’a rien à voir », a tenu à souligner Papa Biram Touré.