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Ceux qui ont vécu la visite de François Mitterrand en novembre 1986 au Burkina Faso ont dû percevoir une sorte de remake ce 1er mai 2019. En 1986, rompant avec le complexe que les présidents africains ressentaient vis-à-vis de leurs homologues occidentaux et singulièrement français, le président Thomas Sankara rendait François Mitterrand et, à travers lui, l’Occident responsable des crimes commis en Angola mais aussi du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Si la remarque relevait de l’évidence, elle est perçue, encore de nos jours, comme relevant d’une folle témérité.
Près de 33 ans plus tard, son lointain successeur, Roch Marc Christian Kabore, s’est lui aussi affranchi de la règle non écrite qui veut que les Africains se contentent du rôle de spectateurs dans les crises même lorsque celles-ci les touchent en premier chef. Que le président du Faso appelle la chancelière et ses pairs occidentaux à assumer leurs responsabilités a donc quelque peu détonné. Les centaines de victimes du terrorisme méritent bien que les responsables de leurs supplices soient mis devant leurs méfaits. Ce n’est pourtant pas faute de n’avoir pas été mis en garde par l’Union africaine et les pays voisins de la Libye. Décidés à en finir avec un « guide » qui était tout sauf malléable, les Occidentaux ont fermé les yeux sur tous les risques que sa chute brutale engendrerait.
Il reste que si les Occidentaux ont fait verbalement leur mea culpa, ils ne semblent pas l’avoir traduit dans les actes .En témoigne leur attitude toujours trouble en Libye mais aussi au Mali. Si les promesses de financement du G5 Sahel sont salutaires, on est en droit de se demander sur leur efficacité éventuelle. En effet, financer le G5 Sahel tout en continuant à jouer un jeu trouble en Libye, consiste à traiter les symptômes d’une crise au lieu de s’en prendre au microbe responsable du mal.Selon certains experts, la Libye post-Kadhafi sert de base de repli et d’approvisionnement pour les terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne.
Soumana LOURA
