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Société : il faut mettre fin à la maltraitance des aides ménagères

Afin d’être autonome et s’affirmer aux yeux de la société, des filles et femmes s’adonnent au travail « d’aide ménagère » dans des familles. Cependant, comme dans tout autre travail, les aides ménagères rencontre aussi des difficultés. Mais pour venir à bout des difficultés, ces aides ménagères se sont réunies en association afin de pouvoir mieux mener la lutte. Comment arrivent-elles à faire valoir leurs droits et ne pas se laisser piéger? La présidente de l’association de défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD) Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo nous en dit plus à ce sujet.

FasoPiC : Présentez-nous  votre association.

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : l’ADDAD, c’est l’association de défense des droits des aides ménagères et domestiques. Elle a été créée en 2012 et reconnue en 2015 par les aides ménagères elles-mêmes. Aussi l’ADDAD est une association sous régionale. Elle existe dans 9 pays de la sous-région notamment la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Togo, le Bénin, la Guinée et le Burkina Faso.

FasoPiC : Quels sont les objectifs poursuivis par votre association ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : Un des objectifs majeurs de l’association, c’est de promouvoir le travail des aides ménagères, de valoriser ce travail et de défendre leurs droits.

FasoPiC : Quelles sont les conditions d’adhésion à votre association ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : pour adhérer à l’association, il faut être une aide ménagère, ou être un ambassadeur de protection des droits de ces aides ménagères.

FasoPiC : A ce jour, combien de membre compte l’association ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : Nous comptons plus de 1000 aides ménagères et nous pouvons dire que nous avons aussi des points focaux et sont au nombre de 12. Un point focal est un endroit où les filles se mettent ensemble pour aller chercher le travail dans différentes familles. Dans chaque point focal nous comptons plus de 75 membres.

 FasoPiC : Votre association rencontre-t-elle des difficultés dans le cadre des activités ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : Ce que nous rencontrons comme difficultés en général, c’est le non-paiement des salaires par les patronnes et surtout les violences physiques. En plus de cela, nous subissons vis-à-vis de la société des violences morales. Certains profèrent des grossièretés pour nous déstabiliser mais nous ne faiblissons pas, car nous tenons mordicus au respect de nos objectifs. C’est d’ailleurs ce qui nous motive le plus.

FasoPiC : quelle difficulté vous a le plus marqué ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : (hum…Ce n’est vraiment pas simple). Je dirais que c’est surtout le côté employeur, la violence morale que nous subissons. C’est-à-dire, les femmes qui nous engagent et qui parlent mal à la ménagère, qui la maltraitent, devraient avoir un côté sensible pour mieux traiter ces personnes. Elles sont aussi humaines. Elles ne doivent pas les maltraiter comme nous le voyons.

FasoPiC : avec les élections, les politiciens ne vous font pas la cour, vu votre nombre et vu que la plupart de vos membres sont non scolarisés?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : (rire) Il y en a qui nous approchent mais nous restons fermes dans notre position, celle qui consiste à valoriser le travail de ces aides ménagères et défendre leurs droits.

FasoPiC : Les Burkinabè iront dans les urnes le 22 novembre prochain pour élire le Président du Faso et des députés. Quelle importance accordez-vous à ces élections ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : C’est bien de voter, C’est bien de choisir un dirigeant mais ce qui m’importe le plus c’est de voir des dirigeants qui pourront répondre à nos exigences. Je souhaite que ces personnes une fois élues travaillent pour le bien-être des populations.

FasoPiC : Quel message avez-vous à l’endroit des futurs dirigeants de ce pays?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : Nous appelons nos futurs dirigeants à avoir un regard tourné vers nous les aides ménagères. Qu’ils donnent la chance à ces aides ménagères d’être utiles vis-à-vis de la société. Qu’ils votent et ratifient la convention 189 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).  C’est une convention qui nous protège et qui nous met dans nos droits. En plus de cela, qu’ils fassent appliquer les droits existants de ces aides ménagères.

FasoPiC : avez-vous un dernier mot ?

Sakinatou Sawadogo/Ouédraogo : À nos employeurs, je les invite à plus d’humanisme, à accepter l’autre tel qu’il est. Aux jeunes filles de rester dans la dignité et de toujours valoriser leur travail. Le travail d’aide ménagère est comme tout autre travail, c’est comme être avocat, commerçant, médecins et juristes.

Propos recueillis par Mireille Bailly

nicolas bazie

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