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Société : « le handicap n’est pas une fatalité », Marius Ouédraogo

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Certains feux tricolores et carrefours de la ville de Ouagadougou sont pris d’assaut par des individus dits mendiants, qui font de cette mendicité un métier. Si certains parmi eux sont bien portants et jouissent de toutes leurs facultés morales ainsi que de leurs quatre membres, d’autres par contre sont des handicapés moteurs. Parmi ceux-ci, Marius Ouédraogo et certains de ses camarades dont Félix Zémané, ont décidé de travailler, pour survivre et satisfaire leurs besoins.

 

Cette situation d’handicapé moteur selon Marius Ouédraogo n’est pas une fatalité. Pour lui, il est inconcevable d’avoir pour prétexte son handicap et prendre d’assaut les voies pour quémander. C’est pour préserver sa dignité, qu’il a jugé bon de créer un atelier de fabrication d’objets de décoration comme les tableaux de mariage, d’anniversaire et de saint valentin. A travers cette activité, Marius Ouédraogo handicapé moteur espère se faire de l’argent afin de s’occuper de sa femme, ses enfants et satisfaire ses propres besoins. « Je me suis dit que j’ai surement quelque chose que Dieu m’a donné. Si j’ai perdu l’usage de mes pieds je n’ai pas perdu l’ordinateur c’est-à dire ma tête. C’est en fouillant dans mes pensées que j’ai trouvé que je peux faire quelque chose d’utile », a-t-il relaté avant d’ajouter qu’il vit de ça et arrive à joindre les deux bouts. Concernant les bénéfices de son travail, il avoue qu’il y a une variation. En effet, il peut souvent vendre ses produits et avoir environ 50 000 FCFA en une semaine. Il y a des moments où il peut aussi avoir 25 000 FCFA à 30 000 FCFA dans le mois.

Dans cette même dynamique et au regard de la morosité du marché, Félix Zémané handicapé moteur et spécialisé dans les dessins, la fabrication des jeux éducatifs pour les grandes et petites sections dans les écoles, appelle à l’aide de l’Etat. « Nous avons besoin d’un appui financier pour mieux prospérer dans l’activité », a-t-il dit.

Pour être plus productifs, Félix Zémané et ses camarades ont mis en place une association des handicapés moteurs dénommée Wend Lamita. Malgré tout, les responsables de cette association disent rencontrer des difficultés depuis l’avènement du terrorisme au Burkina Faso. « On n’envie pas quelqu’un mais franchement ce n’est pas facile. Actuellement, on n’a pas assez à faire. Pourtant dans le passé, on était débordé. La situation se complique au fur et à mesure. Or c’est avec ce travail que nous subvenons aux besoins de nos familles. Nous ne savons pas mendier », a déploré monsieur Zémané.

                   Marius Ouédraogo rêve de participer au SIAO

La question de savoir si Marius Ouédraogo a déjà participé aux manifestations culturelles comme le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), il a répondu par la négation. De ses explications, il précise « qu’il n’a pas encore participé au SIAO, compte tenu du coût des espaces d’exposition » Il continue en indiquant qu’ils sont confrontés à des difficultés financières. « On a souvent besoin que quelqu’un nous épaule pour qu’on puisse participer mais hélas ! Mais ce sont des plateformes où j’aimerais montrer ce que je sais faire, et jusque-là, je suis en train de voir s’il y a une possibilité » souhaite Marius Ouédraogo.

                     Le handicap et le regard de la société

Selon Marius Ouédraogo, en Afrique quand on est dans une situation pareille, il faut avoir le mental très fort. Il avoue qu’il n’est pas mieux que ceux qui sont sur les routes pour mendier, mais la différence entre eux, c’est que lui, il a appris à relever le mental. Certes, ces mendiants ne sont pas dans une situation aussi facile que l’on pense, mais il soutient que ce n’est pas une raison valable. Donc, il faut être dure dans tous les aspects.

Marius Ouédraogo et Félix Zémané ont profité conseiller leurs camarades qui s’arrêtent aux feux et aux carrefours de puiser en eux-mêmes et de se dire que Dieu ne mettra pas de la nourriture dans leurs bouches. Félix Zémané, les a invités à s’investir dans le travail, plutôt que de s’arrêter aux bords des routes. « Il y a toujours quelque chose en nous qu’on peut exploiter », a conclu Marius Ouédraogo.

Nicolas Bazié

Bernard HIEN

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