La question de la gestion des flux migratoires n’est certes pas le seul dossier de poids à l’ordre du jour bruxellois des vingt-huit chefs d’État et de gouvernement, mais elle écrase tous les autres thèmes, tant elle est à la fois grand-public et politiquement chargée. Angela Merkel, devant le Bundestag, a plaidé pour une solution européenne et des négociations avec les pays africains.
Les positions antagonistes sont connues : les quatre pays d’Europe centrale ne veulent accueillir aucun migrant, pas même les réfugiés reconnus par les Nations-Unies et que les conventions internationales leur font obligation de protéger.
Ceci fait obstacle au système de répartition équitable des réfugiés, en particulier syriens, entre les vingt-huit pays de l’UE, pourtant régulièrement adopté par les ministres européens. C’est un camouflet sans précédent à deux principes fondamentaux de l’Union européenne : la solidarité entre pays-membres, et le respect des décisions prises en commun.
Renforcement de Frontex
Mais, paradoxalement, la tonitruante priorité donnée au contrôle des flux migratoires par les partis au pouvoir en Autriche, en Hongrie, en Italie (sans oublier la Bavière) devrait aboutir à consacrer la défense des frontières extérieures de l’UE, en premier lieu par le renforcement de la Force européenne de Garde-frontières et de Garde-côtes, dont les effectifs passeront à plus de 10 000 agents.
On n’est plus en période électorale, et plus personne ne soutient sérieusement que l’on peut se replier efficacement à l’intérieur de ses frontières nationales ; l’approche paneuropéenne s’impose donc tout naturellement.
Négociation
De son côté, Angela Merkel, dans son discours de politique générale prononcé ce 28 juin au matin devant le Bundestag a plaidé pour une solution européenne et la négociation avec les pays africains : « Nous devons négocier avec les Etats africains si nous voulons que leurs concitoyens ne quittent plus leurs pays pour gagner l’Europe en mettant leur vie en danger, en payant beaucoup d’argent à des passeurs et en soutenant des structures criminelles. Ces migrants ont très peu de chance d’obtenir un droit de séjour en Europe et nous devons discuter avec les pays africains de leur rapatriement. »
« Mais il nous faut aussi trouver des moyens de dissuader ces migrants de mettre leur vie en danger en traversant le désert, poursuit la chancelière. Nous devons discuter d’égal à égal et non pas décider seuls pour les Africains. Comme avec la Turquie, nous devons trouver des accords qui profitent aussi à ces pays et qui prévoient une migration légale pour des étudiants ou à travers des offres d’emplois. En aucun cas, nous ne devons prendre des mesures seuls qui seraient condamnées à l’échec. »
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