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Start-up de la semaine : au Burkina, Glou mise sur les fruits de saison

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Lors de son passage par l’incubateur La Fabrique l’entreprise ouagalaise Agro Deo Gracias, initialement fondée pour commercialiser des boissons (produits laitiers, eau en sachet, jus…), a revu sa stratégie marketing et s’est réorganisée autour des seuls jus de fruits de saison, 100 % naturels.

 

En ce mois d’août, l’usine de Agro Deo Gracias implantée à Saaba, dans la banlieue est de la capitale burkinabè, tourne à plein. C’est la haute saison pour cette entreprise spécialisée dans la transformation de jus de fruits de saison au Burkina Faso. La douzaine d’employés met les bouchées doubles pour faire le tri, désinfecter des lots de fruits collectés auprès d’un réseau de femmes et d’associations qui cueillent ces produits.

L’équipe de production procède ensuite à la pesée, à l’extraction de la purée ou de la pulpe en respectant des principes de formulation, de mesures des paramètres de temps et de température, avant de stériliser ou de pasteuriser le mélange obtenu et de passer à la mise en bouteille. « Nous chauffons ensuite les bouteilles pour éliminer d’éventuels germes, puis nous étiquetons et emballons le tout pour la vente », retrace Joseu Diendéré, responsable adjoint de la production, qui travaille avec sa mère Esther, la fondatrice de l’entreprise.

Ce processus de production semi-industriel permet à l’entreprise de proposer une panoplie de jus de fruits de saison 100 % naturels que la patronne, Esther Diendéré, supervise de bout en bout alors que son téléphone ne cesse de sonner. « C’est un nouveau distributeur qui peut passer une commande de 100 cartons, soit 750 000 F CFA [1 143 euros] », explique l’ex-enseignante en Sciences de la vie et de la terre du lycée protestant de Ouagadougou.
Un accompagnement productif

Aussitôt la vente conclue, le tricycle, peint aux couleurs de la société et estampillé « Hé la Glou, tu es fraîche » se met en branle pour la livraison. « Nous sommes en train de constituer un réseau de grossistes, chargés d’écouler nos produits dans les supermarchés, principalement à Ouagadougou et dans les grandes villes du pays », explique Esther Diendéré.

Si la chef d’entreprise de 55 ans, accompagnée depuis 2016 par la Fabrique, l’incubateur burkinabè des entrepreneurs sociaux dans le cadre d’un programme dénommé « Pour Elle » initié par l’ONG Occitane, tient à nous faire une visite guidée, c’est pour montrer le bond en avant que sa société a réalisé en quelques mois.

Fondée au début des années 2000, l’entreprise Agro Deo Gracias s’était en effet d’abord spécialisée dans la transformation des produits laitiers, l’eau en sachet et les jus. « L’idée de fonder une entreprise a germé lors des travaux pratiques que j’effectuais avec les élèves sur la transformation des matières premières locales. Mon objectif : faire de l’entreprise un lieu d’apprentissage pour ceux qui désirent se lancer dans la valorisation des produits locaux », explique la biochimiste titulaire d’une maîtrise de l’Université de Ouagadougou, qui veut désormais s’attaquer à de nouveaux marchés et faire pénétrer ses jus dans les habitudes.
Revoir le marketing

Et rattraper son retard sur les concurrents comme Delicio ou la Manne, pour devenir leader de son secteur « grâce à notre utilisation de fruits frais sans additifs, ni produits chimiques », précise-t-elle. Cette métamorphose est passée par le lancement, au début de l’année, de la marque Glou et par la réorganisation du circuit de vente et de distribution, notamment via la création d’un site web donnant la possibilité de passer des commandes en ligne : www.agrodeogracias.bf.

« Ces innovations ont fait exploser les ventes et de plus en plus grossistes passent des commandes », assure Anne-Claire Longour, chargée d’accompagnement à la Fabrique, qui salue une démarche d’incubation aboutie. « Au début, Mme Diendéré avait pourtant du mal à comprendre notre méthode et se focalisait sur la demande de financement, se rappelle la chargée d’accompagnement. Nous avons freiné cet élan pour diagnostiquer ensemble les goulots d’étranglement de l’entreprise, par exemple la répartition peu claire des tâches, et développé la stratégie de commercialisation des produits. »

Avec une capacité de production de 40 cartons par jour, Agro Deo Gracias atteint son pic de vente durant les fêtes, notamment grâce à ses jus de mangue. « Les clients viennent eux-mêmes s’approvisionner à l’occasion d’événements comme les mariages, observe Anne-Claire Longour, pour qui la principale difficulté tient à la saisonnalité de la production. « Les clients ont du mal à comprendre pourquoi les produits ne sont pas disponibles toute l’année », regrette-t-elle.
Une nouvelle usine en construction

Installée dans un modeste local sur une superficie de 1 012 mètres carrés, la start-up est aujourd’hui à un tournant décisif de son évolution. « Le passage par l’incubateur de la Fabrique a permis de réorganiser nos activités, de doter Agro Deo Gracias d’une vision à partir d’un diagnostic situationnel et surtout de se recentrer sur la transformation des jus de fruits de saison », résume Esther Diendéré, qui estime que ce soutien lui a permis en 2017 d’engranger un chiffre d’affaires de plus de 50 millions de F CFA et de tabler 130 millions de F CFA pour 2018, « alors qu’on était à moins de 40 millions de chiffre d’affaires annuel avant d’intégrer l’incubateur », précise la chef d’entreprise.

Un consortium de bailleurs dont l’Agence de financement et de promotion des PME, Coris Bank International et le Fonds burkinabè de développement économique et social lui donne l’occasion de voir encore plus grand en lui permettant de mobiliser plus de 115 millions de F CFA pour la construction d’un site de transformation aux normes agroalimentaires et l’acquisition des équipements. Une subvention de 21 600 euros accordée par l’entreprise française Sogea Satom a en outre permis à la société de finaliser les travaux de son atelier de production et d’installer un groupe électrogène.

Le passage par la Fabrique a donné l’envie à Esther Diendéré de continuer à améliorer ses compétences de gestionnaire. Elle a donc intégré un master en leadership et management des organisations.

Bernard HIEN

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