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Start-up de la semaine : au Maroc, AWIS redécouvre et modernise une technique ancestrale pour filtrer l’eau

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La start-up sociale AWIS (Africa Water Innovative Solutions) modernise une technique ancestrale pour potabiliser l’eau : le filtre en céramique. Déjà présente au Maroc, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie, sa fondatrice Kaoutar Abbahaddou ambitionne de se développer en Afrique anglophone.

Kaoutar Abbahaddou se souvient du jour, où juste après son entrée à l’École Mohammadia d’ingénieurs de Rabat en 2010, elle s’est tournée vers l’entreprenariat social. Avec des camarades de classe, ils profitent de la compétition Enactus International pour réfléchir à des produits qui permettent de répondre à des défis sociétaux majeurs. Ils décident ensemble de s’atteler à résoudre le problème de l’accès à l’eau potable, qui affecte encore de nombreux villages au Maroc, redécouvrant une technique traditionnelle : le filtre en céramique.

Le filtre en céramique est fabriqué à partir d’argile mélangée à de la sciure de bois (ou un autre matériau combustible tel que le son de riz). Lors de la phase de cuisson, les particules de bois brûlent et créent des microporosités qui permettent de retenir jusqu’à 99% des agents pathogènes présents dans l’eau. S’ajoute à cela un traitement à l’argent colloïdal pour éliminer plus drastiquement les bactéries.

Durant plusieurs mois, le groupe s’attelle à des recherches pour perfectionner le procédé et met au point dans les laboratoires de l’école une formule à ajouter à la céramique (gardée secrète) pour rendre le filtre encore plus efficace.
Deux types de filtres en céramique disponibles

Avec ce projet, l’équipe remporte la compétition Enactus Maroc et la finale internationale en Chine en novembre 2014. Sa création aura nécessité 6 mois de développement avec la participation du Centre antipoison et de pharmacovigilance, de l’Institut national d’hygiène et des professeurs de l’EMI. Aujourd’hui, ces filtres sont fabriqués au Maroc par trois femmes, dans les régions d’Aït Hbibi et Ouled Jerrar au Maroc.

Nous avons déjà formé 1 300 femmes depuis le lancement officiel d’Awis en 2016

Opérant depuis deux ans et demi, la start-up sociale AWIS (Africa Water Innovative Solutions) commerciale deux types de filtres, l’un à usage personnel – une bouteille de 750ml avec le dispositif sur le bouchon – et l’autre de 5 litres, à usage familial. « Nous avons déjà formé 1 300 femmes depuis le lancement officiel d’Awis en 2016, au Maroc, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie », explique Kaoutar Abbahaddou.

L’entreprise travaille avec plusieurs partenaires, notamment avec l’Institut national d’hygiène au Maroc, l’incubateur Colab en Côte d’Ivoire et l’entreprise Soscience en France. « Nous avons équipé six unités de productions dans les quatre pays où nous sommes implantés, qui ont une capacité de production de 5 000 filtres par mois. Des femmes micro-entrepreneures les gèrent. Nous leur fournissons une partie des composants et notre savoir-faire en contrepartie d’un pourcentage sur leurs ventes », précise Abbahaddou.
Difficultés techniques et financières

« Nous avons eu des difficultés d’ordre technique dans l’élaboration de ce projet. C’est la raison qui nous a poussé à solliciter l’aide de plusieurs experts pour la conception de nos produits », détaille-t-elle.

« Nous avons également eu des problèmes de financement. Commençant par du sponsoring, nous avons ensuite participé à plusieurs concours. Gagner des prix nous a permis de lancer notre activité, mais nous avons dû investir des fonds propres, le financement recueillis étant insuffisant pour investir dans la R&D. » poursuit-elle. 100 000 dirhams gagnés au cours des différentes compétitions ont été investis depuis le lancement de l’activité d’AWI.

Nous prévoyons d’être rentable d’ici 2020

Quant au futur : « Nous prévoyons d’être rentable d’ici 2020. Nous sommes à la recherche d’investissements pour pourvoir déployer nos solutions à grande échelle », ambitionne Kaoutar Abbahaddou. « Notre objectif est de toucher 0,5% de la population qui n’a pas accès à l’eau potable en Afrique d’ici 3 ans et de former 5 000 femmes micro-entrepreneurs en Afrique. »

« L’implantation en Afrique doit se faire de manière progressive afin de cerner plusieurs aspects, notamment les régulations, la logistique, la disponibilité des matières premières et d’autres aspects techniques », indique-t-elle. « Nous souhaitons, à moyen terme, nous installer dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et sur le long terme, nous visons les pays africains anglophones. »

« Je travaille actuellement sur un prototypage d’un système de filtration qui sera alimenté par l’énergie solaire. Nous ciblons la population qui n’a pas accès à l’eau potable, un marché sous-estimé par la plupart des industriels en raison de son faible pouvoir d’achat et la cherté de leurs solutions. Grâce à nos solutions, nous pensons pouvoir devenir leader très rapidement sur ce marché à haut potentiel de près de 600 millions de personnes », se projette Yassine Abbahaddou, étudiant à l’École centrale de Paris et associé à sœur au sein de AWIS.

Ahmed OUEDRAOGO

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