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Concepteur de la marque GX226, émissaire incontesté du Faso Dan Fani dans tous ses gouts de style, Georges de Baziri est aujourd’hui un modèle dans ce milieu où la réussite n’est jamais certaine. En effet, présent dans la couture depuis son jeune âge, cet homme qui n’est plus à présenter au public fait la fierté du pays des hommes intègres au-delà des frontières. Il a également des ambitions nobles pour la jeunesse de son pays. Dans cette interview, Fasopic dévoile l’homme ainsi que ses projets pour le Burkina.
Fasopic : Qui est Georges de Baziri?
Georges KABORE : Je m’appelle Georges Pascal KABORE à l’état civil. Mon nom d’artiste est Georges De Baziri. Né le 22 janvier 1957 à Kokologho, j’ai grandi à Vavoua en Côte D’Ivoire. Après mes études primaires et secondaires de 1963 à 1975, je dépose ma valise à Abidjan en Février 1977 pour apprendre la couture chez un oncle.
Fasopic : De là, vous vous retrouvez en France pour vous former, mais vous y restez finalement …
Georges de Baziri : C’est vrai que j’étais parti pour uniquement me former et revenir. Mais…. la vie est ainsi faite… Je reste toujours attaché à ma source, à mon pays et chaque année je suis ici au moins trois à quatre fois.
Fasopic : Parlez-nous de votre vie professionnelle à Paris !
Georges de Baziri : A Paris, je ne vis pas que de la couture. Je suis fonctionnaire à la Mairie de Paris et mon boulot, c’est de 6 h à 14 h. A la descente, je me lance maintenant dans mon second boulot, la couture. Et Dieu merci, ça va, ça marche bien ; les Burkinabè de Paris ont commencé à aimer ce que je fais et je leur suis reconnaissant pour cela. Il y a aussi parmi ma clientèle, des Ivoiriens, des Camerounais, etc., qui sont friands de mon label GX 226.
GX, ce sont les initiales de mon prénom et de celui de mon petit frère ; le G pour Georges (que je suis) et le X pour le petit frère, Xavier. A ces initiales, nous avons simplement ajouté l’indicatif téléphonique du Burkina qui est le « 226 ». Ce qui fait GX 226 que nous avons lancé en 2010.
Fasopic : En quoi consiste le métier de styliste?
Georges KABORE: Le métier de Styliste consiste à créer c’est- à- dire que le styliste doit savoir dessiner, avoir de l’imagination et surtout de la créativité. Il est censé savoir exécuter toute sorte de modèle en termes bien définis selon l’événement si toutefois il y en a. Aussi, le styliste doit être sans cesse dans un rythme continu de création.
Fasopic : Quelle appréciation faites-vous de la mode burkinabè actuelle?
Georges KABORE: La mode burkinabé est en plein essor, elle est prometteuse. Mais, encore faut-il avoir beaucoup de moyens, d’infrastructures et ateliers de couture pour que les choses puissent avancer.
Fasopic : Vous avez créé votre label qui est connu en France. Quelle est votre stratégie d’implantation au Burkina ?
Georges de Baziri : C’est vrai que les gens nous demandent où est-ce qu’on peut trouver notre label à Ouaga. Nous sommes en train donc de voir comment être plus présent au Burkina. Pour le moment, à part l’atelier « GX226 » qui est situé à la Patte d’Oie non loin de la gare routière,
mon ambition, c’est surtout d’ouvrir une école de formation au Burkina pour venir en aide aux jeunes qui ont la passion pour le métier et leur faire comprendre aussi qu’on peut réussir partout où l’on est.
Fasopic : Pourquoi avez-vous décidé de valoriser le faso Dan Fani et pas autres pagnes?
Georges KABORE: Mon but est de mettre en lumière ma création qui est exclusivement conçu en textile traditionnel le Faso Dan Fani aussi appelé pagne tissé de la patrie. Il symbolise le patriotisme burkinabè ; et le fait de connaître son histoire ainsi que son origine peut avoir une influence sur la perception de la création. Le Faso Dan Fani est devenu aujourd’hui un référent culturel du Burkinabè où qu’il se trouve.
Fasopic : Le Faso Dan Fani est valorisé par le gouvernement actuel. Quelle appréciation faites-vous de cette décision?
Georges KABORE: J’apprécie le Président de la République, le Premier Ministre, le Président de l’Assemblé et les membres du gouvernement qui valorise bien le Faso Dan Fani. Je les exhorte à s’habiller en Faso Dan Fani surtout quand ils partent à l’étranger. C’est un moyen de valoriser notre étoffe traditionnelle.
Fasopic : Quelles actions concrètes attendez-vous de l’État pour une mise en valeur effective du Faso Fan Fani ?
Georges KABORE: Elles sont d’ordres budgétaires c’est à dire qu’elle puisse mettre des investissements dans la formation d’ordres théorique et pratique pour que le stylisme burkinabè puisse exceller.
Fasopic : A votre niveau, que comptez-vous initier pour promouvoir davantage ce pagne burkinabè à l’extérieur ?
Georges KABORE: Valoriser et mettre en avant le Faso Dan Fani, de ce fait, j’ai créé une association dont je suis le Président : Association des Créateurs Burkinabè de France (ACBF). Le but de cette association est de mettre en lumière le Faso Dan Fani en Europe à travers un événement culturel qui a lieu tous les premiers Samedi de mois de Juin de chaque année à Paris.
Fasopic : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans vos activités ?
Georges KABORE: la majeure difficulté rencontrée est celui de la main d’œuvre. C’est pourquoi j’estime qu’il faut mettre l’accent sur la formation dans le domaine qui mérite d’être soutenu car à mon avis, la couture à un réel avenir au Burkina.
Fasopic : Outre le stylisme qu’elle autre activité menez-vous?
Georges KABORE: Je donne des cours de couture bénévolement, je propose mes services et donne des conseils aux personnes dans le besoin. Je fais des retouches. Comme on le dit souvent, il n’y a pas d’âge pour apprendre. Je suis en formation actuellement dans une école de haute couture et à cet effet, je compte ouvrir une école de haute couture à Ouagadougou pour transmettre ce que j’ai appris en France à la jeunesse de mon pays.
Fasopic : Quelles conseils avez-vous à l’endroit des jeunes qui veulent emboiter vos pas?
Georges KABORE: Si j’ai un conseil à donner, c’est qu’il faut laisser libre court à sa créativité … La nouvelle génération est prometteuse et il faut une bonne dose d’humilité pour commencer… Plutôt opter pour l’inspiration que l’imitation car on pointe facilement du doigt pour un manque d’originalité dans le domaine du stylisme. Il faut donc oser et ne pas avoir peur de l’échec ; cela fait partie de l’apprentissage : « c’est en répétant que l’on s’améliore ». Enfin, être à l’écoute et beaucoup observer et toujours apprendre quand on peut.
Entretien réalisé par Wendemi Annick KABORE