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Ces « deux mondes ne s’opposent pas », a renchéri la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Selon elle, il faut « assumer le choix de réorienter notre système de santé au bénéfice de la prévention, sans rien abdiquer de l’excellence de notre système de soins ».
Au total, ce plan « Priorité prévention » représente 400 millions d’euros pour 5 ans.
Signe de son importance, il a été présenté lors d’un comité interministériel au siège de l’agence sanitaire Santé Publique France (Val-de-Marne).
Le plan comprend quelques mesures très concrètes. D’abord, les traitements anti-tabac vont progressivement être remboursés comme n’importe quel médicament.
Cette prise en charge remplacera le forfait de 150 euros par an qui couvre actuellement les substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles, inhaleurs…) prescrits sur ordonnance.
Le but: « lever les freins liés à l’avance de frais systématique » entraînée par le forfait, pour inciter davantage de fumeurs à arrêter.
« Ce mouvement est progressif car il implique une démarche des laboratoires », selon le plan. On ignore encore à quel taux ces traitements seront remboursés.
– « 73.000 morts par an » –
Selon un arrêté paru samedi au Journal officiel, le premier produit concerné par cette mesure sera Nicotine EG (fabriqué par EG Labo), à compter de mercredi. D’autres substituts nicotiniques, actuellement pris en charge dans le forfait de 150 euros, devraient suivre, comme Nicorette (Johnson & Johnson), Nicopass (Pierre Fabre), Nicotinell (GSK) et Niquitin (Omega Pharma).
La lutte contre le tabagisme est un des chevaux de bataille de Mme Buzyn, déjà à l’origine de l’augmentation du prix du paquet de cigarettes à 10 euros d’ici novembre 2020.
« C’est un vrai ennemi, le tabac: 73.000 morts par an y sont liées », a souligné M. Philippe, alors que le nombre de fumeurs est de plus de 13 millions.
Par ailleurs, le plan prévoit d' »élargir les compétences vaccinales des professionnels de santé ».
Le gouvernement veut ainsi « généraliser dès 2019 » sur tout le territoire la vaccination en pharmacie contre la grippe. Une expérimentation sur certaines populations s’est déroulée avec succès dans deux régions, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes.
Entre octobre et fin janvier, 155.944 personnes ont été vaccinées contre la grippe en pharmacie dans ces régions-tests, soit quatre fois plus que l’objectif initial, selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo).
– « Interdit aux femmes enceintes » –
« Il est évident que la généralisation ne pouvait qu’arriver rapidement », a estimé le président de ce syndicat, Gilles Bonnefond, lundi sur RTL, rappelant que « la formation est obligatoire » pour les pharmaciens pratiquant la vaccination à l’officine.
La mesure annoncée par le gouvernement ne concernera toutefois pas tous les adultes, comme le demandaient les pharmaciens: à l’instar de l’expérimentation, la vaccination se limitera aux patients à qui le vaccin est recommandé (plus de 65 ans, patients souffrant de certaines pathologies etc.) et exclura les femmes enceintes et les personnes qui se font vacciner pour la première fois.
Autre mesure concrète: le gouvernement veut « introduire un troisième programme national de dépistage organisé, celui du cancer du col de l’utérus » (3.000 nouveaux cas et plus de 1.000 morts par an), après le cancer du sein et le cancer colorectal.
« Toutes les femmes n’ayant pas réalisé de frottis dans les 3 dernières années seront invitées à le faire, avec une prise en charge à 100% », selon le plan.
Parmi les autres mesures notables, le plan propose d’agrandir le pictogramme « interdit aux femmes enceintes » sur les bouteilles d’alcool en 2019 et de renforcer le dépistage de l’hépatite C pour éliminer cette maladie à l’horizon 2025.
Ce week-end, la CGT et la CFDT ont anticipé la publication du plan en réclamant au gouvernement « d’arrêter la saignée » de l’agence Santé publique France et de « la doter de moyens cohérents avec les discours affichés ». C’est « un plan qui cache la misère », ont critiqué les deux syndicats.