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La fête de l’aid el Adha ou l’aid el kebir communément appelée « tabaski » arrive à grandes enjambées. Parmi ceux qui observent cette célébration, c’est le branle-bas, le combat pour se procurer le fameux mouton de sacrifice. Lequel devient de plus en plus cher en partie à cause de l’insécurité des zones d’élevage, mais pas seulement.
Pour être l’un des plus grands marchés de la ville de Ouagadougou, le marché de Tanghin situé au nord de la ville n’en devient pas moins étroit lorsque la fête de la tabaski approche. C’est ce qu’il nous a été donné de constater le 08 août à quelques jours de la « fête du mouton » comme elle est surnommée au Burkina. L’aire de vente des bêtes déborde en effet des limites du marché du fait de l’affluence des marchands, des clients et de petites vendeuses qui ont flairé le créneau pour se faire de bonnes affaires. Clients et marchands s’adonnent à des marchandages passionnés tout en palpant les animaux comme pour s’assurer qu’ils sont bien gras et répondant aux critères requis pour l’immolation. Ceux des marchands qui ne trouvent pas de clients s’occupent à donner qui de l’eau qui de la nourriture aux animaux de sorte qu’ils conservent leur allure.
Les clients doivent avoir la nostalgie des années antérieures quand les prix étaient déjà élevés mais largement qu’ils le sont cette année. C’est du moins ce que nous confie Abdel Kader, un fonctionnaire qui est venu pour se procurer un mouton mais qui de guerre lasse, a décidé de faire contre mauvaise fortune, bon cœur : « Je viendrai demain pour voir. Peut-être qu’ils seront plus accessibles. » Une inflation qui trouve son explication dans la crise que traverse les zones septentrionales pourvoyeuses de bêtes. « Avant ce sont nous qui partions avec des camions nous approvisionner au nord. Maintenant, nous n’osons plus arriver là-bas. Les éleveurs sont donc obligés de convoyer leurs bêtes à Ouagadougou, souvent à pied… » explique Amadou Koita, spécialisé dans l’exportation d’animaux vers les pays côtiers.
A entendre M. Koita, la cherté des animaux n’est pas seulement due à l’insécurité. « Transporter des moutons au Burkina, c’est comme s’adonner à un commerce illicite » regrette celui qui dénonce les tracasseries routières qui sont de nature à plomber l’exportation des animaux selon lui. « A chaque poste de douane il faut débourser de l’argent » assure-t-il. Conséquence ; les prix des moutons sont plus élevés au Burkina que dans les pays où il exporte. Lui aussi vendeur, Saidou Kaboré taxe aussi l’insécurité mais aussi les politiques en matière d’élevage qui ne profitent qu’aux membres de l’administration qui une fois à la retraite investissent dans des fermes. «Voyez vous-mêmes, le prix des tourteaux a presque quadruplé en 10 ans. Les prix ne peuvent qu’être élevés ! » Qu’à cela ne tienne, des camionneurs présents aux quatre coins du marché n’attendent que de faire le plein pour prendre la direction des pays côtiers.
Soumana LOURA