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Au Tchad, Idriss Déby, qui conjurait, à l’occasion de la Tabaski, les rebelles du nord d’abandonner la lutte armée et les syndicats de mettre un terme à la grève dans la fonction publique, s’est vu opposer une fin de non-recevoir par les principaux intéressés. Du côté des syndicats comme de celui du CCMSR responsable de l’attaque de Kouri Bougri, on renvoie la responsabilité de la situation actuelle sur le gouvernement.
Ce 20 août, le président tchadien Idriss Déby Itno a évoqué les questions d’actualité dans un discours aux vœux que lui présentait le Conseil supérieur des affaires islamiques tchadien à l’occasion de la fête du sacrifice, l’Aïd d’al-Adha, appelé Tabaski en Afrique de l’Ouest.
Le chef de l’Etat s’est adressé à la rébellion tchadienne, appelant les rebelles à laisser tomber les armes et à rentrer dans le pays pour participer à la reconstruction. Il a fait une allusion à peine voilée à l’attaque de la rébellion contre l’armée dans l’extrême-nord du pays, à Kouri Bougri, le 11 août.
Le président tchadien a ainsi affirmé que « s’accrocher à la rhétorique guerrière » était une « option suicidaire et sans issue ». Pour lui, « l’époque de conquête du pouvoir par les armes est à jamais révolue ».
« Idriss Déby, c’est sa méthode, réagit Kingabé Ougouzeïmi, porte-parole du Conseil du commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), mouvement responsable de deux dernières attaques contre l’armée au Tchad. Il nous dit que « l’époque de prendre le pouvoir par la guerre est révolue ». Quand il a pris le pouvoir, le Tchad était relativement bien géré quand même du point de vue économique. L’administration était en place. Où en est-on maintenant ? En 28 ans de règne, qu’est-ce qu’il a fait pour empêcher que des Tchadiens prennent les armes ? »
« Ce n’est pas par gaîté de cœur que nous avons pris les armes, poursuit Kingabé Ougouzeïmi. Un exemple : de février 2008 jusqu’au 11 août 2018, il n’y avait pas la guerre au Tchad. Aucune rébellion n’a tiré sur le peuple tchadien ou en direction de l’armée tchadienne. Mais entretemps, qu’est-ce qu’on a fait ? Est-ce que cela a permis à Idriss Déby de mettre en place une administration efficace, de gérer le pays pour le bien du peuple ? Rien. Au contraire, il se croit puissant, invincible, intouchable. Mais nous allons lui prouver le contraire ».
« Dialogue de sourds » syndicat-gouvernement
Dans son discours, le chef de l’Etat tchadien a aussi appelé les syndicats de son pays à prendre « conscience des effets induits de la crise sociale ». Depuis plusieurs mois, des secteurs entiers du Tchad sont paralysés par des mouvements de grève. Idriss Déby a dénoncé l’attitude contre-productive des syndicats en matière de dialogue social. Les syndicats considèrent eux que la paralysie que connait le pays incombe au gouvernement.
« Avec le gouvernement, nous ne sommes pas des ennemis, estime Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad. Nous sommes des partenaires. Nous nous respectons mutuellement et les choses doivent se faire en concertation. Nous tous, nous allons assumer. Et il faut aussi que le gouvernement fasse un effort pour respecter ses engagements, c’est un peu cela aussi le problème. C’est nous-mêmes qui faisons beaucoup plus du dialogue. Mais quand on dialogue avec quelqu’un, le respect doit être mutuel dans le dialogue. Alors quand nous dialoguons comme des sourds, on ne peut pas évoluer du tout ».
« Quand nous faisons une petite proposition, nous nous attendons à un retour d’une autre proposition aussi pour que le débat continue, poursuit le syndicaliste. Quand on nous dit : « on n’a rien à vous donner », quels sont ceux qui n’aiment pas le dialogue ? Nous pensons que c’est de notre côté que le dialogue se fait, et de l’autre côté, c’est une imposition pratiquement. La responsabilité incombe au gouvernement ».
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