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En marge de l’Africa CEO Forum, organisé à Abidjan les 26 et 27 mars 2018, Bruno Mettling, PDG d’Orange Middle East and Africa, a dévoilé à Jeune Afrique les prochaines étapes du développement de l’offre de services financiers du groupe de télécoms français.
Fin novembre 2017, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, évoquait devant Jeune Afrique la nécessité pour le groupe d’« accomplir une mutation pour devenir une banque de plein exercice ». Fin mars, à Abidjan cette fois, le patron chargé de la zone Afrique du géant français des télécoms, Bruno Mettling, semble très près de franchir cette barrière. « Nous avons réfléchi et nous proposons de faire évoluer en 2018-2019 les services d’Orange Money en y ajoutant des produits en épargne, en crédit et en produits d’assurance », a-t-il indiqué à Jeune Afrique durant l’Africa CEO Forum.
Orange n’a jamais caché son ambition d’accroître le portefeuille de services financiers proposés via son offre de mobile money. Mais ces ambitions ont été contrecarrées, début 2017, par la BCEAO qui a freiné son projet de réaliser des transferts de monnaie électronique entre la zone UEMOA et la France. Elles sont également limitées par la licence d’émetteur de monnaie électronique obtenue en mars 2016 au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire, qui ne lui permet toutefois pas d’émettre du crédit ou de réaliser des prêts.
Du pico-crédit à des « produits d’épargne simple et d’assurance »
Les nouveaux services qu’entend proposer Orange vont du pico-crédit (jusqu’à 100 euros) au micro-crédit (quelques centaines d’euros), à des « produits d’épargne simple et d’assurance » (santé, décès…). Orange compte lancer dans quelques semaines son offre de pico-crédit à Madagascar, avant de l’étendre au Mali avant la fin du premier semestre puis, en Côte d’Ivoire et au Sénégal d’ici la fin 2018. Seront ensuite couverts le Niger et la Guinée.
« C’est une évolution normale qui suppose effectivement, du point de vue juridique, que nous ayons des licences bancaires. Nous examinons les conditions dans lesquelles nous pouvons, selon les pays, soit avoir un partenaire bancaire et être distributeur de ses produits, soit, pourquoi pas, être directement partenaire d’une banque – avec une acquisition –, en étant producteur. Nous allons faire évoluer notre statut juridique au fur et à mesure que nous développons ces nouveaux services », a indiqué Bruno Mettling àJeune Afrique.
Nous n’avons pas exclu d’être nous-mêmes un producteur de crédits
Interrogé sur le modèle que choisira Orange pour offrir ces nouveaux services, le manager français reste prudent. « Nous n’avons pas exclu d’être nous-mêmes un producteur de crédits, donc d’avoir l’ensemble de la chaîne de valeur notamment dans les zones où la stabilité de la monnaie le permet, avec l’existence de règles claires, prouvées et supervisées par une structure centrale. C’est notamment le cas dans la zone UEMOA. Ce qui nous permettrait de réfléchir à une option plus ambitieuse. Ce n’est pas encore finalisé. Cela n’exclut pas que l’on fasse dans une première phase de la distribution et qu’ensuite nous passions à un modèle de producteur ».
Des services adressés aux revenus modestes
Anticipant les critiques et la grogne des groupes bancaires, il ajoute : « Il faut arrêter d’opposer la banque et le paiement mobile. La réalité est que ce dernier couvre depuis l’origine et largement, pour 85 %, une population qui n’a pas accès aux services bancaires et qui n’a pas accès aux crédits. Autrement dit : aujourd’hui ce sont les systèmes de solidarité informelle qui permettent à ces populations d’obtenir du crédit, ce ne sont pas les banques. Les populations concernées n’ont pas accès au crédit bancaire. »
Il est tout à fait logique que les banques veuillent développer des services sur mobile
Moins rapides peut-être à saisir le potentiel financier représenté par ces populations aux revenus modestes, les banques africaines, qu’il s’agisse de Equity Bank, pionnière en la matière, mais aussi de Kenya Commercial Bank, Ecobank ou encore Standard Bank, ont multiplié les efforts depuis le début de la décennie pour accroître leur offre de banque mobile et de services en direction de cette clientèle. « De la même façon que nous exerçons des activités qui étaient traditionnellement réservées aux banques, il est tout à fait logique que les banques veuillent développer des services sur mobile. C’est le sens de l’histoire. Derrière, il n’y a que des gagnants : les populations accèdent simplement désormais à des services auxquels elles n’avaient pas accès jusqu’à présent », assure Bruno Mettling.
Présent dans 20 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, dont le Maroc, l’Égypte, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la RD Congo, Orange y compte 130 millions de clients pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros en 2017. Orange Money est disponible dans 17 pays et compte plus de 37 millions de clients, dont 12,1 millions de clients actifs.
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Le secteur des énergies renouvelables, une autre cible
L’opérateur de mobile français vient d’achever la phase pilote du projet en testant la distribution de 1 000 kits solaires au Sénégal et au Mali entre 2016 et 2018, a également annoncé Bruno Mettling, le 27 mars, en conférence de presse.
La phase grandeur nature a démarré cette année, avec la start-up BBOXX, son partenaire britannique. L’objectif est de distribuer environ 15 000 à 20 000 kits dès cette année, à un prix unitaire compris entre 100 et 200 dollars en fonction des pays.
Après Madagascar et la RDC, où la phase de distribution a déjà commencé, Orange prévoit de profiter de la Coupe du monde de football 2018 en Russie pour lancer la distribution des kits au Sénégal, au Mali, en Guinée et en Côte d’Ivoire. « Nous nous occuperons de la location, de la maintenance et du service après-vente des kits. Ce sont des enjeux sur cinq à dix ans », a expliqué Bruno Mettling, qui a notamment cité le cas de Kinshasa, où le premier test de distribution de kits a été un succès, avec 5 000 unités écoulées en moins de deux mois. La croissance rapide envisagée de ce service devrait amener Orange à porter son ambition sur la distribution de 400 000 à 500 000 kits dans un horizon de cinq ans.
MTN, l’un des principaux concurrents d’Orange, avait de son côté lancé dès la fin 2017 la phase pilote de son projet de distribution de kits solaires en Côte d’Ivoire et au Nigeria, en association avec le néerlandais Lumos.