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Crise sécuritaire, crise humanitaire, crise sanitaire. Depuis 2015, le navire battant pavillon Burkina Faso tangue dans des eaux tumultueuses. Les conséquences de ces différentes crises se manifestent sévèrement sur le plan humain, économique, social,… Même si le pays et ses habitants font montre d’une remarquable résilience face aux différentes ménaces, force est de constater qu’une solution définitive et globale de sortie de crise se fait toujours attendre. Au grand dam des gouvernants et gouvernés. C’est dans ce contexte de crise protéiforme que les élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 pointent à l’horizon. Faut-il les tenir envers et contre tout ? Convient-il au contraire de les reporter à une date plus convenable ? Le débat reste ouvert.
Après la première attaque terroriste d’envergure de janvier 2015, les FDS burkinabè, appuyées par les services de renseignements, sont rapidement montées en puissance. Aujourd’hui, elles sont beaucoup plus aguérries aux stratégies de la guerre asymétrique. Grâce aux réseaux de renseignements, les FDS deployées sur les différents théâtres d’opération arrivent régulièrement à déjouer les plans macabres et machiavéliques de l’ennemi. Dans leur tactique proactive, elles parviennent même à prendre le dessus sur les terroristes, à les surprendre et à leur infliger de loutrdes défaites en cas de confrontation. C’est ainsi que des centaines de terroristes ont été neutralisés à travers le pays par les braves FDS qui se donnent corps et âme pour protéger les Burkinabè et défendre l’intégrité territoriale du pays. Malheureusement, la tâche est parfois rendue ardue car certains Burkinabè (sans distinction d’ethnie ou de rang social) choisissent de collaborer avec les terroristes permettant ainsi à ces derniers d’endeuiller de nombreuses familles. Lorsque des cas de complicité avérée sont établis, il est du devoir des FDS de rechercher et de mettre hors d’état de nuire tous les suppôts des terroristes. Nous l’avons déjà écrit. Nous le reepetons. Le défi dans ce contexte sécuritaire préoccupant est de continuer à protéger les populations, les personnes et les biens et défendre l’intégrité du territoire dans le strict respect des droits humains et du droit international humanitaire. Ces modules sont enseignés dans tous les centres de formation militaire au Burkina Faso. La hiérarchie veille à leur application. En cas de bavure (il en existe dans toutes les armées du monde), les contrevenants sont sanctionnés conformément à la discipline militaire. En dépit des incessantes attaques, force est de reconnaitre que les FDS s’évertuent à rester républicaines. Les opérations de sécurisation du territoire sont menées en respectant le principe de la gradation de la force que sont successivement le simple contrôle, l’interpellation, l’arrestation et la neutralisation en cas de nécessité. A titre d’exemple, il y a à ce jour des centaines de présumés terroristes dans les prisons de haute sécurité au Burkina Faso. C’est à l’honneur de l’armée. Une organisation comme human rigths watch (HWR) qui a encore accusé l’armée burkinabè d’exactions le 20 avril dernier, doit se le tenir pour dit. Le parallélisme des formes voudrait que cette organisation monte au créneau chaque fois que des FDS sont attaquées ou lorsque d’innocentes populations sont massacrées par des terroristes. Mais elle reste désespérément aphone et atone. En dépit des cris d’orfraie lancés par HWR, les Burkinabè doivent continuer de soutenir leur armée dans cette guerre impitoyable contre l’hydre terroriste. Personne ne viendra se battre à notre place. Dans cette logique, et face à la détresse des populations de Djibo, une action forte est attendue de la part des FDS. En commandant en chef des boys, le Président Roch Kaboré ne saurait laisser la situation actuelle de Djibo perdurer. Le mot d’ordre aux FDS est clair. Au front pour sauver Djibo !
Alors le Covid-19 continue de se propager, le risque terroriste demeure. Les mouvements terroristes ont intégré la crise sanitaire et sécuritaire actuelle et considèrent les opportunités d’actions qui leur sont offertes. La progression de leurs propagandes respectives suit des étapes similaires : d’abord une explication sur la nature de la pandémie (volonté divine) d’un côté, (complot mondial, réplique de la nature, oeuvre du capitalisme) de l’autre. Il est donc pertinent d’anticiper leurs modes d’actions potentiels afin de pouvoir les contrer. Une réponse pénale forte contre les actions de contamination volontaire est nécessaire. Il convient également de renforcer les mesures de sécurité autour des centres de soins car les terroristes peuvent bien attaquer un hôpital bondé. Les FDS et les citoyens ne doivent point baisser la garde. Bien au contraire !
Faut-il maintenir le calendrier électoral ?
Dans un contexte si incertain, faut-il maintenir les élections du 22 novembre ? La décision du report ou du maintien des élections ne saurait être prise de façon unilatérale. Au regard des implications du de l’une ou l’autre option, toutes les forces vives de la nation (partis politiques, OSC, leaders religieux et coutumiers,…) doivent être impliquées dans la réflexion. Il faut un consensus général sur cette problématique pour éviter des crises pré ou post-électorales inutiles. En ce sens, il convient de saluer l’initiative que le Président du Faso a prise de consulter la CENI, les partis de l’opposition et de la majorité et bien d’autres acteurs de la société sur la situation nationale et les échéances électorales. Serait-il indiqué de maintenir les élections si la propagation du covid-19 devenait incontrôlable au Burkina Faso ? La France a opté de maintenir le premier tour des municipales en plein covid-19. Aujourd’hui, le pays enregistre plus de 20 000 morts. Après 03 reports, le Mali a décidé de tenir ses législatives en mars et avril. Depuis, le nombre de cas de Covid-19 et de morts va crescendo. Le Burkina Faso doit tirer leçons des expériences vécues dans les autres pays. Comment les élections peuvent être organisées si les opérations d’enrôlement sont impossibles du fait du covid-19 ? Comment les candidats battront-ils campagne ? Qu’en sera-t-il du taux de participation et de la légitimité de ceux qui seront élus ? L’avis technique de la CENI sera très déterminant pour la suite du processus. Dans l’hypothèse où les élections seraient impossibles en novembre, quelle peut être l’alternative ? Gouvernement d’union nationale ? Transition ? Quelles peuvent en être les modalités ? Les différents acteurs doivent discuter sans faux fuyants pour parvenir rapidement à un modus vivendi qui n’aura pour seule préoccupation, que l’intérêt supérieur des Burkinabè et du Burkina Faso. Entre crise sécuritaire, humanitaire et sanitaire, le pays des hommes intègres ne doit point se désintégrer.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou