[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
Le terrorisme ne connaît pas de frontière. On ne vit pas plus en insécurité au Burkina Faso qu’en France ou aux Etats Unis. Les alertes rouges reposent sur des critères occidentaux qui ne sont pas toujours en adéquation avec nos réalités. Il ne faut donc pas se laisser berner. Il est parfois plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin que la poutre dans le sien. Du reste, de nombreux occidentaux qui vivent paisiblement au Burkina Faso rient sous cape quand ils voient ces cartes du pays rougies à l’excès par certaines chancelleries. Nul ne nie le fait que le pays traverse une situation sécuritaire assez difficile. Mais de là à peindre tout en rouge, il y a assurément un pas qu’il faudrait se garder de franchir.
Du nécessaire sursaut patriotique
Maintenant que les Burkinabè sont coutumiers du fait, il leur appartient de ne pas contribuer à ternir l’image de leur pays. Le Burkina Faso revient de loin. Il parviendra comme l’histoire l’a toujours démontré, à faire face victorieusement à l’adversité. Il faut donc continuer à agir avec bravoure, fierté et dignité en dépit des attaques terroristes. Si chaque citoyen doit jouer sa partition comme cela se doit, les acteurs politiques sont plus interpellés. Ils se doivent de donner une autre image que celles de boulimiques du pouvoir prêts à bruler le pays s’il le faut pour assouvir leur dessein.
Les dernières sorties du CFOP et de l’APMP s’accusant mutuellement de tous les pêchés d’Israël sont bien malheureuses. A un certain moment, il faut savoir taire ses divergences et aller à l’union sacrée. Dans le cas d’espèce, le pays recherche des solutions concrètes et non des invectives et autres procès en sorcellerie. En ce qui concerne la carte, la diplomatie burkinabè doit pouvoir se faire entendre. Le Burkina Faso doit se faire respecter en tant qu’Etat souverain.
Gloire et honneur aux FDS
Par rapport au front, grâce à l’efficacité du renseignement, à la collaboration des populations et surtout au professionnalisme des FDS, au moins 12 terroristes ont été envoyés ad patres ces derniers jours au centre-est et au centre-sud. Cette dynamique doit se poursuivre pour mettre hors d’état de nuire tous les terroristes et leurs suppôts qui rêvent de voir le pays sombrer dans le chaos et l’ingouvernabilité.
Au Burkina Faso, des liens intrinsèques sont en effet tissés entre les groupes terroristes et les réseaux du crime organisé qui collaborent pour faire prospérer leurs affaires. Ces réseaux se développent grâce à la complicité ou la participation d’acteurs locaux, qui tirent des bénéfices dans ces trafics illicites. Ces narcotrafiquants ont également des connexions avec les groupes terroristes, qui contrôlent totalement ou en partie certains axes transfrontaliers. Il y a donc une véritable imbrication d’enjeux, d’acteurs, de réseaux pour le contrôle des ressources locales et du narcotrafic dans des zones où l’Etat est faiblement représenté en termes d’administration et de forces de défense et de sécurité. Cette juxtaposition des intérêts rend plus complexe la recherche d’une stabilité durable, car plusieurs dynamiques cohabitent dans un même espace avec des intérêts interconnectés.
Les Burkinabè doivent tenir, œuvrer à se renforcer de l’intérieur et faire échec à tout projet de délitement des tissus sociaux. Avec la fin de l’année qui approche et au regard des revers qu’ils ont subi ces dernières semaines, les groupes terroristes seront enclins à opérer des représailles. Les FDS doivent donc rester en alerte maximale et procéder à un meilleur maillage sécuritaire du pays. Les fouilles doivent être systématiques et complètes aux postes de contrôle. Les populations doivent observer la plus grande prudence dans leurs faits et gestes. C’est à ce prix que le Burkina Faso demeurera fréquentable. Pour toujours.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou