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15 octobre 1987- 15 octobre 2019; voici déjà 32 ans que le père de la révolution a rejoint ses ailleux. Son souvenir reste cependant vivace pour la jeunesse burkinabé mais aussi pour la jeunesse africaine qui en fait de lui une figure emblématique. Né le 21 décembre 1949 à Yako (Nord de l’ex-Haute-Volta), Thomas Sankara a été formé militairement à Madagascar. En janvier 1983, suite à un coup d’Etat, il est nommé premier ministre. Mais le pays connaît une période d’instabilité et de nombreuses tensions qui minent l’armée. Arrêté en mai, Thomas Sankara resurgit en août à la suite d’un nouveau coup d’État mené par son frère et ami, le capitaine Blaise Compaoré.
Agé d’à peine 33 ans, il prend les rennes du pouvoir.
D’allure sportive, charismatique et le sourire facile, il bénéficie d’une indéniable popularité témoigne le Dr Jean-Hubert Bazié qui a eu à le côtoyer. Travailleur acharné, parfois autoritaire, Thomas Sankara n’apparaît qu’en treillis avec, à la ceinture, un pistolet à crosse de nacre offert par le dirigeant nord-coréen Kim Il-sung. Il avait a son actif, une femme et deux fils, une guitare et une Renault 5 d’occasion. Un véhicule qu’il impose comme voiture de fonction à tous les membres du gouvernement.
A peine au pouvoir, ses priorités sont entre autres d’assainir les finances publiques, d’améliorer la situation sanitaire avec de grandes campagnes de vaccination et la construction de dispensaires (par les habitants eux-mêmes), de faciliter l’accès à d’éducation, et de développer l’agriculture, la production et l’artisanat local.
Durant ces quatre années, il mène le pouvoir à marche forcée, et y compris en recourant à la répression de certains syndicats ou organisations politiques rivales, une politique d’émancipation nationale (qui passe par exemple par le changement du nom de Haute-Volta issu de la colonisation en un nom issu de la tradition africaine : Burkina Faso, qui est un mélange de mooré et de dioula et signifie Pays [ou Patrie] des hommes intègres), de développement du pays, de lutte contre la corruption ou encore de libération des femmes
Sous son règne, la population burkinabée est surveillée par les « comités de défense de la révolution » (CDR) et sanctionnée par les « tribunaux populaires de la révolution » (TPR). Thomas Sankara achève une grève d’instituteurs par des licenciements et l’opposition syndicale est réprimée par des arrestations.
L’anti-impérialiste, le révolutionnaire, le socialiste, le panafricaniste et le tiers-mondiste voltaïque, puis le burkinabè, chef de l’État de la République de Haute-Volta rebaptisée Burkina Faso, de 1983 à 1987 sur la scène internationale, ses relations avec les autres pays sont parfois complexes.
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Mireille Bailly