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« Quitter, est-ce trahir ? » s’interroge Nadia Zargouni, 16 ans, qui a remporté, en partant du thème de l’expatriation, le concours d’éloquence – ouvert aux lycéens – organisé par l’Institut des hautes études commerciales (HEC) de Carthage, en avril.
Nadia, qui projette de faire ses études à l’étranger, sait combien le sujet du départ des compétences préoccupe la société tunisienne. « On a tous dans notre entourage des jeunes qui sont partis pour faire carrière. Certains optent même pour des écoles et des filières tunisiennes qui débouchent sur des recrutements à l’étranger », explique Aymen, étudiant en informatique.
« Fuite des cerveaux »
Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de novembre 2017, 95 000 Tunisiens ont choisi, depuis la chute du régime de Ben Ali, en 2011, de faire leur vie ailleurs, dont 84 % en Europe.
Il s’agit principalement de diplômés de haut niveau tentés par des perspectives d’avenir plus prometteuses que celles que leur propose la Tunisie. La tendance est mondiale, et le phénomène naturel pour un pays en crise et en mutation, estime le gouvernement, qui rappelle que la Tunisie a connu d’autres vagues de départs, notamment lors de la crise économique de 1986.
À l’expression « fuite des cerveaux », Slim Khalbouss, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, préfère celle de « mobilité des compétences » et se demande comment juguler ce phénomène « face à l’attractivité des marchés de l’emploi internationaux ».
Après les ingénieurs, notamment en informatique, et les enseignants-chercheurs, les médecins constituent le plus gros des contingents de ces nouveaux migrants. Et Nezih Zghal, secrétaire général de l’Ordre national des médecins, de tirer la sonnette d’alarme sur l’exode des praticiens.