Turquie : internautes sous surveillance

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan entame en ce début juillet un second mandat doté de pouvoirs renforcés. Les réseaux sociaux sont de plus en plus surveillés, et les opposants qui s’y expriment sont de plus en plus menacés.
En Turquie, un tweet peut conduire en prison. Et pour cause, de plus en plus d’internautes sont inquiétés à cause de leurs écrits en ligne. Et tout cela est très bien documenté par le ministère turc de l’Intérieur, qui publie chaque mois le nombre d’enquêtes ouvertes contre des utilisateurs de réseaux sociaux. Plus qu’un souci de transparence, c’est une façon d’intimider ceux qui seraient tentés de s’exprimer un peu trop librement sur Facebook, Twitter et ailleurs.
En juin, près de 1 500 internautes ont été inquiétés à cause de leurs partages en ligne. C’est un peu moins qu’en mai, où ils étaient plus de 1600, mais la tendance sur les derniers mois va dans le sens d’un contrôle et d’une répression accrus des réseaux sociaux.
C’est souvent à la suite d’une dénonciation qu’une procédure est lancée. La plupart du temps, les personnes inquiétées risquent la prison, car les charges portées contre elles sont très lourdes : cela va de « propagande pour une organisation illégale », un grand classique, à « insulte au président », en passant par « incitation à la haine » ou même « atteinte à l’intégrité de l’Etat ».
Personne le monde est susceptible d’être appréhendé, du quidam aux 100 abonnés sur Instagram au journaliste célèbre et ses milliers de followers sur Twitter. Les élus de l’opposition où même les étrangers n’échappent pas non à la répression. La semaine dernière, par exemple, deux citoyens britanniques ont été interpellés dans un aéroport du sud du pays. Les policiers auraient trouvé leur comportement suspect et, contrôlant leurs réseaux sociaux, seraient tombés sur des messages soutenant les séparatistes kurdes du PKK. Ils ont été incarcérés pour propagande terroriste.
Sezgin Tanrikulu, élu du principal parti d’opposition, doit lui aussi rendre des comptes devant la justice pour une photo présentée comme une preuve de torture lors d’une opération de police, publiée avec ce commentaire : « Cette photo ne sera jamais oubliée ». Il est également poursuivi pour « propagande terroriste ». Même sort pour Sebla Küçük, une jeune traductrice qui sera jugée en novembre pour avoir partagé sur son compte Twitter des traductions de dépêches de l’agence de presse Reuters au moment de l’offensive turque contre l’enclave kurde syrienne d’Afrin. Elle risque sept ans et demi de prison.

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