Vivre ensemble: bâtissons tous un nouveau départ

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credit photo : Sambo_ Sidibé Yves Samson. Barani ( Burkina Faso ) FECHIBA février 2010.

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Crédit photo : Sambo Sidibé Yves Samson. Barani (Burkina Faso) FECHIBA février 2010

De nos jours, et partout au Burkina et environnants, par méconnaissance de ses valeurs, us et coutumes paisibles, les Peuls souffrent d’une mauvaise réputation collée à eux, à l’instar du monde musulman indexé gratuitement par les commanditaires du 11 septembre 2001 parce que quelqu’un – un ennemi sans nom – cherche bêtement à les briser. Vu l’ampleur des dégâts, dans la psychologie de la société, de plus en plus étendus avec l’avènement de Facebook, de WhatsApp, de Twitter marqué par une ère de dégradation des valeurs, de théâtre de violences sans précédent, de haines farouches entre citoyens semblables et de destructions morales s’accentue.

Vu la négation actuelle et l’utilisation accrue des désinformations sur ce peuple qui pourraient mener à plus de désastres, je crois qu’il n’est jamais trop tard pour commencer la sensibilisation quant à l’importance d’ébranler les stéréotypes les mieux ancrés, de déconstruire les idées reçues afin de créer un impact positif dans la collectivité par le dialogue des cultures. Car nos pensées, nos émotions, nos préjugés et les croyances transmises par le biais de notre subconscient parlent bien plus fort que nos mots et nos actes.

De coutume, il est dit « quand les dieux cherchent à détruire quelqu’un, ils commencent par le faire enrager ». Pourquoi sommes-nous enragés aujourd’hui contre nos semblables, nos propres concitoyens avec qui nous avions toujours vécu jusqu’ici en bonne intelligence dans notre commun vouloir de vivre-ensemble en commun dans une même Etat-Nation ? Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui se passe ? Il se passe que « depuis toujours les hommes torturent, tuent et détruisent leurs semblables. Quand ils ne peuvent le faire dans leur propre race, ils se tournent vers celles qu’ils qualifient d' »inférieurs ». Et quand ils ne peuvent se défouler dans des guerres à l’extérieur, ils le font dans des guerres civiles ».

A ce stade, il convient de rappeler que nous sommes arrivés à un point où il faut une remise en cause, une déconstruction totale de la notion d’affiliation tribale et d’identité ethnique. Terme que les Anglo-saxons utilisait comme « tribe ». Au même moment, l’autre peuple d’une seule nation, les français depuis l’ouvrage intitulé « les sélections sociales  » publié en 1896 par Vacher de Lapouge qui leur proposa à l’époque le terme « ethnie » pour classer les populations particulièrement africaines qu’ils soumettaient dans leur entreprise de colonisation.

Cette terminologie depuis cette date a fait fortune avec les africanistes, les faussaires de la vérité historique et leurs disciples, bien des scientifiques, écrivains et journalistes d’aujourd’hui, qui sont parvenus à fixer les africains à l’appartenance forcée à un groupe ou sous-groupe bien défini selon nos caractéristiques physiques, notre nom, notre langue, nos liens de sang, nos sentiments de solidarité envers les nôtres, etc. avec des sociétés tribales aujourd’hui bien fermées sur elles-mêmes et qui ne veulent pas le pouvoir politique tombe dans les mains du cousin de l’autre ethnie d’à coté.

L’origine de certains peuples africains

 

credit photo : Sambo_ Sidibé Yves Samson. Barani ( Burkina Faso ) FECHIBA février 2010.

Selon http://www.rfi.fr/emission/20110307-langue-peul-poular-fulfulde ce sont les colons qui écrivaient Peul avec H (Peulh).Une faute d’orthographe qui perdure de nos jours encore accompagnant la plupart des écrits. La bonne correction serait Peul tout court sans h. À cet égard, ce sont les walaf (wolofs) du pays de la teranga qui appelaient les Fulɓe des Peuls pour la première fois. Depuis, ce nom leur est collé derrière le t- shirt à jamais. Les Fulɓe (Peuls) eux-mêmes entre eux, se font simplement appeler Fulɓe. De ce point de vue, au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie, on aime beaucoup les appeler Haal-pulaar. Or, la langue de ce peuple de plus de 70 millions de locuteurs est officiellement dénommée Fulfulde par l’Académie africaine des langues et dans plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest et du Centre sauf dans 4 à 5 pays qui eux préfèrent dire Pulaar.

En dépit du fait qu’ils habitent au Nord, au Centre, à l’Est, à l’Ouest, presque partout dans nos pays, si nous remarquons bien, la plupart des Fulɓe s’ouvrent toujours à la compréhension des langues de leurs voisins immédiats. Ils sont polyglottes mais leurs voisins d’aujourd’hui (et non ceux d’hier) ne parlent pas du tout Fulfulde, à l’exception du Cameroun.

Le concept ethnie: source de division

Selon Anaïs Leblon « le mot « ethnie » dérive de l’ancien grec « ethnos » et désigne l’ensemble des peuples qui n’étaient pas organisés en cité (polis). Au Moyen-Âge, ce terme sera repris dans des textes religieux pour renvoyer aux « gentils ». Le terme latin « ethnicus » désigne les païens par rapport aux chrétiens. Son usage en français est relativement récent puisqu’il faut attendre la fin du 18ème siècle pour le voir entrer dans le lexique savant. Tout au long du 19ème siècle de nombreux mots formés sur le radical ethnos apparaissent : « ethnologie » conçue comme la science des peuples, « ethnographie » ou encore l’adjectif « ethnique ». Le terme « ethnie » n’est utilisé qu’en référence à une problématique raciale. Gobineau dans Essai sur l’inégalité des races humaines utilise le terme ethnique pour signifier la dégénérescence et le mélange des races. En 1896, Vacher de Lapouge proposera à nouveau le terme « ethnie ». Il distingue: la race, ensemble d’êtres humains réunis par des caractéristiques physiques communes; la nation, entité politique et socio-historique ; l’ethnie, groupe défini par une langue et une culture commune. Le terme « race » passe du côté des sciences naturelles. Celui de « nation », qui jusqu’au 18ème siècle était employé pour désigner des gens caractérisés par une origine commune, évolue à la fin du 19ème siècle pour désigner une formation politique construite historiquement en Occident : l’État-nation« .

Au Burkina, plus ou moins qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest, il faut accepter le fait que la société est ethnicisée, segmentée. Mais l’on s’en rend compte difficilement lorsqu’on appartient à ce qu’on appelle communément « l’ethnie majoritaire ». Dans ce type de situation, pour démasquer le plus facilement du monde, ceux qui ont l’esprit raciste, ethniciste, qui voit l’autre très différent de soi, c’est qu’ils éprouvent beaucoup de mal à désigner, à nommer de son vrai prénom et nom la personne en face d’eux issue de la culture peule.

Que faire?

C’est à se demander s’il ne faut pas faire passer désormais à l’assemblée une loi qui criminalise les délits de faciès par rapport au contexte nouveau, depuis les malheureux événements de Yirgou survenus il y a 100 jours aujourd’hui, mercredi 10 avril 2014 et la Justice est toujours attendue face à ce dossier. Ceux qui s’accrochent encore à l’ancien monde te diront, mais ce n’est que de la parenté à plaisanterie, que ça facilite les rapports sociaux et que ça débloque les situations avant qu’elles ne dégénèrent en conflit. Oui, mais Comme on dit :  » quittez dans ça ! » Disons plutôt, que c’est de la tartuferie. On n’a pas besoin de ça. C’est justement ce type de mindset qui mine le pays, qui fait qu’on souffre de conflits perpétuels, de tensions intercommunautaires et d’hostilités sans fin. C’est dans la tête et dans le cœur que ça se passe depuis très fort longtemps. La crise est très profonde.

À l’heure de cette grande agitation que traverse le pays, il faut un changement total de paradigme pour vivre en unité, vivre une nouvelle vie ensemble. Alors, n’est-il pas l’heure de changer de mentalité, d’attitude vis-à-vis de l’autre différent de soi, si nous voulons vivre un havre de paix dans ce beau pays ? Et il n’est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ, de changer de cap ensemble pour de nouveaux défis dans les luttes de la vie. Bâtissons tous un nouveau départ !

Dian Diallo

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