FasoPic : Daouda Simboro dites-nous comment se porte le groupe parlementaire UPC renouveau démocratique ?
Daouda Simboro : Vous avez tous suivi l’actualité qui a débuté le 4 octobre 2017 par la déclaration de la création du groupe parlementaire UPC renouveau démocratique qui faisait suite à ma démission du groupe parlementaire UPC. On nous avait fait comprendre que le groupe ne serait pas constitué à l’époque. Aujourd’hui tout le monde voit que nous avons été conformes aux dispositions légales et à la résolution de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso. Toutes les étapes ont été franchies avec succès par le groupe UPC RD. Le président de l’Assemblée Nationale dont la position était fortement attendue a pris acte de la création du groupe parlementaire et la mise en disposition des bureaux et des logistiques qui avait fait penser à certaines personnes à un moment donné que le groupe ne prendrait pas corps a été effective. Pour ce qui concerne le travail parlementaire proprement dit nous avons continué comme à l’accoutumée d’animer le travail parlementaire. Nous avons été toujours présents lors de vote des lois, nous avons pris nos positions en toute âme et conscience. Etant donné que les députés du groupe ont demandé une certaine autonomie de décision en matière de prise de position ; entant que président du groupe, je m’en suis souvenu et je leur ai demandé à l’occasion des votes de loi, de prendre leur responsabilité en toute liberté en toute âme et conscience en regardant ce qui est planifié pour être exécuté dans leur localité d’origine dans leur circonscription électorale pour voter les lois. J’ai eu le plaisir de constater que les députés du groupe parlementaire UPC RD dont je suis le premier responsable ont tous voté pour la loi des finances de l’année 2018pour accompagner le gouvernement dans les efforts qu’il s’est assigné. Nous avons dit que 2018 est une année intermédiaire. Il est nécessaire pour nous qu’à la troisième année du mandat du président démocratiquement élu, qu’on puisse lui permettre de poser les jalons de la relance de l‘économie. Il faut qu’on lui permette de disposer d’un contexte favorable. Si on n’est pas de mauvaise foi, on doit reconnaitre que le gouvernement a eu de la peine pour démarrer avec les attaques terroristes déjà au lendemain de la mise en place du premier gouvernement Paul KabaThiéba. Cela s’est suivi tout au long de l’année 2016 comme 2018. Dans ce contexte d’insécurité il est évident qu’il sera difficile à ce gouvernement d’avoir des performances hors commun dont avait besoin le Burkina Post-insurrectionnel. C’est la politique et certains pensent que c’est l’heure de tirer leur marron du feu, et ils profitent pour attiser le feu en fermant les yeux sur les bonnes réalisations du gouvernement pour ne tirer à boulets rouge que sur les insuffisances. Vous reconnaissez avec moi, que toute œuvre humaine à des insuffisances et le contexte post-insurrectionnel de même que celui de l’insécurité n’étaient pas favorable au déploiement de la politique gouvernementale et celle du président élu. Nous, nous avons conscience de ce fait, et nous avons pensé qu’il faut donner un coup de main au gouvernement pour lui permettre d’avancer.
L’autre point que j’aimerais souligner est le renouvellement des instances de l’Assemblée Nationale. Il faut rappeler que des voies se sont levées pour demander au président de n’accorder aucun poste à notre groupe. La réalité a été toute autre, nous sommes en démocratie, nous sommes allés en négociation et un consensus a été trouvé. Au sortir donc du renouvellement en question, vous avez pu noter que l’UPC RD a eu quatre postes clé. Si je résume ces résultats, je peux affirmer avec fierté que l’UPC RD se porte à merveille et est très ambitieux pour relever de grands défis pour le bien du peuple burkinabè.
Vous l’avez dit, les membres du groupe UPC RD ont tous voté pour la loi des finances de l’année 2018, et en vous entendant parler, vous défendez le régime actuel. Ne pensez-vous pas que vous confirmez les dires selon lesquels votre groupe parlementaire a été créé pour accompagner la majorité ?
Pas du tout ! Je ne pense pas qu’il faut faire ce rapprochement. Voter pour le budget ne signifie pas adhérer à la majorité. Ce sont deux choses différentes. La preuve est qu’étant dans l’ancien groupe parlementaireUPC qui comptait 33 députés, il y a eu des votes où on a tous voté à l’unanimité. Il y a eu des lois où nous nous sommes opposés, et d’autres où nous avons voté pour, quand le reste de l’opposition a voté contre ou s’est abstenu. Au regard de ce fait, je pense que le vote ponctuel ne peut pas illustrer la position ou l’appartenance à la majorité ou à l’opposition. Si vous rentrez dans cette logique ce serait dangereux pour toutes les lois qui se présenteraient. C’est en quelque sorte demandé à l’opposition de faire une opposition systématique, les yeux fermés, une opposition aveugle ; et c’est ce qu’à l’UPC RD, nous avons refusé. Nous avons dit qu’il y a des lois qui sont proposées par la majorité et qui concerne les populations où l’opposition a des députés. Les Burkinabè ne sont pas divisés en majorité et en opposition au moment de bénéficier des réalisations du gouvernement. Quand les réalisations sont vraiment pertinentes et prennent en charge les aspirations des populations je ne pourrai pas demander à mes collègues parce qu’on est de l’opposition de s’y opposer. Si on doit retourner devant nos électeurs pour leur dire que le gouvernement a fait des propositions qui vous arrangeaient mais étant donné que nous sommes de l’opposition, nous nous sommes opposés en votant contre ; imaginez la suite. Vous vous rendez compte que l’on ne peut pas procéder ainsi. C’est ce qui est en train de se faire et nous, nous avons dit non. Nous avons dit que nous prendrons nos positions lorsque cela va dans le sens de l’intérêt des populations. Ce que les gens oublient lorsqu’ils font ces genres de réflexion, c’est de dire que le parti politique UPC a elle-même charmé beaucoup de gens ; parce que dans son teste fondateur, il y a cette disposition que les Burkinabè ont aimé. Le manifeste de l’UPC a en effet trois points cardinaux qui se résument comme suit : corriger ce qui est mal fait ; proposer ce qui n’est pas fait ; et accompagner ce qui est bien fait. Si dans le texte fondateur il est prévu d’améliorer ce qui est mal fait, pourquoi on ne pourrait pas à certains moments voter pour une loi que nous pensons prend en compte les aspirations des Burkinabès ? Normalement l’UPC doit être cette opposition républicaine qui doit se démarquer de cette opposition classique. Je le dis clairement, notre place naturelle n’est pas dans cette opposition là où nous sommes assis avec des partis qui ont subi notre furie lorsque nous avons voulu arrêter la perpétuation d’un régime qui a fait 27 ans au pouvoir. Notre place naturelle est aux côtés de ceux qui gouvernent aujourd’hui même si nous n’avons pas eu le pouvoir.
Votre place n’est pas à l’opposition et vous l’assumez. Selon les dires, sous la Transition un pacte a été signé entre des partis politiques qui devraient former une majorité après les élections et gouverner ensemble dont faisait partie l’UPC. Qu’en est-il exactement ?
Sur ce sujet il y a une position qui peut être vérifiée à double niveau. Le premier niveau concerne les acteurs au moment où la convention a été signée même si elle était verbale. Il faut leur poser la question, ils existent aujourd’hui et ils vous le confirmeront. Ils ne sont nul autres que le président Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré. Ils sont là et si ce que j’avance n’est pas vrai, ils le diront. C’est le pacte qui avait été en effet scellé. Il était clair que c’est l’un des deux qui sortirait vainqueur des élections de novembre 2015. Ils se sont entendus effectivement que celui qui gagne se rend disponible pour gouverner avec le perdant. Je vous rappelle que ce n’est pas au Burkina seulement qu’ils en ont parlé, mais aussi dans des pays de la sous-région, de même qu’en Europe. Posez-vous la question de savoir pourquoi ils ne sont pas ensembles aujourd’hui ? S’agit-il d’une volonté de l’ensemble des deux partis ? Je peux vous assurer que c’est la volonté d’un seul individu qui a fait échouer le respect de ce pacte. Ce n’est pas normal de sacrifier ainsi des possibilités qui étaient offertes à des millions de Burkinabè pour les intérêts d’un seul individu. Je ne suis pas d’accord. Je pense qu’il y a un minimum de considération et elle aurait voulu que les gens soient consultés. Nous avons tenu un simulacre de réunion de bureau politique national pour dire que le peuple nous a choisis de rester à l’opposition et nous y restons. Me Bénéwendé Sankara tout comme Laurent Bado n’ont pas gagné les élections avec leur parti, le peuple ne leur a pas donné le pouvoir, mais ils ne sont pas restés à l’opposition. Si vous vous rappelez de la campagne du PAREN à Gaoua où les responsables de ce parti ont sorti des mots, des termes, des expressions les plus virulentes contre le CDP et le MPP ; aujourd’hui le PAREN est où ? Il est assis à côté du MPP en train de travailler pour le peuple. Est-ce que vous voyez un problème en cela ? Il n’y a aucun problème. Nous UPC qui étions modérés, qui étions républicains, nous avons choisi de nous asseoir de l’autre côté. Posez-vous la question de savoir pourquoi. C’est juste pour être chef de fil l’opposition, être visible et avoir un budget à gérer. C’est malheureux. Je reste convaincu que nous sachions ce que nous voulons et là où nous devrions être. Nous pensons qu’il n’est pas tard qu’on revienne à cette convention où les insurgés décident d’être ensemble ; et que ceux qui ne sont pas des insurgés puissent rester ensemble aussi.
Selon les rumeurs avant la prise de décision de Zéphirin Diabré de rester à l’opposition, il y a eu une discussion interne. Entant qu’un leader de l’UPC, lui avez-vous fait part de votre volonté de rejoindre la majorité ?
Le président connait ma position et même après qu’on soit resté à l’opposition, je suis allé le voir plus d’une fois, pour lui dire qu’il faut qu’on renoue avec la majorité. Il connait très bien ma position et je ne l’ai jamais cachée. Aujourd’hui je peux vous le confirmer ma position a été et est toujours d’aller au gouvernement et travailler pour le peuple car le gouvernement en question est le fruit d’un travail collectif. Je le dis et je l’assume. Maintenant les gens peuvent l’interpréter comme ils l’entendent.
Les rumeurs font état de dissensions au sein du groupe UPC RD. Quel est le problème ?
Je ne suis pas au courant, et cela m’intéresse de le savoir car nous ne sommes qu’au nombre de 13. Aujourd’hui je suis la deuxième ou troisième personne plus jeune dans le groupe. Tous ceux qui sont avec moi sont plus âgés que moi et aucun d’entre eux n’a été forcé de venir à l’UPC RD. Tous sont venus volontairement parce que tous savaient exactement ce qu’ils voulaient, là où ils voulaient aller et là où ils se sentiraient. Les greffes que nous portons, on peut fermer les yeux là-dessus, cela va rattraper l’ensemble du parti. Pour l’instant je n’ai pas vent de dissension au sein du groupe ; la cohésion est plutôt plus forte. Rappelez-vous de notre sortie dans les Cascades, ce ne sont pas des gens qui ne s’entendent pas qui y sont allés se soutenir. Je peux vous confiez qu’aujourd’hui beaucoup de camarades dans l’ancien groupe sont mécontents et s’apprêtent à nous rejoindre. Attendez de voir, dans les prochains jours notre nombre va augmenter. Nous sommes 13 aujourd’hui, mais dans les jours à venir nous compterons plus que cela.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président de l’UPC Zéphirin Diabré ?
Il faut dire qu’on avait amorcé le dialogue entre temps, mais il est fait dans un contexte où il n’y avait pas de respect mutuel. C’était comme si on dialoguait de dominant à dominés ; alors que nous sommes rentrés dans une logique où chacun devrait arrondir ses angles afin qu’un terrain d’entente soit trouvé. Quand cela s’est produit, nous avons dit simplement que c’est bon, on arrête et on regarde concrètement et quand chacun va réaliser la pleine portée de ses possibilités, on va envisager l’avenir. Dans tous les cas, je pense que Zéphirin Diabré est un brillant homme, un homme intelligent qui est doté d’une très grande capacité de résilience ; et nous également nous ne sommes pas moins résilients. Tôt ou tard donc, il va falloir qu’on s’asseye pour parler. Je vous rappelle que nous n’avons pas quitté l’UPC et nous ne le quitterons pas, sauf si le président du parti en décidait autrement ; et en ce moment nous prendrions tranquillement nos responsabilités tout comme nous les avons prises en créant le groupe parlementaire UPC RD. Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Estes-vous toujours conviés aux réunions du parti ?
Il y a une réunion qui avait été tenue et au cours de laquelle, notre exclusion de toutes les instances du parti a été demandée sans parler de notre exclusion du parti même ; ce qui a été acté. Je pense qu’il s’agit là d’une décision malheureuse et maladroite qui a pour objectif de dire qu’ils se sont mis à l’écart des activités du parti. Moi j’ai fait le droit et je sais ce que la notion de démission de fait revêt ; et c’est ce qu’ils sont en train de chercher et ils ne l’auront pas. L’intelligence qu’ils ont, je pense que s’ils nous regardent bien avec froideur et recule, ils se rendront compte que nous ne sommes pas moins intelligents. On sait où ils veulent en venir à travers ce petit jeu. Nous participerons aux instances en temps opportun et tant qu’il y aura une certaine hostilité, tant qu’il y a une incitation à la violence qui continuera, tant que les injures continueront sur les réseaux sociaux et à chaque fois qu’ils auront l’occasion dans les presses, il n’y a pas de raison d’aller s’assoir avec une allure bon enfant que nous venons participer à une réunion.
On murmure que vous avez des ambitions politiques pour 2020
Ce n’est pas pour 2020. Je suis un citoyen burkinabè, je suis éligible, mon âge me le permet, je remplis toutes les conditions pour prétendre à la présidence du Burkina Faso. C’est une autre chose et si les gens m’investissent et me font confiance, je ne vais pas refuser. Les gens pensent qu’en me posant cette question je répondrai non, je ne veux pas être président du Burkina ou je ne veux pas être ministre. Je suis Burkinabè, je m’assume et j’aime ce pays. Je travaille pour ce pays et pour des populations. Si d’aventure celui qui préside aujourd’hui à la destinée de ce pays me fait appel de venir l’accompagner, j’irai l’accompagner. Si en 2020 je pense que je peux faire quelque chose pour ce peuple, si je pense que j’ai un projet de société que je peux proposer à ce peuple, je regarderai, je mesurerai les possibilités et je prendrai la décision en conséquence ; car on ne se lève pas pour devenir président du jour au lendemain. Pour l’instant, je puis vous garantir que pour 2020, je n’ai aucune ambition présidentielle. Au-delà, l’avenir nous le dira.
Thierry KABORE (Collaborateur)
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