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Le chef de l’opposition au Zimbabwe et candidat malheureux à la présidentielle Nelson Chamisa a rejeté vendredi la victoire du chef de l’Etat sortant Emmerson Mnangagwa, jugeant « faux » les résultats officiels de cette élection, la première depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre.
Selon des résultats annoncés dans la nuit de jeudi à vendredi par la commission électorale (ZEC), Emmerson Mnangagwa a remporté de justesse au premier tour l’élection présidentielle avec 50,8% des voix, devant Nelson Chamisa qui en a recueillies 44,3% dans un climat tendu. Mercredi, lors de la répression d’une manifestation d’opposants, au moins six personnes avaient été tuées.
Nelson Chamisa, qui n’a cessé pendant la campagne d’accuser la ZEC de partialité, a sans surprise dénoncé les résultats.
« Le scandale de la ZEC qui a publié de faux résultats non vérifiés est regrettable », a-t-il écrit sur Twitter, accusant la commission d’avoir refusé à son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), l’accès aux résultats avant leur annonce officielle.
« La ZEC doit publier des résultats corrects validés par les parties », a-t-il dit.
« Le degré d’opacité, le manque de vérité, la décomposition morale et l’absence de valeurs sont confondants », a-t-il encore ajouté.
Le leader de l’opposition zimbabwéenne, Nelson Chamisa, le 2 août 2018 à ,Un porte-parole du MDC a déclaré vendredi matin que son parti allait saisir les tribunaux sur cette question.
Peu après l’annonce de son élection, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, avait salué « un nouveau départ », appelant à l’unité pour « construire » un nouveau Zimbabwe pour tous ».
« Même si nous avons été divisés pendant les élections, nous sommes unis dans nos rêves », avait ajouté l’ancien bras droit de Robert Mugabe.
Celui qui est surnommé « le crocodile » a confirmé dans les urnes son emprise sur le pays après son accès au pouvoir en novembre à la suite d’un coup de force de l’armée, qui avait contraint Robert Mugabe à la démission après trente-sept ans au pouvoir.
Vendredi, les habitants de la capitale se sont rendus à leur travail, la circulation était de nouveau dense et les magasins ouverts, contrastant avec la veille où le centre ville avait été déserté en milieu d’après-midi sous la pression de militaires qui patrouillaient à pied.
Des policiers anti-émeute protègent les locaux de la commission électorale à Harare, le 1er août 2018.
La nuit a été calme, sans célébration – à la rare exception de petits groupes de supporters d’Emmerson Mnangagwa qui dansaient – ni manifestations.
Un camion de l’armée et un canon à eau étaient toujours stationnés vendredi matin devant le siège du MDC. Mercredi, le gouvernement avait prévenu qu’il ne « tolérerait » aucune contestation.
– ‘Nouveau Zimbabwe’ –
« C’est un nouveau Zimbabwe, nous sommes heureux », a réagi un informaticien, Tendai Mugadi, 32 ans. « Ca ne nous inquiète pas » qu’Emmerson Mnangagwa l’ait emporté avec une faible majorité, « cela montre simplement que c’était des élections libres et justes », a-t-il ajouté.
La victoire du président sortant « signifie qu’on va continuer à souffrir », a estimé pour sa part un garde de sécurité, Emion Chitsate. « On espérait avoir un nouveau dirigeant et un nouveau gouvernement avec des nouvelles idées. Au final, l’avenir sera peut-être plus sombre que du temps de Mugabe », a-t-il prédit.
Depuis son indépendance en 1980, le Zimbabwe n’a connu que deux présidents, tous les deux issus de la Zanu-PF: Robert Mugabe, qui a dirigé d’une main de fer le pays pendant trente-sept ans, et Emmerson Mnangagwa, âgé de 75 ans, arrivé au pouvoir après un coup de force de l’armée.
Nelson Chamisa avait tablé sur son jeune âge, 40 ans, et la volonté de changement d’une partie des Zimbabwéens, en quête de sang-neuf, pour s’imposer à la présidentielle.
Le président Mnangagwa, soucieux de se démarquer de son prédécesseur, avait promis des élections libres, pacifiques et transparentes, dans l’espoir d’attirer de nouveaux les investisseurs occidentaux dans son pays au bord de la faillite.
Les Zimbabwéens s’étaient déplacés lundi dans le calme et en masse pour ces élections générales historiques qui devaient marquer un tournant dans l’histoire du pays, où les élections ont été régulièrement entachées de fraude et de violence.
L’Union européenne s’est inquiétée mercredi de « l’inégalité des chances » entre les candidats, des « intimidations d’électeurs et du manque de confiance dans le processus électoral » qui ont « miné l’environnement pré-électoral ».
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