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Autorisé seulement si la vie d’une femme est en danger ou si l‘évolution du fœtus est mise à mal, l’avortement est formellement interdit au Zimbabwe. Ce qui pousse des adolescents à pratiquer des avortements clandestins qui ne sont pas sans dangers. Les parlementaires en appellent à des réformes.
Il a fallu à Irene Ndlovu (identité d’emprunt) remuer ciel et terre pour évacuer la grossesse de sa fille de 15 ans l’année dernière. Au péril de rompre avec les études, car la loi interdit aux filles enceintes de poursuivre leur scolarité.
“C‘était l’unique option réaliste à l‘époque”, se souvient Ndlovu, qui a refusé de donner son vrai nom à la Thomson Reuters Foundation. “Est-ce que je le regrette maintenant ? Je ne sais pas”.
Au Zimbabwe, une nation largement chrétienne, plus de 70 000 femmes recourent chaque année à l’avortement. Et très souvent, l’issue a toujours été fatale, en raison de la mort qui se produit du fait des hémorragies, infections ou autres dégâts, selon un agent de « Marie Stopes International », une ONG internationale de promotion de la santé sexuelle et de la reproduction.
Selon les Nations-Unies, le taux de mortalité maternelle du Zimbabwe de 443 décès pour 100 000 naissances est le triple de celui de l’Afrique du Sud voisine, où l’avortement est légal.
“L’avortement reste élevé sur les causes de la mortalité maternelle qui cause environ 16 % de décès”, explique Bernard Madzima, responsable de la santé familiale au ministère de la Santé, dans un document parvenu par courrier électronique à Reuters Foundation.
Les adolescentes représentent près d’un tiers des décès maternels liés à l’avortement au Zimbabwe, poursuit-il dit, ajoutant que le gouvernement a récemment achevé un rapport sur la prévalence de l’avortement “qui nous donnera des informations sur la marche à suivre”.
Le recours à l’avortement est alimenté par la déchéance des valeurs culturelles traditionnelles à mesure que les gens migrent vers les villes et les villes et le besoin accru de limiter la taille de la famille, selon les Nations-Unies.
La classe politique s’en mêle
Une situation qui commence à interpeller la classe politique zimbabwéenne, à l’image de la députée Priscilla Misihairabwi-Mushonga. Elle qui, à la tête du comité parlementaire sur les femmes et les jeunes, a déjà parcouru le pays pour recueillir les témoignages sur l’avortement. “Nous avons eu beaucoup de conversations avec ces adolescents et la plupart d’entre eux ne sont pas prêts à être des mères”, dit-elle. “Mais il n’y a pas d’option, alors ils finissent par se faire avorter illégalement et gâcher leur vie pour toujours”, poursuit la députée.
Bien que la loi permette l’avortement dans des cas tels que le viol, les formalités administratives compliquent la tâche des femmes et des filles dans les établissements publics, a déclaré Jessie Majome, une autre parlementaire favorable à une réforme juridique.
Si une grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, la loi exige qu’un magistrat certifie que le crime a été signalé à la police avant d’autoriser une femme à avorter. En réalité, la police doit enquêter sur l’affaire et la porter devant les tribunaux.
“Je suis préoccupée par la difficulté pratique qui rend souvent impossible l’accès à l’avortement pour des raisons juridiques, en particulier pour les victimes à faibles revenus”, déclare Majome. Dès lors, “une réforme complète de la loi sur l’interruption de grossesse est nécessaire afin de sauver des vies”.
Comme quoi, le débat sur la modification de la loi sur l’avortement au Zimbabwe ne fait que commencer.
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